Mala suerte (I)

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Un homme s'avançait dans les boulevards bondés de Manhattan. Son pas rapide et son allure assurée annonçaient clairement qu'il était un habitant de longue date de la ville. Les bâtiments entourant ses routes et trottoirs surpeuplés avaient cette faculté dérangeante d'occulter une bonne portion du ciel qui, aux alentours de dix heures ce jour là, était resplendissant. Il s'engouffra dans une ruelle enclavée entre deux buildings. D'ici, le ciel paraissait encore plus petit.

- Ça devrait être ici ...

Il marqua une pause en arrivant au niveau du poste électrique du quartier. Une lumière jaillit alors d'un renforcement dans la ruelle. Il était typique de ce genre de quais à l'arrière des bâtiments qui servaient en grande partie à la réception de marchandises. En avançant, l'homme se rendis compte que la lumière provenait des phares d'une voiture garée là, dans le renfoncement. De là où elle se trouvait, on ne pouvait même pas l'entre-apercevoir depuis le boulevard. Il s'agissait d'un SUV noir étant visiblement occupé de deux personnes. "Bon...j'imagine qu'on peut pas faire plus cliché" songea un instant l'homme en s'approchant de l'une des portières arrières. Les vitres teintés ne montraient rien d'autre que le reflets des yeux bleus de l'homme penché au-dessus. Un clic se fit entendre. Il ouvrit la portière et prit place sur le siège sans prendre la peine de correctement observé l'intérieur et, plus particulièrement, celui ou celle qui deviendrai son interlocuteur. Il replaça une de ces mèches ébènes, puis seulement se mis à regarder dans la direction de la femme qui se trouvait à côté de lui. Il remarqua tout de suite l'air légèrement incrédule qu'elle arborait et qui, selon lui, lui donnait un je-ne-sais-quoi de ravissant. Quand, après une demi-seconde, elle fût remise de sa légère surprise, elle se saisit d'un document qu'elle parcourra rapidement.

- Monsieur Starr... huh... dit "The Shadow"... dit-elle d'un ton incertain prouvant qu'elle était toujours affecté de sa surprise. Je ne vous imaginais pas comme ça.

- Pourtant c'est bien moi, rétorqua-il avec une désinvolture affligeante. Starr n'est évidemment qu'un pseudo, quand à l'autre titre, je n'ai jamais demandé à être nommé ainsi... ce n'est qu'une espèce de marque de distinction laissée par mes anciens employeurs. Même si c'est prétentieux au possible, ça aide pas mal pour trouver des jobs qui valent le coup et en négocier correctement les tenants et aboutissants. Mais je ne vous apprends rien, n'est-ce pas ? (il poursuivit sans la laisser répondre) Moi, en revanche, je me demande si cette mise en scène datée est vraiment nécessaire.

- Comme vous l'avez vous même dit, vous ne m'apprenez rien ! Ces rencontres et leur teneur ont tendance à attirer une attention désagréable sur mon travail et celui de mon boss. Aussi incroyable que cela puisse paraître, malgré l'omniprésence de ce genre de cliché au cinéma et autre, cela reste le moyen le plus rapide et discret de faire mon travail. Enfin, je ne vous apprend rien, n'est-ce pas ?

- Évidemment !

L'homme passa son regard sur la vitre qui séparait le conducteur de la plage arrière. Elle était teintée elle aussi et probablement insonorisée. En observant, il vit dans le reflet la tête de la jeune femme, ce qui coupa net son intérêt pour la vitre et ramena ces pensées dispersées sur ce pour quoi il était là.

- Trêve de questionnement sur le pourquoi du comment et de demi-joutes verbales, quel est le contrat ?

- Mon employeur, monsieur Florès, souhaite que vous retrouviez cette poterie inca. Monsieur estime qu'étant originaire du sud du Mexique, il devrait être logique que le destin de ce genre de patrimoine culturel revienne aux personnes concernées. D'après les renseignements recueillis auprès de diverses sources, la poterie à été découverte en 1954 sur un site de fouilles par un groupe d'archéologues. Selon les recherches restantes elle serait âgée de plus de trois mille ans, ce qui lui donne une valeur inestimable aussi bien mercantile que pour la recherche. Malheureusement le groupe a disparu et la poterie avec. Qui plus est, beaucoup de documents de l'époque ont été perdus ou sont passés en des mains inconnues. Tout ce qu'on a pu recueillir se trouve dans cette pochette.

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