"Interlude"

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L'espace était étiré et confiné, on pouvait à peine y placer deux corps l'un sur l'autre. La comparaison avec un cercueil sautait au yeux. Là se trouvaient deux hommes, allongés l'un après l'autre. Deux sacs leurs tenaient compagnie.

- Vous savez, quand vous parliez d'un vol pour Caracas, je m'attendais certes pas à de la première classe mais certainement pas non plus à devoir passer le vol dans un conduit qui part du train d'atterrissage ! lâcha l'un, visiblement contrarié.

- Le problème c'est que le vol n'est pas censé contenir de voyageurs donc c'est ça ou on partait pas. répondu l'autre qui se trouvait être plus handicapé par sa propre taille dans ces conduits.

- C'est chouette comme heures de vols dans la clandestinité. Disons que j'imaginais pouvoir dormir pour passer le temps.

- En fait, vous ne tenez simplement plus en place !

- Qui sait ?

- Eh bien, dites-vous qu'il ne s'agit que d'une petite interlude.

- Ça n'aide pas vraiment.

****

La route commençait à être accidentée. La Jeep oscillait au gré des trous et des bosses tout en les traversant sans grande peine. Deux hommes étaient assis là à regarder la route comme deux âmes errantes regardaient l'immensité du vide. Le plus grand conduisait.

- Vous auriez au moins pu prendre un autoradio dans cette voiture. râla le plus petit.

- J'ai modifié moi même cette voiture et j'ai du me séparer de certaines installations, dont la musique.

- C'est d'un ennuie de fait.

- En fait, vous ne pensez plus qu'à la suite des recherches !

- Je ne sais pas.

- Eh bien, comment dire, dites vous que c'est simplement une autre interlude.

- Ça n'aide toujours pas...

****

Cette fois, la route était vraiment chaotique. La jeep tanguait en traversant les fossés et les collines qui jonchaient la route. Les deux hommes étaient cependant toujours aussi perdus, le regard dans l'inconnu. Le grand conduisait toujours.

- Bon maintenant qu'on a fait le nécessaire à Valence l'action ne devrait plus tarder... soupira le plus petit.

- Notre ami commun est au courant, il nous reste que quelque heures de route avant la forêt donc si tout se passe bien, oui cela ne devrait plus tarder

.

- Quelques heures ?

- Eh bien... Oui. En fait, vous êtes vraiment impatient.

- Vous ne savez pas ?

- Allez ! Seulement quelques heures ce n'est pas la mer à boire. Dite vous qu'il ne s'agit qu'une dernière petite interlude.

- Encore une fois... Cela n'aide en rien !

****

Les feuilles et les branches pliaient sous le passage des deux hommes qui marchaient d'un pas déterminé. La forêt était dense, si dense que le seul témoignage de l'existence du soleil était quelques fins rayons de lumières dispersés sous la canopée. Le sol, jonché de racines, constituait un champ de mines dans lesquels s'étaient déjà pris maintes fois les pieds du plus grand des deux aventuriers. Les insectes et autres créatures indéterminées grouillaient par-ci par-là, rendant, pour ceux qui en avaient horreur, cet endroit un véritable enfer sur terre. Les deux hommes avançaient vite malgré la chaleur et l'humidité. Cependant, si rapide fussent-ils, ils avaient quand même déjà passé trop de temps dans cet endroit. Du moins, c'est ce que pensait le plus petit d'entre eux. Il accéléra le pas d'un seul coup.

- Pourriez-vous m'attendre ? lança le grand.

- Vous êtes lent !

- Non je suis simplement prudent, cette forêt est dangereuse.

- Je le sais bien, c'est bien pour cela que je veux en sortir le plus vite possible.

- Est-ce là la véritable raison ? Ou n'est-ce pas plutôt parce que vous ne pouvez plus vous tenir en place ?

Le plus petit homme se retourna vers celui qui l'accompagnait et pris un aire étrange, à moitié entre l'ironie et le sérieux.

- Seul dieu le sait.

- N'êtes vous pas athé ?

- Ce qui rend la chose d'autant plus drôle.

- Si vous pouviez prendre votre mal en patience, cela m'arrangerait surtout qu'au final il ne s'agit que d'une petite inter...

Le petit homme fit signe de s'arrêter. Il fit aussi signe de parler tout bas. Il pointa une direction avant de se cacher derrière un arbre.

- Vous entendez, je crois qu'on a de la compagnie. dit-il en chuchotant.

Dans la direction qu'il avait pointé, derrière l'arbre qui servait de cachette, des tentures et deux gardes armées jusqu'aux dents étaient là en faisant tâche avec l'environnement.

- Et si vous reparlez encore une seule fois d'interlude je vous jure que je vous coupe la langue ! poursuivit le petit homme, en hurlant tout bas.

Au-delà du mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant