Chapitre 7 Ange la Rebelle

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          — J'ai beau t'observer depuis tout à l'heure, je n'arrive pas à comprendre ce que ces fruits ont bien pu te faire.

Un grand elfe aux cheveux noirs regardait une petite fille rousse, manipuler un poignard avec vivacité.

           Elle portait une robe au bas déchiré vert pâle aux longues manches qui descendaient sur ses doigts. Un corset de couleur menthe à l'eau soulignait sa taille fine. De légers lacets se croisaient sur son ventre jusqu'à ses genoux.

— Je m'entraîne, répondit-elle en tranchant en deux une pomme, dont le jus se rependit sur le sol boisé.

— Puis-je te demander pour quelle raison ou vais-je me prendre un coup ? questionna-t-il en s'appuyant nonchalamment sur un arbre à l'écorce violacée.

Sa tunique épinard mettait en valeur son corps légèrement musclé et sa souplesse. Des lanières en cuir se croisaient sur son torse. Vêtu d'un pantalon de la même couleur, des bottes cuivrées montaient jusqu'à ses genoux. Une cape cannelle recouvrait ses épaules. À sa ceinture pendait une épée argentée et sur son dos, un carquois aux flèches faites de plumes cerises. Ses cheveux noirs, lumineux au soleil, étaient tressés devant et détachés derrière. Sa frange voilait une partie de son œil droit et une mèche rebelle rayée son visage.

— À me battre, pardi, rétorqua-t-elle.

Elle se retourna pour regarder l'elfe.

— Pourquoi ? Les femmes ne combattent pas. La guerre ne concerne pas les êtres faibles et encore moins les enfants, répondit l'homme avec de la moquerie dans la voix.

— Comment ? s'écria-t-elle en n'ayant pas relevé l'ironie.

Elle planta le poignard dans un tronc. Elle essaya de le retirer en y mettant toute sa force. Elle plaça ses pieds sur l'écorce et tira avec ses maigres bras sur l'arme. Mais malgré sa détermination, l'acier était rudement enfoncé dans le cœur de l'arbre, jusqu'au pommeau.

— Comment peux-tu dire cela ? s'enquît-elle, le visage rouge et le souffle saccadé sous l'effort vain qu'elle avait effectué, la lame restant, pour autant, dans le stipe.

— La guerre est un sujet horrible. Quand le sang et le feu de la bataille te prendront aux tripes, tu ne pourras que regarder la scène qui se déroule sous tes yeux. Tu auras juste le temps de lever ton épée et de te faire décapiter par la suite, déclara l'elfe sérieusement.

— Ça n'arrivera jamais avec moi !

— La guerre est épouvantable, l'avertit-il en se redressant. Le monde ne peut tenir sur ses jambes en assistant au carnage qu'elle laisse sur son passage.

Il arracha de l'arbre, avec une facilité déconcertante, le poignard. Il croisa ses bras sur sa poitrine en regardant l'enfant de haut en bas. Malgré sa maigreur, ses yeux verts étincelaient de détermination, ce qui le fit changer d'avis sur cette fillette. Sa petite main frêle placée au creux de sa taille intensifiait cette ardeur de démontrer ce qu'elle valait.

— Pourquoi t'entraîner seule alors que tu peux te tourner vers ceux qui savent l'art du combat ?

— Car personne ne veut m'aider, jeta-t-elle avec mépris. Voilà la raison. Tes belles paroles n'ont servi qu'à accentuer mon désir de participer aux guerres impérieuses de l'Entre-Monde.

— As-tu au moins demandé à l'un de nos soldats ?

— Pas besoin. Je connais déjà la réponse, répliqua-t-elle avec hargne. Ils ne formeront pas une enfant, de plus, une fille, et encore moins une elfe bâtarde, termina-t-elle dans un souffle à peine perceptible.

Entre-Monde - L'envolée des Ténèbres [En Correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant