Entre-Monde - L'envolée des Ténèbres [En Correction]

Chapitre 5 Le Miroir (1ère partie)

          Un homme aux cheveux noirs montait un sentier, dans les airs, aux bordures fleuries de bleu, d'orange, de vert et de rose. Le chemin serpentait dans les nuages et allait vers le soleil aux rayons opales. Des colombes aux belles plumes immaculées volaient au-dessus de lui.

           Sous la route se trouvait la mer au bruit réconfortant. On voyait les vagues se jeter sur les grains de sable de la plage dorée. Les écumes blanchissaient les dunes. Les fleurs descendaient en cascade dessous les escaliers. La cape brune de l'individu glissait sur les marches, par endroit, légèrement fissurées.

           Il portait une robe bleue ciel, et dessus, une veste neigeuse au contour ambré aussi longue que la tunique. Une ceinture en topaze et lapis-lazuli agrémentait cette tenue parsemée d'entrelacs des plus riches. Sur sa tête, une couronne déclarait son nom de seigneur. Elle était dorée avec deux rubis de chaque côté et un pic en forme de losange au centre.

            Arrivé en haut du sentier, des elfes à l'épiderme bleu et aux longs cheveux l'attendaient.

— Le Conseil d'Undĕwial vous a fait quérir parvenir dans sa chambre, Roi Quvhalion, déclarait l'un d'entre eux à la toison miel.

Ils possédaient un corps élancé et fort, à la peau saphir, avec de fines rayures ivoire. Ils portaient des tuniques brunes qui rappelaient la robe du chamois. Leurs bras nus et minces, mais très robustes étaient munis d'un trident ou d'un couteau à la lame émoussé. Leurs cheveux blonds, presque blanc cachaient discrètement leurs oreilles longues, finissant en pointe. Leurs mains étaient palmées. Une légère membrane rejoignait tous les doigts.

— Je sais très bien où c'est. Merci, répondit Quvhalion.

— Le Magicien de Lumière, Rudilis, nous a demandé de vous y conduire.

— Et nous obéissons aux ordres, ajouta une elfe menue, ombragé derrière ces confrères.

On se sentait mal en les regardant. Ils possédaient un sentiment de mal-être. Ses pupilles se rétractèrent.

— Puisqu'il en est décidé ainsi, soupira le Roi.

Le groupe emprunta une autre allée. Ils passèrent sur un pont d'herbe où, en dessous, seul un vide sans fond accueillait les yeux. Il se nommait le Pont de l'Infini.

— Ce n'est pas la route pour se rendre à la réunion du Conseil, apostropha Quvhalion.

Ils l'ignorèrent et continuèrent de marcher sur un sentier escarpé.

            À gauche, le Vide de l'Infini et à droite, un rocher au revêtement pointu bordait le chemin.

           Tout en haut de ce minéral, une statue en argile de femme ailée semblait régner sur ce lieu. Habillée d'une longue robe embrassant la terre, elle était agenouillée comme si un seigneur se trouvait devant elle. Ses cheveux étaient cachés sous un capuchon. Ses mains fines serraient de chaque côté la garde de l'épée, plantée dans la pierre. Son visage mince s'ouvrait sur une bouche légèrement souriante. Ses yeux fermés étaient dirigés juste au-dessus de l'arme. De grandes ailes dans son dos, qui ressemblaient à des écailles de dragon, montaient en amont de sa tête.

           Malgré le corps à l'apparence faible de cette femme en argile, on distinguait nettement autour d'elle une force insoupçonnée.

           Quand ils passèrent derrière la pierre, piédestal de la statue, un paysage tout à fait différent du premier se peignit devant eux.

           D'immenses rochers, telles des îles, volaient dans le ciel. Ils avançaient lentement, chacun de leur côté, sans se briser les uns sur les autres, comme s'ils communiquaient tous ensemble. Des lianes et du lierre montaient autour des terres flottantes. Buissons et arbres se tenaient en force sur ces plates-formes rocailleuses. Des petites plantes aux feuilles blanches comme la lune semblaient construire un escalier de neige afin de rejoindre la forêt giboyeuse du dessus. Des nuages laiteux descendaient aux racines des rochers. Et tout autour de cet espace, aux mystérieux oiseaux, montaient encore plus haut des montagnes aux parois abruptes.