Chapitre 9 : le Boucher de Paris

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Aucun bruit, aucun mouvement. Étonné, je m'engage dans la salle à manger vide de vie. Qu'elle chance, les autres fous ont du partir «chasser». Comment, ont en a pu en arriver là ? Les monstres, nous auraient-ils rendu tous fous ? Je ne comprendrais jamais leur raisonnement...Au lieu de survivre ensemble ou faire cavalier seul. Ils ont décider de manger, ceux qui auraient pu être leurs amis, amour, famille dans une autre vie loin de la ville des morts comme j'aime si bien l'appeler. Tout est trop calme, je ne sais pas pourquoi j'ai un mauvais pressentiment. Cela ne devrait pas être si facile. Serait-il assez tordu pour nous tendre un piège ? Comme des chasseurs avec leur proie ? Jules à l'air lui aussi tout perturbé, il s'accroupit presque me forçant à faire comme lui. Son regard n'est plus le même, comme si quelqu'un ou quelque chose avait pris possession de son corps. Il a l'air différent.

-Écoute. Chuchota-t-il en indiquant les escaliers menant à la cuisine.

Je tendis l'oreille, et je compris pourquoi il tenait tant à s'arrêter. Des grognements provienne de l'affreuse cuisine. L'homme à l'air de se rapprocher de nous. Il semblerait que je n'ai pas frappé assez fort.

-LES GAMINS VOUS ÊTES OÙ ? Cria-t-il plus menaçant que jamais.

-Passe moi ton couteau. Souffla-t-il à mon oreille, j'acquiesce légèrement ma tête et lui cède de bonne grâce mon arme. Il se relève doucement m'indiquant un endroit où me cacher. Après ce qu'il vient de se passer, je ne lui fait pas vraiment confiance pour gérer la situation. Mais maintenant c'est lui qui a notre seul chance de survie. Alors je vais être obligée de croire en lui.
Je m'installe derrière ce qui devait être un comptoir, reconvertit en rangements macabre. Horrifié je découvre des tonnes et des tonnes de bocaux remplis avec des yeux, ou encore des langues. Comme s'ils servaient ça en apéritif. On est définitivement tombés chez ceux qui se sont échappés de l'asile. Personne, même si la faim s'empare de lui ne serait capable d'être aussi...Je n'arrive pas à mettre un mot dessus, tellement c'est répugnant.
Il se place derrière la porte, prêt à frapper. Toujours la même technique, mais il faut croire que ça marche. Tant que ça fonctionne pourquoi arrêter ?
Un pied, puis le bout d'une jambe passe la porte et enfin le reste du corps de l'horrible boucher. Je vais l'appeler comme ça. Du sang imbibe une grande partie de sa chemise à carreaux immonde, il n'a pas l'air plus affectés que ça. Un pantalon à bretelle noir, un front dégarnis et une grosse barbe. Tout en lui me terrifie, suis-je tombée dans un mauvais slasher ? J'observe avec appréhension la scène, Jules lui saute à la gorge il bascule tout les deux par terre, l'homme lâcher son long couteau. Mais le boucher à trop de force et Jules n'arrive pas à mettre fin à ses jours. Il se débat avec force et je le mauvais pressentiment que bientôt ce maudit couteau va causer notre perte. Je ne sais pas quoi faire, courir le risque de me faire blesser, où attendre le bon moment ? Oh et puis merde, la vie de Jules compte tout autant que la mienne à ce stade. Je sors de ma cachette, mais aucun des deux ne l'a remarqué tout deux engagés dans une lutte sans merci. J'attrape le long couteau et debout, j'observe quelques secondes le combat figé. Puis me ressaisissant au dernier moment alors que je le boucher allait le tuer, j'enfonce son couteau dans son cou. Il se glace d'effroi, crache du sang et s'écroule par terre. C'en est terminé du boucher de Paris. Je m'approche de lui, en train de reprendre avec peine son souffle et lui tends ma main, il l'attrape aussitôt. Et murmure :

-Merci, encore une fois...Tu me sauves trop la vie en ce moment. Il arrive même à sourire malgré la situation cauchemardesque dans laquelle nous sommes embarqués.

-Y a pas de quoi, je sais que tu aurais fait pareil. Répondis-je honnête. Vient il ne faut pas traîner plus longtemps ici, on a réussi à en tuer un. Mais s'il rapplique à plusieurs...

Il hocha sa tête et indiqua la porte du restaurant.
Nous nous dirigeons vers celle-ci, faisant attention au moindre bruit suspect.
J'essaye d'ouvrir la porte, fermé à clé. J'aurais du m'en douter, je commence à essayer toutes les clés en ma possession, mais avec de plus en plus de difficulté mes tremblements s'accentuant, jusqu'à en être presque incontrôlable.
Jules quant à lui guettai la rue devant le restaurant, avec soulagement je trouve enfin la bonne clé. Au moment où j'ouvre la porte, une légère sonnette retentit. Je sursaute apeuré, et Jules observe la dite sonnette d'un œil noir. Dehors j'entends des râles provenir de la pièce et le boucher se relever, les yeux injectés de sang. Bon sang, il ne nous laissera jamais tranquille ce....
D'un signe de la main j'indique à Jules de se dépêcher.

Dehors, il neige encore, c'est bien notre veine ça. Nerveuse, je joue avec le trousseau de clés qui nous a tant servit, quand soudain une idée me vient à l'esprit. Une des clés accrochées était celle d'une voiture, elle doit sûrement être garée pas loin. Je m'avance dans la rue pointant la clé dans toutes les directions, jusqu'à qu'une des voitures, une Mercedes Noir s'ouvre. Un sentiment d'allégresse s'empare de moi, je cours jusqu'à la voiture, lui sur mes talons.

-Je sais conduire ! Lâcha-t-il aussi essoufflés que moi.

-Parfait ! Je lui lance le trousseau de clés, qu'il attrape au vol et me glisse sur un des sièges du 4X4. L'intérieur pue le tabac froid mais pour l'instant ce n'est pas ce qui occupe le plus mes pensées. Je veux partir d'ici et vite.

Lui se met à la place du conducteur.

-T'es sûr que tu es assez grand ? Le questionnais-je, haussant un sourcil légèrement amusé malgré la situation.

-Je ferais avec. Et...On ne peut pas retourner «chez-nous».

-Mais mes affaires !

-Ils vont sûrement nous attendre là-bas...Je ne veux pas courir le risque, que tu te fasses tuer.

-Dit, celui qui avait des tendances suicidaires à l'instant ! Répondis-je amère.

-Je suis désolé pour tout, d'accord ? J'ai déconné voilà c'est tout. Il me regarde presque blesser, et au fond je n'arrive pas à lui en vouloir.

Mais je tiens beaucoup trop à mes affaires, j'ai laissé trop de souvenirs là-bas. Les photos avec ma famille, ma peluche...

-Et puis ils ont sûrement pris tous nos vivres, tout notre matériel. Continua-t-il.

Il a raison, il est beaucoup plus réaliste que moi. Je ne crois pas avoir envie, de prendre de nouveau risque juste pour des photos qui ne faisait que me rappeler un passé trop sombre. Peut-être qu'il vaut mieux faire table rase, oublier le passée ? Peut-être qu'à nous deux, nous arriverons à se construire un semblant d'existence, loin des reliques du passée.
Je souffle un bon coup, plongé dans une grande réflexion.

-Ok, faut partir d'ici alors. Dis-je avec un pincement au cœur. La réalité me fait si mal, mais si je veux vivre plus longtemps. Il va bien falloir que je m'adapte.

-Je crois qu'on a assez d'essence pour partir de Paris. Qu'est-ce que t'en dis ?

-Partons, le plus loin possible.

Il se plaça avec la voiture sur la route enneigé, et il s'élança, vers l'inconnue et vers un futur incertain.

Secteur 2 : La ville des morts.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant