Chapitre 14 : Mutuelle perdition

10 5 5
                                    

  Je suis ligoté à un radiateur dans une impression de déjà-vu. Les rayons du Soleil se pose sur moi m'aveuglant. Mais ce n'est pas une lumière divine, je ne suis pas ailleurs là où je voudrais être.
La pièce est plongée dans la pénombre, il n'y a que le mince filet de lumière qui m'éclaire.
C'est une chambre d'enfant, elle à l'air encore habité.
Qu'elle de genre de fou a bien pu me traîner ici ?! Je voulais en finir, mais le sort en a décider autrement. Je vois mon sac posé contre une armoire.
Il faut que je m'enfuie avant qu'il/elle revienne.
Je ne remarque pas dans un premier temps la petite silhouette dans un coin de la pièce.
Je commence à me débattre, de plus en plus violemment. M'acharnant sur la corde devenu le seul lien qui m'empêche de devenir libre, loin des problèmes de l'existence.
Je la sens rentrer dans ma peau, malmener mes poignets mais je continue, la rage guidant mes pas. Je la vois s'approcher doucement comme si la peur l'animait.
Et moi je continue de me débattre, refusant mon sort. Et grognant comme un vulgaire animal blessé.
-Tu es réveillé. Dit-elle avec une petite voix.

Une gosse...Comme moi, comme Jules. Elle n'a pas encore décider d'en finir mais ça viendra inévitablement. Comme pour nous tous.

-Détache moi SALOPE ! Criais-je folle de rage.
La colère et l'amertume prenant possession de mon corps.
-Désolée. Dit-elle emplit de tristesse, comme si elle était déçu. Mais non.
Elle part de la pièce sans demander son reste ni même dire un mot. Me laissant là, je continue à lutter des minutes entières mais mon corps l'emporte sur ma haine et bientôt, je m'effondres épuiser, mes poignets en sang.
Mon âme mutilée.
Elle revient dans la pièce un verre d'eau et une assiette à la main.
Je la regarde maussade peinant à contenir la rage en moi.
-Détache-moi. Dis-je d'une voix froide.
-Non. Elle secoua sa tête. Pas tant que tu voudras te tuer.
-Qu'est-ce que t'en a foutre ? Je suis une inconnue pour toi.
Elle ne dit rien l'air étrangement perturbé.
Je l'observe toujours d'un œil sombre. Je sens mon ventre gargouiller tristement devant le repas qu'elle me propose. J'ai faim, voir même je suis affamé. Mais je dois tenir, la délivrance sera au bout du chemin et cette petite n'y pourra rien.
-Mange. Dit-elle innocemment.
-Je n'ai pas envie. Répondis-je frustré la fusillant du regard.
-Je m'appelle Marie. Dit-elle changeant soudain de sujet.
-Et moi je m'appelle "je vais te buter"
Elle ignore ma réponse et continue inébranlable sur sa lancée. Je la vois s'asseoir devant moi.
-C'est chez-moi ici. T'as un chez-toi ?
Non, je n'en ai jamais eu un. J'ai toujours erré comme les Monstres au final. Mais à force de marcher, j'ai la sincère d'impression d'avoir tout vu, tout rencontrés, tout expérimenter. Plus rien ne m'étonne, tout n'est plus que gris.
Quand il n'y a plus rien à découvrir, autant partir pour de bons.
-J'en ai pas.
Je la fixe du regard et gênée elle détourne le siens.Presque l'air calme, je la détaille. Les cheveux blonds, la silhouette fluette et des yeux d'un vert profond. Cette petite est presque mon reflet...
-Pourquoi tu voulais mourir ? Persiste-t-elle.
-Parce que je suis seul. Répondis-je honnêtement.
-Je suis seule aussi...Et pourtant je ne veux pas me tuer.
La vérité sort de la bouche des enfants...
Ses épaules s'affaissent et elle baisse la tête regardant le sol.
-J'ai toujours rêvé d'avoir une grande sœur. Avoue-t-elle
-Je serais jamais ta putain de sœur. Répondis-je anéantissant tous ses espoirs
Ses fins sourcils se froncèrent, et elle sera ses petits poings. Énervée, elle sortit comme une furie. Et malheureusement la culpabilité grandit en moi. J'ai été si méchante. Même si elle est en quelque sorte ma tortionnaire, elle reste une petite fille aussi perdue que moi.
La rage m'aveugle...Et je déteste ça.


Mary revint quelques minutes après, les joues rouges, les yeux humides. Elle a pleuré, à cause de moi.
-Tu veux manger ou pas ?
J'acquiesce incapable de résister contre mes besoins primaires.
-Tu resteras attaché. M'informe-t-elle.
Logique, qui serait assez fou pour me détacher. Je dois actuellement ressembler à une folle ou une morte. Normale que Marie ait peur de moi, mais elle doit avoir aussi peur que si elle me détache la seule humaine à des kilomètres à la ronde se suicide aussitôt après
Elle me fait boire, l'eau s'engouffre dans ma gorge aussi asséchée qu'un désert. Enfin ! De toute façon, je n'aurais jamais pu supporter bien longtemps cette impression de me dessécher comme une fleur en train de mourir.
Elle me fait manger un Adulte le ferait pour son bébé. Sauf que cette fois les rôles sont inversés.

-Excuse-moi. Lançais-je quand il ne resta plus rien dans l'assiette.
Elle hausse ses épaules évitant mon regard. Dénouée d'émotions elle sortit un couteau et mon pistolet et les posas par terre.

-J'ai réfléchi. Murmure-t-elle. J'ai pas le droit de te forcer à vivre. C'est...c'est méchant de faire ça.

La peine se lit sur son visage à tel point que je culpabilise. Elle n'a pas besoin de parler, ses expressions du visages parlent pour elles. Tout comme moi..

-Tu as le choix et une balle dans le chargeur.

-Libère moi. Dis-je aussitôt sans hésiter, je n'en peux plus de sentir mes poignets lié à cette corde. On a coupé mes ailes et je veux voler de nouveau.

Elle quitte la chambre regardant le sol.
Je récupère mon salut tremblante, le métal froid de l'arme se plaque contre ma peau. Son toucher est presque réconfortant...
Mais quelque chose livre un combat contre mes sombres idées. Cette chose ne veut pas abandonner, la vie. Mais surtout Jules...Elle préfère endurer toute la souffrance du monde, que ne plus jamais souffrir.
Je jette avec rage ma clé du paradis contre le mur en face de moi.
J'ai enfin l'occasion de terminer ma vie, dans cette chambre. Mais j'en suis incapable
Je veux mourir.
Je veux vivre.
Je me déteste.

Alors je frappe le mur jusqu'à que mes mains devienne écarlate.
Jusqu'à que la douleur me rappelle que je suis toujours en vie.   


Secteur 2 : La ville des morts.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant