Un bûcher de Roi

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- Salut Marco...Tu me manques tu sais...Désolé...Désolé mon amour. Je n'étais pas là. Tu as passé tes derniers instants dans la souffrance et la solitude. Je suis tellement désolé. Tu dois bien te moquer de moi de là haut.

Je me suis relevé à la hâte en séchant les innombrables larmes coulant contre mes joues. Je suis parti comme un voleur, un traite, un lâche. 

Après avoir couru jusqu'à en perdre halène, je me suis retrouvé sur la place du bûcher. Elle était toujours couverte de cendres que l'air en devenait étouffant. C'est ici que fut tes funérailles. Je m'en rappelle comme si c'était hier:

Les pertes étaient innombrables, personne n'auriez imaginé un tel massacre. Après la bataille, je l'ai trouvé, la moité de son corps arraché par un titan. Le soir même son  sublime corps d'antan avait brûlé sur la place, comme tout les autres. L'ensemble de la brigade était là, enfin, ce qu'il en restait. Pourquoi a-t-il fallut que tu meurs nom de Dieu! La seule image que je vois encore maintenant est ton être sans vie à même le sol. Je m'agenouillais devant l'immense brasier, des bouts d'os étaient éparpillés sur le sol noirci. J'en pris un dans le creux de ma main tremblante:

- Marco...Je ne sais même pas si ces os sont les tiens. Mon amour, je t'aime jusqu'au plus profond de mon âme, jusqu'à la mort et au delà!

Je sentis une main s'abattre sur mon épaule, mon regard en pleurs se leva vers Reiner, il ne quittait pas la flambée du sien, étrangement vide.

- Tu sais, dans l'ancien temps ce genre de funérailles étaient réservées aux rois et grands guerriers. Donc...

J'avais entendu parler de cette légende folklorique. Mais Marco n'était pas un seigneur inconnue ou un simple guerrier. C'est MON Roi. Je l'ai donc coupé en me relevant. 

- Vous avez décidé quel corps d'armée vous allez prendre?... Moi je le sais désormais, je vais rejoindre le bataillon d'exploration!

Je me souviens encore de Conny, sursautant de presque trois mètres en arrière. Un léger sourire envahit mon visage avant de disparaître à nouveau. Si tu savais, ce jour là, j'ai senti tes mains s'appuyer sur mes épaules descendant le long de mon torse.
J'ai senti ton souffle chaud aviver ma nuque geler par la peur et le deuil.
J'ai senti tes tendres lèvres comme de la soie se poser sur les miennes rêches par l'alcool et le froid.
J'ai entendu ta douce voix me souffler à l'oreille le bon chemin à prendre.

Ce jour là Marco, je ne sais pas si c'était toi mais l'espoir fou de te revoir me poussa vers le bataillon d'exploration, vers une mort certaine mais une liberté totale.
Je quittais la place, sous une pluie toujours torrentielle.
Je me suis dirigé vers la taverne pour me payer une bière ou deux. 

Nos Souvenirs [Jean x Marco]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant