Chapitre 3

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Alors que Mina m'aidait dans mes appartements à faire mes affaires et à me préparer pour mon voyage imminent, je ne pouvais m'empêcher de ressasser ma frustration et de penser à voix haute :

"Et s'ils le torturaient, à l'heure qu'il est ? Nos mesures sont encore trop lentes et insuffisantes... murmurai-je pour moi-même en passant une pile de vêtements chauds à ma dame de compagnie qui la rangea dans un large sac.

- Le Prince Lilian est un de vos amis les plus chers Madame. Si vous voulez mon avis, vous ne pouvez vous contenter de rester au second plan."

Ne m'attendant pas à recevoir une réponse à ma pensée oralisée, je levai le regard vers la jeune châtaine qui, avec les années, était devenue une conseillère et une confidente. La servante, refermant le rabat du sac, poursuivit sur un ton grave :

"Je suis d'accord avec vous, chaque seconde compte et le Prince est sûrement actuellement en danger de mort. Si vous vous en sentez capable, pourquoi ne pas participer à son sauvetage ?

- Mais... comment ?!

- Conduisez les troupes jusqu'aux Gerudos comme convenu, mais au lieu de négocier une alliance militaire partez combattre les Yigas et sauver le Prince avant ce soir ! Vous savez vous battre, vous n'êtes plus une enfant ! Le Prince a besoin de vous, il ne pourra attendre plusieurs jours : Le temps que les Gerudos acceptent la collaboration et conviennent d'un plan d'attaque, il sera peut-être déjà trop tard. Les Yigas n'ont aucun scrupule vous savez, qui sait ce que le Prince risque à chaque minute qui passe..."

La suggestion de Mina me donnait le tournis, mais je reconnaissais que l'idée de pouvoir libérer mon ami des griffes de ces monstres dès aujourd'hui me tentait horriblement, et les images d'un Lilian mutilé, à bout de force et retenu prisonnier me révoltaient et me poussaient dans cette voie. Après de longues secondes à me décider, je finis par lever les yeux vers ma confidente :

"Merci Mina, tu as raison. Je m'en irai dès aujourd'hui secourir Lilian, mais il me faut tout de même l'appui des Gerudos et de l'Armée fédérale. Je parlerai à la Reine Riju : en lui présentant les événements comme tragiques et urgents et en me proposant pour conduire les troupes, je devrais pouvoir obtenir d'elle une offensive dans la journée. Ne dis rien à personne, il ne faut pas que mes parents l'apprennent ou ils tenteraient de m'en empêcher.

- Comptez sur moi, Votre Altesse," me répondit mon amie en souriant avec sincérité.

Je me relevai alors, ajustai mon chaperon et arrangeai légèrement mes courts cheveux avant de prendre ma dame de compagnie dans mes bras.

"Merci Mina, lui soufflai-je avec reconnaissance. Je peux toujours compter sur toi.

- Je serais toujours à vos côtés Madame", me promit la châtaine d'un ton apaisé en répondant à mon accolade.

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Alors que l'écuyer finissait tout juste de sangler les derniers bagages à la croupe de mon cheval, Grimm, je vis mon père s'avancer dans la cour, quelque chose dans les bras. Déjà montée sur mon destrier, je me penchai légèrement pour écouter ce qu'il avait à me dire.

"Raphaëlle, commença-t-il d'un air concerné. Je suis fier de toi et de ta dévotion pour Hyrule, mais fais attention à toi. S'il-te-plaît, ne prends pas de risque inutile."

Tentant de paraître la plus sincère et détachée possible, je lui répondis avec un sourire rassurant :

"C'est promis Père, ne t'en fais pas.

- Tiens, me dit-il alors en me tendant une épée dans son fourreau. Tu en auras peut-être besoin, même si je prie pour que tu n'ai pas à la dégainer. Je suppose que tu sais comment ça fonctionne..." ajouta-t-il avec un léger clin d'œil.

Je pris l'arme en lui rendant un sourire complice et l'observai un bref instant : c'était une épée étonnement modeste, la garde et la fusée en grande partie enroulées de bandages pour favoriser l'adhésion de la main. Sans y prêter plus attention je l'attachai à ma hanche, lorsque mon père me tendit une dernière chose, une petite boîte carrée :

"Et... voici mon cadeau d'anniversaire. J'aurai dû te l'offrir un peu plus tard dans la journée, mais j'ignore quand tu rentreras alors... Prends. Cela n'a pas beaucoup de valeur c'est... principalement symbolique, j'espère que tu en prendras soin."

Tandis qu'il parlait, j'ouvris précautionneusement la petite boîte et écartait le petit tissu de soie qui recouvrait le contenu. Mon souffle se coupa un bref instant en découvrant le présent de mon père : deux petits anneaux de céramique d'un bleu électrique, légèrement abîmés par les années.

"Tes boucles d'oreilles... soufflai-je en reconnaissant les petits bijoux et en le portant à la lumière du jour, ébahie et touchée par cet héritage.

- Comme tu le sais, m'expliqua mon géniteur en constatant avec soulagement l'effet de son cadeau sur moi, c'est mon père qui me les a offert lorsque je suis devenu chevalier. Elles ne valent pas grand chose je sais, et elles ne sont plus en aussi bon état que quand je les ai reçu mais... je pense que tu sais l'importance qu'elles avaient pour moi lorsque j'étais le Héro.

- Et pas qu'un peu, tu ne les as jamais quitté !" répondis-je sur un ton léger et reposant mon regard sur mon père.

Ce dernier esquissa un rire discret tandis que sa main droite caressait machinalement l'encolure de Grimm.

"Ta mère disait qu'elles étaient exactement de la couleur de mes yeux. Je constate qu'elle pourrait faire exactement la même remarque pour toi...

- Elle le fera, lui assurai-je tandis que je penchai ma tête sur le côté pour attacher les bijoux à mes lobes. Merci Père", lui dis-je finalement avec émotion après m'être assuré que les boucles étaient bien refermées.

Ce dernier posa alors un main émue sur la mienne tenant la bride de ma monture et plongea ses yeux céruléens dans les miens.

"Je suis heureux que tu puisses les porter. N'oublies jamais Raphaëlle : dans tes veines coulent le sang divin des plus grands rois de ce royaume, mais aussi le sang bouillonnant et dévoué d'une lignée de chevaliers morts pour la liberté."

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Aventures de Zelda Raphaëlle Hyrule : 1. Sauvetage chez les YigasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant