Chapitre 7

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Tandis que quelques soldats s'aventuraient en première ligne dans le canyon au silence oppressant, Raminia et moi restions côte à côte devant le gros des troupes qui avançaient précautionneusement en formation rapprochée derrière nous.

Le soleil était à présent couché et le ciel, bien qu'encore clair, n'était plus une source suffisante de lumière, si bien que certains guerriers durent allumer des torches pour nous assurer une bonne visibilité. Avec la nuit le climat ambiant se rafraichit, et mes vêtements jusque là humides de sueur me semblaient alors bien trop légers. Pourtant malgré mes phalanges qui rougissaient sous le froid je maintenais ma main immobile, crispée sur le pommeau de mon épée tandis que Raminia gardait également un bras méfiant non loin de son cimeterre engainé à l'horizontal dans le bas de son dos.

La tension était à son comble. Le silence du désert était pesant, brisé par les bruits réguliers de pas métalliques des soldats en armures, le léger crépitement du feu des torches, les discrets entrechoquements des plaquettes de bois suspendues dans le vent et le bruit de ma respiration sous pression qui résonnait dans ma tête à l'unisson avec le sang qui me battait les tempes.

Tandis que j'avançais prudemment aux côtés de mon amie, mes bottes s'enfonçant dans le sable fin et mon regard balayant avec intimidation les immenses parois à l'apparence menaçante du canyon, je prenais conscience de ma situation : C'était la première fois que je risquai ma vie avec autant d'intensité. Jamais depuis ma naissance je n'avais été exposée à un réel danger, et toutes mes expériences de combat s'étaient déroulées dans des contextes d'entrainement amicaux et de simulations inoffensives. Pour la première fois de ma vie, j'allais faire face à des adversaires qui souhaitent ma peau et qui seront sans pitié avec moi, essayant réellement de me tuer avec l'adrénaline de la survie et de la haine coulant dans leurs veines. Tuer ou être tuée. A tout instant, une lame pouvait fuser de derrière les roches pour se planter dans ma poitrine. Après tout, les Yigas sont sur leur terrain, ils doivent disposer de cachettes partout dans le canyon et leur discrétion légendaire doit leur permettre de rester imprévisible pour leurs ennemis. Je pouvais mourir à tout moment, aussi facilement que cela et sans que personne n'ait rien pu faire... Je comprenais à présent pourquoi Père refusait de m'envoyer me battre. Mais après tout, les soldats d'Hyrule vivent cette situation au quotidien et frôlent la mort de nombreuses fois pour défendre nos terres. Raminia a raison : en tant que souverain, nous avons un devoir de mener nos troupes sans craindre le danger, car nous nous sommes engagés à protéger Hyrule depuis notre naissance et, loin de nous épargner le champ de bataille, notre trône nous destine au contraire à nous battre jusqu'à la mort pour la liberté et la sécurité des nôt-

"RAPHAËLLE ATTENTION !"

Sortant aussitôt de mes pensées, je me tournai vers Raminia qui, trop loin de moi, était à genoux dans le sable sous son bouclier brandi au dessus de sa tête. Comprenant tout juste la situation, je me fis soudainement bousculée par une hylienne revêtant l'armure des lieutenants qui se jeta sur moi pour me protéger de son bouclier.

Des dizaines de flèches s'écrasèrent un quart de seconde plus tard sur le plafond de métal que toute l'armée avait érigée en repérant l'attaque. En baissant les yeux, toujours recroquevillée sous l'égide de la soldate, je constatai les couleurs de l'empennage des flèches plantées dans le sable qui nous attaquaient : rouge et or.

"UNE ATTAQUE YIGA !" hurla aussitôt Raminia aux troupes derrière elle.

La Gerudo se releva et vérifia dans le ciel que la salve de flèches était terminée. Puis elle rangea son bouclier dans son dos et ordonna d'une voix forte :

"SOLDATS ! EN POSITION !"

Aussitôt dit, les rangs de Gerudos et d'hyliens se resserrèrent et un bruit métallique de dégainement d'arme résonna à l'unisson dans le caynon.

Presque simultanément, un concert de rires malins éclata et les bruits caractéristiques des apparitions Yigas retentirent dans une explosion de cartes carmins.

La lieutenante se plaça immédiatement devant moi, épée brandie pour me protéger. Raminia courut alors vers moi et me prit par le bras en plongeant ses pupilles de rapace dans les miennes avec intensité et gravité.

"On se taille, notre priorité c'est Lilian !"

J'acquiesçai aussitôt et alors la suzeraine de substitution émit une succession de gestes avec les bras pour donner des directives muettes à la capitaine de la garde Gerudo, qui hocha la tête avant de se détourner vers les ennemis pour les maintenir sur place et nous permettre d'avancer.

"Hyliens, avec moi !" criai-je à l'intention des soldats fédéraux, qui s'empressèrent de me rejoindre pour nous ouvrir la voie.

Tandis que le canyon auparavant silencieux résonnait désormais des hurlements de guerre et des claquements métalliques des armes, notre groupe plus restreint s'enfonçait sans relâche plus profondément dans le repaire adverse. Certains guetteurs nous faisaient parfois barrage, aussitôt matés ou occupés par une partie de la formation. Focalisée sur mon objectif, je ne m'arrêtai pas de courir et ne me laissai plus distraire, honteuse pas mon manque de réactivité qui a failli me coûter la vie un peu plus tôt. La nuit était à présent noire, le vent glacial sifflait entre les parois de pierre étroites et la lumière vacillante de nos torches projetait dans le sable nos ombres agitées et déformées.

Lorsque les 5 derniers soldats nous quittèrent pour réprimer une escouade Yiga soudainement apparue, Raminia, la lieutenante hylienne et moi arrivâmes dans une grande salle creusée dans la roche, au bout du canyon. Le lieu était circulaire, très haut et sculptées dans les murs se dressaient d'immenses statues de guerrières tout autour d'un autel central de calcaire. Le bruit des combat et du vent se tarit et seuls résonnaient le claquement de nos talons sur le sol de pierre du sanctuaire. Raminia, visiblement familière avec ce lieu, s'avança alors vers une des immenses tentures au symbole ennemi qui pendaient du plafond et l'écarta d'un bras, dévoilant un passage dissimulé.

"Allez y !" souffla-t-elle avec un signe de tête incitatif.

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Aventures de Zelda Raphaëlle Hyrule : 1. Sauvetage chez les YigasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant