Amnésique ( Terminée )

Partie 10 Son regard

Je rentre chez moi le coeur léger. C'est... étrange. Avoir parlé de ma situation à quelqu'un ça ma fait beaucoup de bien. Je me sens plus libre comme si quelqu'un avait ouvert cette cage dans laquelle je m'étais volontairement enfermée. J'appelle l'ascenseur, toujours un sourire au lèvre et je rentre chez moi. Je ne vois pas ma mère... 

- Maman...?

Silence. Je pose mon sac sur le canapé et j'observe. Le salon est dans le même états que je l'avais laissé ce matin... Je rentre dans la cuisine et là je la vois. Elle est assise sur une chaise, coude sur la table, une bouteille de whisky juste à côté d'elle, la tête légèrement baissé, elle fixe une lettre fermé. 

- Maman...? 

Elle ne répond pas, et continue a fixer la lettre. Je m'approche prudemment et lui touche l'épaule du bout de mes doigts. Aucune réaction. Je la secoue légèrement et là, elle tourne lentement la tête vers moi. Ses yeux sont vident. Aucune émotions. Puis, quand elle croise mon regard, ses émotions reviennent. Mais pas de joie. Loin de la même. De la haine mélangé à de la tristesse. Je recule. Elle se lève. Je recule encore. Elle s'avance et au passage attrape un couteau de cuisine. C'est la fin. Elle va me tuer. J'ai aucune chance de m'enfuir. 

- J'laisserais personne me prendre mon bébé... J'laisserais personne me prendre mon idéale... Personne, tu m'entend ? J'laisserais personne venir te sauver ! Tout le monde m'a abandonnée, moi ! Alors pourquoi est-ce que toi ils veulent te sauver ?

Elle commence a courir dans ma direction, et moi je suis dos au mur. Pétrifié. Je tourne la tête et le couteau se plante dans le mur. Quelques mèches de mes cheveux tombent. 

- Je t'ai tout donné ! Je t'ai même donné mon amour ! Mais je te déteste ! Depuis le jours ou tu as vu le monde, je te déteste ! T'aurais pas dû exister ! Pourquoi est ce que tu existe ? Hein ? Dis-le-moi !!!

Elle retire le couteau du mur, je baisse la tête et il se plante nouveau heureusement dans le mur. 

- Et de toute les personnes, après toute ses années, c'est LUI qui veux te sauver !!! Il s'est marié a eu des gosses, et c'est que maintenant, après seize long années qu'il se souvient de moi !!! Mais c'est toi qu'il veut !!!

De sa main valide, elle m'attrape par le cou pour que je ne puisse plus bouger.

- Mais t'inquiète pas... Je le laisserais pas te prendre... T'es la seule chose qu'il m'a laissé. Je le laisserais pas te prendre... Après tout, c'est pas le rôle d'une bonne mère de protéger son enfant, hein ma chérie ? 

Elle ressert sa main.

- T'inquiète pas, ça fera pas mal... Je suis ta maman non ? Je te protégerais au périls de ta vie. Même si je dois te la prendre. Pourquoi ? PARCE QUE TU ES A MOI !!!

Elle est parti dans un fou rire effrayant. C'est bon, j'ai définitivement perdu ma mère. Cette femme qui me tient par le cou, un couteau en l'air d'en la main, qui ri à gorge déployé n'est pas ma mère. Elle ne l'ai plus. Elle ne le sera plus jamais. Je ferme les yeux. Elle va me tuer. C'est la plus grande émotion qu'elle n'ai jamais eu pour moi. Je l'accepte a bras ouvert. Elle plante son couteau. J'ouvre les yeux. Je suis par terre. Son couteau s'est planté dans le mur. Pourquoi ? Qu'est-ce qui c'est passé ? Elle se tourne vers moi un sourire toujours au lèvre. On croirait être dans un film d'horreur. Elle se jette sur moi et plante son couteau... dans le sol. Mon corps a bougé. Tout seul. Pourquoi est-ce que mon corps refuse de m'obéir ? Je veux mourir ! A qui est-ce que je pourrais manquer ? Personne ne veux de moi ! Elle attaque de nouveau. Et mon corps esquive et je me remets sur mets jambes. Pourquoi ? pourquoi ?! Puis une image de Tibaud, un sourire au lèvre apparait dans ma tête. J'ai compris. C'était évident. C'est pour ça que mon corps lutte. C'est pour ça que JE lutte. Je me retourne, prêt a me sauver. Elle se jette sur ma jambe et empoigne ma cheville. Je sers les dents. Je tire de toute mes forces. Un légers craque se fait entendre, et je tire encore plus forte. Je cours. Malgré la douleur qui se propage dans ma cheville. Ma main se pose sur la poignet de porte. J'ouvre et...

- Reste la !!! Je t'interdis de sortir !!! Est-ce que tu vas m'abandonner comme ton père, hein ? Je suis ta mère !!!  Je t'ai élevé, je me suis occupé de toi, j'ai été la pour toi !

Je souris. La culpabilité. Voilà son moyen de pression pour moi, et surtout pourquoi je l'ai pas abandonnée. Mais ça ne marchera plus sur moi. Plus jamais. 

- Tu étais.

- Hein ?

- Tu étais ma mère. Quand ouvrira tu les yeux, maman ? Enfin, est-ce que je devrais encore t'appeler maman ?

Sur ses mots je referme la porte et cours. Je veux le voir. Le rejoindre. Le trouver. J'entre dans l'ascenseur, un sourire au lèvre, et lorsque je me retourne, maman est a quelque mètre, le couteau toujours a la main, elle cours en direction de l'ascenseur avec un regard rempli de rage, un regard que je ne lui connaissait pas. Que j'aurais aimé ne jamais connaître. Je suis tétanisé. Lorsqu'elle arrive les porte de l'ascenseur se referme. Elle va me courir après pour me tuer. Lorsque le ding de l'ascenseur retentit, je sors courant. Maman est surement pas loin derrière ou alors elle va rentrer a la maison.... Enfin j'espère. Je cours aussi vite que je peux. Je continue. Ma cheville me fait mal. C'est pas grave, il faut que je cours car après tout... il faut que je le trouve. Je sais pas comment je vais faire, mais il faut que je le fasse. Je dois le trouver quoi qu'il m'en coûte. Je me cogne contre quelqu'un, et je croise son regard. Oui c'est lui. Je l'aime, Tibaud.