Sortilège 11

6.5K 574 63
                                    



Sortilège 11.

Trois années avaient passées. Après la reconstruction du château, Severus avait enseigné quelques mois, puis il avait décidé de se retirer. L'enseignement, ce n'était plus pour lui. Ça ne l'avait jamais été. Il avait tenu le coup toutes ces années parce que Dumbledore le lui avait demandé, mais maintenant que la guerre était terminée, plus rien ne l'obligeait à enseigner à des mioches paresseux et lents, sans aucune motivation et qui ne savaient pas faire la différence entre un choux mangeur et une laitue aquatique ! Il s'était acheté une petite maison – ne supportant plus de vivre au manoir Snape qui ne lui rappelait que de mauvais souvenirs – près du Chemin de Traverse à Londres. Il y avait emménagé et n'avait donné son adresse qu'à très peu de personnes. Il n'aimait pas être dérangé.

Il avait ouvert un magasin de potions sur le Chemin et avait engagé un employé pour traiter avec les clients. Il préférait ne pas avoir à gérer la clientèle lui-même. Il n'avait jamais été friand des contacts humains. Personne ne savait qu'il était le propriétaire de L'Élixire enchanté qui était, pourtant, devenu une boutique très populaire en peu de temps. On venait y acheter et y commander toutes sortes de potions et d'élixires spéciaux.

La marque des Ténèbres avait continué de le faire souffrir occasionnellement. Ces derniers temps, la douleur était plus persistante cependant. Elle le frappait plus fort également. Il s'effondrait au sol et restait à se tordre de souffrance pendant de longues minutes.

Un beau jour, il reçut une lettre par hibou et, la dépliant, il réalisa qu'il s'agissait d'un avis de décès. Lucius Malfoy avait trouvé la mort et il était invité aux funérailles. Lord Malfoy avait été un genre de... soutien moral quand il avait été au service de Voldemort, alors il pouvait bien lui rendre ce dernier hommage. Sans parler que Draco était son filleul.

Il enfila ses plus beaux habits et, le jour des funérailles, transplana jusqu'au lieu de rendez-vous. Plusieurs sorciers étaient déjà là. Les Malfoy, en dépit de leur passé de mangemorts, était une famille de sang-purs très influente et ils avaient beaucoup d'amis.

Il repéra rapidement Narcissa et il alla lui faire ses condoléances de la manière la plus respectueuse possible.

Ne souhaitant pas se mêler à la foule, il resta en retrait. Entre les branches, il capta néanmoins certaines bribes de conversation au hasard :

— On dit qu'il souffrait beaucoup à la fin.

— Ah, oui ?

— Oui, j'ai entendu dire que c'était... enfin... tu sais... la Marque des Ténèbres, mentionna la personne en baissant d'un ton. Elle le brûlait et le faisait se crisper de douleur. On pense que c'est parce que tous les Mangemorts risquent de mourir, depuis que celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom est mort.

Severus fronça les sourcils et toucha machinalement l'intérieur de son avant-bras. Cette histoire n'augurait rien de bon...

— Snape, je ne pensais pas vous voir là. Cela fait longtemps.

L'homme se retourna brusquement pour tomber nez-à-nez avec Potter. Le jeune homme avait changé depuis la dernière fois qu'il l'avait vu. Ça n'avait rien à voir, même. Harry avait encore grandi et il s'était débarrassé de ses encombrantes lunettes pour les troquer contre des verres de contact. Sa musculature avait pris en masse et son expression n'était plus celle d'un adolescent, mais celle d'un homme qui avait vu la guerre et qui avait encore pris en maturité. Le sorcier ne ressentait plus la nécessité d'appeler Severus « Professeur » : ils étaient au même niveau, dorénavant.

— Je ne pensais pas non plus vous voir : je pensais être bel et bien débarrassé de vous, à vrai dire..., avoua-t-il, suspicieux. Vous n'étiez pas très proche de Lucius Malfoy, si je ne me trompe.

— Je suis ici par devoir. Des journalistes sont présents. De plus, ma présence redorera l'image des Malfoy. Draco s'est repenti ; il ne mérite pas toute cette attention négative. Il y a trois ans, il m'a reconnu au manoir Malfoy, mais il n'a rien dit, alors qu'il aurait pu me condamner.

Severus en resta bouche-bée. Ce n'était vraiment plus le Harry qu'il avait connu et qui avait été inattentif en classe.

Ils suivirent la procession côte à côte et levèrent leur baguette au ciel quand vint le temps de brûler le linceul.

— Alors, avez-vous passé les examens pour devenir Auror ? ne put s'empêcher de demander l'ancien professeur, curieux de voir si ses leçons d'occlumancie et de legilimancie avaient porté fruits.

— Bien sûr, répondit Harry d'un ton assuré. J'ai affronté et tué Voldemort ; ils n'allaient pas me refuser, pas plus que je n'allais échouer leurs tests.

— Bien. Après tout, vous n'êtes peut-être pas si mauvais élève que ça.

— Je suis le « Survivant », ne l'oubliez pas, je ne peux pas être mauvais. Tous les journaux le disent.

— Je ne lis pas les journaux.

— Oh, je suis sûr que vous vous êtes tout de même tenu un peu au courant durant les dernières années.

— Je n'ai pas d'intérêt envers votre « célébrité », Potter. Il va falloir vous y faire : je ne vous demanderai pas d'autographes en vous léchant les bottes.

— Je n'en demandais pas tant.

Severus resta silencieux. Il ne trouvait pas ça drôle.

— Qu'avez-vous fait, durant trois ans ? lui demanda à son tour Harry.

Snape n'aimait pas vraiment parler de lui, mais il convint que son interlocuteur lui avait donné sa profession et qu'il était donc légitime de lui donner la sienne.

— J'ai une boutique de potions. Je ne suis plus professeur à Poudlard.

Le Golden Boy pinça les lèvres et hocha la tête.

— Intéressant.

Il marqua une pause et reprit :

— Écoutez, Snape, j'ai été heureux de vous reparler. Je n'ai rien oublié de ce qui s'est passé il y a trois ans : je vous en dois une. Aussi pour vous remercier pour les cours privés : je n'en ai jamais eu l'occasion. Alors, si vous avez besoin d'aide pour quoique ce soit, appelez-moi.

Harry agita sa baguette devant lui et il fit apparaître un bout de papier sur lequel était inscrit sa présente adresse.

— Envoyez-moi un hibou, d'accord ?

Severus plissa les yeux.

— Oh, le Grand Harry Potter me doit une faveur ? se moqua-t-il. Je n'ai besoin de rien, Potter, gardez vos attentions de Gryffondor pour vous. Je n'ai pas besoin que l'on me fasse de faveur pour entrer dans la bonne grâce des médias.

Il allait repousser le papier qui planait à la hauteur de ses yeux, quand Harry se contenta de secouer la tête.

— Ce n'est pas pour ça.

Là-dessus, il transplana, laissant Severus seul avec le bout de carton. L'homme décida de prendre le papier malgré tout... au cas où... On ne savait jamais.     

Occlumancie et Legilimancie [Snarry]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant