Sortilège 16

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Sortilège 16.

Severus n'avait pas perdu de temps. Dès qu'il avait été en mesure de marcher et de transplaner, il avait quitté Grimmauld Square comme promis. Il était présentement dans l'arrière-boutique de l'Élixire Enchanté, quelques jours plus tard, en train de préparer une potion pour une commande qui était arrivée la veille.

Soudainement, par la fenêtre de sa boutique qui donnait sur le Chemin de Traverse, il aperçut une silhouette qu'il connaissait bien. Trois, à vrai dire. Hermione, Ron et Harry, le trio doré, venait de traverser le chemin pour entrer dans un des restaurants qui bordaient l'allée. D'une fenêtre à l'autre, il put les voir prendre place à l'intérieur et consulter le menu. Haussant les épaules, il continua de brasser sa potion en maugréant. Il pria pour ne pas se faire voir. Il ne manquerait plus que les Gryffondors débarquent dans sa boutique ! Il se souvint qu'Harry lui avait dit que Hermione devait venir vérifier qu'ils étaient tous les deux en forme après le sortilège. Elle avait dû être désappointée de ne pas le trouver à Grimmauld Square si peu de temps après le serment d'allégeance. Severus n'était pas homme à rester alité. Il ne s'était jamais permis de rester au lit très longtemps, même quand Voldemort le soumettait à des sortilèges de torture innommables et cruels.

Il vit certaines personnes se presser à l'intérieur du restaurant après avoir vu que le Grand Harry Potter s'y était engouffré avec ses amis. Severus grimaça, encore plus quand il aperçut Potter signer une autographe. Ces gens n'avaient donc aucune honte, aucune dignité ? Secouant la tête, il se reconcentra sur sa potion. Il fut tranquille jusqu'à ce que sa tête soit envahie de pensées qui n'étaient pas les siennes.

Aller, j'ai besoin de tirer mon coup. Hum... non, pas lui. Peut-être celui-là ? Ou celle-ci ? J'espère que ce n'est pas une trop grande fan...

Les yeux de Severus manquèrent de sortir de leur orbite. Est-ce que Potter était vraiment en train de faire ce qu'il pensait qu'il ferait ? Sa main se serra sur le manche de la cuillère en bois qu'il utilisait pour brasser son chaudron. Avec une certaine peur de ce qu'il allait découvrir, il osa un nouveau regard par la fenêtre. Dans la vitrine d'en face, une jeune fille et ce qui paraissait être son jumeau avait rejoint le trio doré. Tous les deux riaient et souriaient à Potter en cachant à peine leur admiration.

Hum... alors ? Le frère ou la sœur ? Ou peut-être les deux ?

Snape grinça des dents.

Aucun des deux, Potter ! pensa-t-il très fort, la main crispée sur sa baguette. Vous ne me ferez pas endurer vos ébats dégoulinants !

Severus trouvait déjà profondément dégoûtant la manière qu'avait tout le monde de lécher les bottes de leur « Sauveur » ! Puis, un sentiment étrange l'avait envahi. À cause du serment, de cette marque sur son avant-bras, il avait cette impression qu'il n'avait jamais eue de « Harry Potter est à moi ». Il n'admettrait jamais, même sous la torture, être jaloux. Cependant, il serait mentir que de dire qu'il ne subissait pas un certain élan de possessivité. Ridicule, pensa-t-il. Ça ne pouvait pas lui arriver, pas à lui. Il était un homme adulte et responsable, tandis qu'Harry était un jeune homme irresponsable et immature. Il pouvait bien draguer ou coucher avec qui il voulait tant et aussi longtemps que ça n'affectait pas Severus (ce qui n'était, en ce moment, pas le cas avec toute cette affaire du partage des pensées). Ça ne lui avait jamais donné cette sensation avec le Voldemort avant. L'allégeance était encore récente, ce devait être pour ça. Oui, ce doit être ça.

Surpris, il vit Potter tourner brusquement la tête, cherchant où son ancien professeur pouvait bien se cacher.

— Ça va ? lui demanda Hermione en fronçant les sourcils à son tour.

Harry secoua la tête.

— Ce n'est rien.

— Au moins, ce ne peut plus être la faute de la cicatrice, maintenant ! s'exclama Ron.

Instinctivement, le sorcier porta ses doigts à l'éclaire sur son front.

— Non, c'est sûr, répondit-il, elle ne me fait plus mal depuis le combat final et c'est très bien comme ça.

Vous m'espionnez ? pensa-t-il.

Le sortant de ses pensées, la jeune fille blonde gloussa à côté de lui.

— C'est vrai, tu as remporté ce fameux duel contre Celui-dont-il-ne-faut-pas-prononcer-le-nom ! C'est tellement héroïque !

— Je n'ai pas peur des mots, rétorqua-t-il, j'ai battu Voldemort, certes, mais c'était il y a trois ans. Je devais le faire, je n'avais pas le choix.

— Tu nous as sauvé ! fit son frère jumeau.

Je travaille. J'ai autre chose à faire que de vous espionner, Potter. Votre vie insipide ne m'intéresse aucunement, mais je vous prierais de ne pas me faire subir vos aventures abracadabrantes d'un soir.

— Harry !

— Heu... quoi ? Oui ?

Ron agita une main devant son visage.

— Tu avais l'air dans la lune, mon pote.

— Oui, je suis désolé : vous disiez ?

— Que tes exploits sont vraiment très impressionnants, répondit la jeune fille blonde. C'est vrai que tu as affronté des dragons ?

Il lui offrit un sourire charmeur destiné à la faire craquer.

— Seulement un.

— Mais il était gros, précisa Ron. Vous savez que je l'ai aidé ?

— Ah, oui ? fit son frère.

Hermione frappa l'épaule de Ron.

— Idiot !

— Aïe ! se plaignit-il. Harry ! Elle m'a frappé !

L'air indifférent à leurs querelles d'amoureux, Potter regarda par la fenêtre, cherchant encore d'où pouvait bien l'espionner Snape. Il se souvint alors de ce que l'homme lui avait dit quand ils s'étaient revus à l'enterrement de Malfoy : il s'occupait à présent d'une boutique.

— Hermione, tu sais s'il y a un magasin de potions sur le Chemin ?

— Oh, il y a l'Élixire Enchanté. Je n'y suis pas encore allée, mais on dit que les potions sont de grande qualité. Tu peux même faire des commandes spéciales. C'est juste en face.

Oh, voilà qui était plus qu'intéressant. C'était donc là que Severus se cachait ?

— Pourquoi demandes-tu ça, soudainement ? questionna-t-elle. Tu t'intéresses aux potions ?

Il haussa les épaules.

— Simple curiosité.

Disons qu'il s'intéressait plutôt à celui qui les faisait. Hermione parut comprendre, mais elle ne dit rien. Ron n'était pas encore au courant pour lui et Snape et il ne souhaitait pas lui apprendre maintenant, pas en présence des jumeaux.

Juste après le dessert, une fois qu'ils eurent payé l'addition – avec un rabais pour le Golden Boy – ils sortirent du restaurant avec les jumeaux.

— Ne m'attendez pas, dit Harry, j'ai besoin de vérifier quelque chose.

— Quoi donc ? demanda Ron.

— Ce ne sera pas long. Partez devant : je vous rejoindrai peut-être après si j'ai le temps.

— Tu reviendra ? s'assura la blonde.

— Je ne peux rien promettre, mais laisse-moi l'adresse à laquelle je peux envoyer un hibou et je verrai ce que je peux faire...

Elle fut plus qu'heureuse de lui glisser entre les mains un bout deparchemin avec son adresse. Harry l'empocha, sourit, puis tourna les talons enabandonnant le petit groupe. Seule Hermione avait une petite idée de ce qu'ilcomptait faire...    

Occlumancie et Legilimancie [Snarry]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant