Sortilège 26

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Sortilège 26.

Harry était à l'heure. Il grimpa quatre à quatre l'escalier de la petite maison jusqu'à rejoindre la chambre de Snape. L'homme l'y attendait déjà avec son visage des mauvais jours.

— Déshabillez-vous, dit-il en entrant dans la pièce.

Cette dernière était sobrement décorée de vert et de gris. Severus se tenait au milieu, rigide comme un piquet. Sans broncher, il ôta sa cape noire, la déposa sur une chaise, puis revint au centre de la pièce, dévisageant Harry.

— Eh bien, quand je vous parlais de vous déshabiller... il faudrait au moins que j'ai accès à votre peau...

Snape plissa les yeux, n'esquissant pas un geste pour obéir aux propos de son interlocuteur, peu avenant. Le brun soupira.

— Très bien ! Je vais le faire.

Il s'approcha de Severus et agrippa le haut de sa robe. Il entreprit de la détacher, tandis que le Prince de Sang-mêlé ne bronchait pas. Il se fichait qu'Harry tienne tant à lui retirer sa robe, mais il ne ferait pas un mouvement pour l'aider dans sa tâche.

— Bon sang, par Merlin ! Combien y a-t-il de boutons là-dessus ?! s'exclama-t-il avec cette impression qu'il ne finirait jamais de déboutonner cette foutue robe !

Quarante-deux, songea Snape avec un petit rictus amusé. Plus Harry s'énervait sur les boutons et leur nombre, plus il avait de la difficulté à les faire sauter de leur boutonnière, ce qui était risible pour celui qui les portait.

Quand Potter parvint finalement à atteindre son objectif, la robe et la chemise blanche qu'il y avait en dessous (avec presque autant de boutons) s'ouvrirent sur un torse viril, dont une fine ligne de poils noirs disparaissait dans son pantalon. Les muscles de Severus étaient visibles, mais pas trop, juste assez pour qu'il ait l'air physiquement en forme. Une toison foncée sillonnait sa musculature, dans le creux de son torse jusque sous ses pectoraux.

Au risque de regarder un peu trop longtemps le corps de son aîné qu'il avait tant de fois imaginé – par curiosité – sous ses capes, Harry détourna brusquement les yeux.

Severus retira sa robe et celle-ci rejoignit la cape.

— Allongez-vous sur le lit, indiqua Potter, sur le ventre.

L'intéressé obéit sans mot dire. Malgré tout, il se dit qu'un massage ne pouvait sans doute pas lui faire de mal, après tout... et si en plus ce pouvait faire finalement dégager Potter de chez-lui ! Pourquoi pas ?

Il sentit le poids d'Harry créer un creux dans le matelas quand ce dernier monta sur le lit où il s'était couché.

— Essayez de vous détendre... et de ne pas me frapper.

La situation paraissait surréaliste aux yeux du jeune homme. Toucher son ancien et détesté professeur sans se faire casser poignet et baguette tout en étant condamné à trois mois de retenus où il devrait laver toutes les toilettes de Poudlard sans magie lui aurait paru totalement impossible il y a quelques temps pas si lointains que ça !

Déglutissant, Harry posa ses paumes sur les épaules de l'homme avec une certaine prudence. Il sentait que, à tout moment, Severus pourrait changer d'avis et le repousser violemment d'un coup de baguette qui le projetterait à l'autre bout de la pièce. Comme il n'obtint aucune réaction de la sorte, il commença à bouger les doigts sur la peau blafarde qui lui était offerte. Il pouvait sentir les muscles noués de tension sous son toucher.

— Je comprends mieux pour quelle raison vous êtes toujours aussi renfrogné. N'importe qui le serait avec autant de nœuds dans le cou et les épaules, par Merlin !

Severus ne répondit pas, mais il s'autorisa à fermer les yeux. Il ne l'avouerait pas, mais il fallait dire que Potter savait ce qu'il faisait. Ses mains dénouaient ses muscles avec une certaine expertise qui le faisait grogner sourdement de bien-être. Il ne pouvait pas dire cela faisait combien de temps que l'on ne s'était pas occupé de lui de cette façon. Une éternité, sûrement. Personne ne voulait approcher la chauve-souris graisseuse des cachots de Poudlard, après tout ! Alors, de là à lui offrir des services... Seul Albus s'était toujours préoccupé de son bien-être. Dumbledore avait même mis un point d'honneur à toujours lui trouver des présents pour Noël et pour son anniversaire, même si Severus persistait à dire qu'il ne voulait rien. De toute manière, il était tellement difficile que c'était une véritable traversée du désert que de trouver quelque chose à lui offrir !

— Dites-moi où vous avez le plus mal, exigea Harry en cherchant les points de pressions de l'homme.

Snape hésita quelques secondes, s'emmurant dans son silence. Pourtant, devant tout le bien que lui apportait le massage de Potter, il finit par pousser un grondement et, soulevant le bras, il attrapa le poignet de son ancien élève pour placer ses doigts directement là où il était le plus sensible. C'était dans son cou.

— Là, indiqua-t-il.

À force de travailler sur ses potions et dans ses grimoires, toujours la tête penchée, des tensions monstrueuses s'étaient développées dans le creux de son cou. Harry s'appliqua à les faire disparaitre.

— C'est...

Tout à coup, Potter s'arrêta quelques secondes. Ses doigts caressaient timidement – sans vraiment oser y toucher – une marque sur la gorge de l'homme.

— C'est Nagini qui a fait ça, n'est-ce pas ?

La cicatrice était en forme de deux petits trous qu'avaient percés les canines bourrées de venin du serpent de Voldemort. Severus avait eu de la chance de s'en sortir vivant. Harry y avait été pour beaucoup. Il avait dû agir vite pour stopper l'hémorragie et empêcher le poison de se répandre avant de pouvoir le transporter dans un endroit sûr pour extraire définitivement cette pourriture de son sang.

— Qu'est-ce que vous vous imaginez d'autre ? lâcha sèchement Snape en roulant les yeux. Je ne m'amuse pas à fricoter avec des vampires.

Au moins, Severus lui avait parlé, c'était déjà ça.

— Vous savez que des élèves pensaient que vous étiez un vampire quand nous étions à Poudlard ?

Snape haussa un sourcil amusé.

— C'était tout ce truc de chauve-souris, de teint pâle, de vêtements noirs et de caractère froid. Sans parlez que vous viviez dans les cachots, expliqua Harry sans cesser de sourire. Du coup, la rumeur a couru pendant quelques temps. Vous êtes certain de ne pas vous nourrir de sang et de chair fraîche dans vos temps libres ?

L'intéressé plissa les yeux et afficha un rictus volontairement inquiétant.

— Qui sait...

Voilà que Severus retrouvait un certain sens de l'humour. C'était bon signe. Harry pouvait voir les effets bienfaiteurs de son massage sur l'humeur de son hôte. Par contre, il n'était pas certain de pouvoir gérer un Severus qui se mettait à plaisanter !

— Je vais devoir venir vous faire des massages plus souvent si ça vous rend d'une aussi bonne humeur !

— N'en faites pas une habitude. Et je ne suis pas d'une « bonne humeur ».

On pourrait peut-être dire qu'il était d'une « moins mauvaise humeur » à la limite...

— Mais si : vous avez plaisantez ! Vous ne plaisantez jamais ! Le plus près que je ne vous ai jamais vu plaisanter, c'était lorsque vous preniez plaisir à insulter les élèves et à les affubler de surnoms méchants et originaux !

C'est vrai que c'était plutôt amusant..., pensa Severus en se remémorant ses années d'enseignement.

Ça, il fallait le lui donner : Severus faisait preuve d'une inventivité débordante quand il s'agissait d'insulter les gamins qui siégeaient dans ses cours de potion.

— Qui vous a dit que je plaisantais ?

Le Gryffondor conserva son sourire. Snape n'était décidément pas un vampire.

Occlumancie et Legilimancie [Snarry]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant