Sortilège 14

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Sortilège 14.

Lorsque Severus ouvrit les yeux, il était allongé dans un lit simple au centre d'une petite chambre aux murs gris. Se massant l'arête du nez il se redressa, s'appuyant le haut du dos contre le mur derrière lui. Son œil parcourut l'environnement qui l'entourait jusqu'à tomber sur l'intérieur de son avant-bras gauche. Un éclair entouré des grandes ailes d'un griffon avait remplacé la tête de mort qui composait anciennement sa marque. Il n'osait pas y croire. Dubitatif, il toucha l'éclair du bout des doigts, comme pour s'assurer qu'elle soit bien réelle.

— Vous êtes réveillé, Snape ?

Le Maître des Potions tourna la tête et il vit la silhouette d'Harry dans l'encadrement de la porte.

— Nous sommes toujours à Square Grimmauld, poursuivit le plus jeune, vous vous êtes évanoui après la cérémonie et je vous ai conduit ici en utilisant un sortilège de lévitation. C'était la chambre de Sirius ; j'utilise personnellement la suite des maîtres.

Snape émit un grognement.

— Est-ce que ça a fonctionné ?

— Vous avez vu votre bras ?

Il hocha la tête.

— Ça a fonctionné, lui confirma Harry, enfin, tout porte à croire que c'est le cas... Comment vous sentez-vous ?

— Comme quelqu'un qui a perdu connaissance, grimaça-t-il sur un ton condescendant que Potter fit mine d'ignorer.

— Vous devriez vous reposer encore un peu. Je vais demander à Kreacher de vous préparer quelque chose à manger et vous pourrez lui demander tout ce qui vous fait envie ; je vais lui dire qu'il est désormais aussi sous vos ordres.

Severus parut étonné quelques secondes.

— Vous avez encore cet elfe de maison ?

— Oui, il servait la famille Black depuis longtemps.

— Pourquoi ne pas lui rendre sa liberté comme pour Dobby ? J'aurais cru qu'un Gryffondor comme vous n'aurait pas toléré l'asservissement d'un elfe de maison, se moqua-t-il.

— Kreacher est moins gentil et moins serviable que Dobby, admit Harry après un court instant de réflexion.

Il n'osait imaginer les dommages que causerait Kreacher s'il était relâché.

— Pourquoi n'êtes-vous pas affecté par le sortilège comme je le suis ? demanda Severus en plissant les yeux à la recherche de la faille.

Harry lui paraissait être trop en pleine forme.

— J'ai été terriblement épuisé après la cérémonie, avoua le sorcier, mais je suppose que les effets sont plus violents dans votre cas, puisque ma magie a dû anéantir celle que Voldemort avait mise en vous. Je suis certain que vous vous rétablirez en peu de temps : vous êtes l'homme le plus courageux qu'il m'ait été donné de rencontrer, Snape.

Surpris par le compliment de son ancien étudiant, l'homme demeura bouche-bée quelques secondes. On ne le complimentait pas souvent, à vrai dire. Si bien qu'il ignorait complètement comment réagir, car bien évidemment, remercier simplement un Potter ne faisait pas partie de ses habilités !

— C'est parce que vos fréquentations sont peu recommandables, finit-il par répondre avec froideur.

Harry se contenta de sourire.

— Qu'est-ce qui vous amuse comme ça ? répliqua sèchement le Maître des Potions. Quelque chose de drôle qui m'aurait échappé, peut-être ?

— C'est juste que vous ne changez pas, Snape. Même après trois ans, vous êtes tellement aveuglé par votre besoin de me détester à cause de mon père que vous êtes incapable de prendre ne serait-ce qu'un compliment. Il fallait dire « merci », si vous l'ignoriez.

— Je connais parfaitement les usages basiques de la politesse.

Le jeune Auror haussa les épaules.

— Je sais ; vous devriez les mettre en usage plus souvent. Je suis certain que la gentillesse vous va bien si vous vous en donnez la peine.

— Je ne me préoccupe pas de ce qui me va « bien » ou non, Potter.

Vous devriez : ces robes ne vous mettent pas en valeur...

— Qu'avez-vous dit ? s'exclama Severus en fronçant les sourcils.

— Je n'ai rien dit, se défendit le sorcier moins âgé.

— Je vous ai entendu, Potter, n'essayez pas de me mentir ! Je ne suis pas un de vos petits camarades que vous pouvez aisément duper !

— Je n'essaie pas de vous duper, Snape, je n'ai vraiment rien dit.

Je devrais le laisser se reposer ; c'est sûrement le sortilège qui déconne et qui lui fait entendre des choses...

— Encore ! fit Snape, de plus en plus furieux du déni d'Harry, alors qu'il entendait clairement des mots résonner dans son crâne. Vous l'avez refait !

— Mes lèvres n'ont pas même remuées. Qu'avez-vous entendu, à la fin ?

— Que c'est le sortilège qui est en train de me rendre fou.

Harry demeura muet quelques secondes.

— Snape, nous avons un problème.

— Certes, j'ai accepté de me lier avec vous, c'est un problème majeur.

Ne me le faites pas regretter.

— Je ne parlais pas de ça : je pense que le sortilège vous a permis de lire mes pensées et moi les vôtres.

Occlumancie et Legilimancie [Snarry]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant