Survivante

82 14 11
                                    

J'avançais entre les décombres de ce qui fut autrefois un immeuble du centre de Toulouse. Tapie, j'observais ma proie.

L'avantage -ou le désavantage, cela dépendait des gens- était que depuis qu' ils avaient pris le pouvoir et tout détruit, forçant les humains et les Créatures à se cacher, le gibier s'aventurait jusqu'en plein milieu des ruines des villes.
Moi, ça m'arrangeais. Je pouvais manger presque tous les jours à ma faim.

Le chevreuil fit quelques petits bonds. Serrant le gros couteau de chasse que j'avais volé quelques jours plus tôt pour compenser la perte de mon arc, je le suivis.

Le silence était quasi religieux.

Alors que j'armai mon bras, un cri aussi puissant que soudain nous fit nous redresser simultanément. L'animal me regarda, surpris, et s'enfuit.
Je pestai intérieurement.

Quel était encore l'imbécile qui s'était retrouvé coincé dans un de leurs pièges ? Ne pouvait-il pas rester dans son trou, sous terre, comme tout les autres ? Ce crétin m'avait fait perdre une semaine et demie de viande !
Un second hurlement suivi, bien plus aigu. Une femme, ou une fille.
Ma conscience me titilla.

J'avais toujours vécu entourée de femmes, puisque les Vengeances étaient toujours femelles, et j'étais beaucoup plus empathique vis à vis de celles-ci.

Petite, lorsque nous étions seules, Mère laissait tomber son masque de Reine et nous riions en nous comparant aux Amazones.

Comme quoi, même maintenant, elle continuait de me dicter ma conduite.

Je me tournai vers l'origine des sons. Devais-je aller les aider, ou partir et tout oublier ?..

En moi, la petite voix trop bien connue de mon démon me susurra de m'enfuir. Ce n'était pas mon problème. Ils étaient venus, ils avaient vu, ils allaient être vaincu. La loi de la jungle.

J'aggrippai nerveusement mon collier. C'était le seul objet de mon ancienne vie que j'avais gardé. Mère me l'avait donné, avant de... décéder.

C'était un cercle de métal tressé, avec, en son centre, une Viridis, l'arme emblématique des Vengeances.
C'était une lance avec, sur la pointe, deux grande lames de faux.

Lorsque je la tournais, je pouvais resserrer ou desserrer le bloquage sur ma Vengeance, pour me transformer partiellement ou, au contraire, l'empêcher de sortir.

Je le contemplai un instant, me remémorant les derniers mots que ma mère m'avait adressé :

" Porte-le tout le temps, tu m'entends ? Ne l'enlève jamais, ou tu ne pourras pas l'empêcher de tout détruire. Ne refais pas la même erreur que la Première. Ne deviens pas un monstre !"

Il me restait peu de temps. Ils arrivaient vite, une fois une de leurs cages fermées.

Le vent se mit à souffler légèrement.

" Choisis, choisis" semblait-il murmurer.

Je me décidai.
Je ne serais pas un monstre.

Je m'appelle Aurore Beriya, et je suis une Vengeance.
Mais on m'appelle aussi "la plus destructrice des Créatures".

PARANORMAL   - 1-     VengeanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant