Approche encore, sale Fae,et je t'arrache les tripes !

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J'étais de très mauvaise humeur.

J'avais très bien compris que je m'étais faite kidnapper -et cela m'énervait comme pas permis-, restait maintenant à savoir pourquoi.

Le plus probable étais qu'un des gangs ait fini par me remarquer et désirait me "corriger" pour que je ne remette plus les pieds sur son territoire. Ça, ce serait facile à gérer. Je n'aurai qu'à laisser émerger légèrement mon démon; dès qu'ils verraient mes crocs et mes griffes, ils se pisseraient dessus de terreur et me relâcheraient, avec excuses du chef et autorisation de rester à vie ici. Peut-être pourrai-je même demander des provisions en guise de de dédommagement ? Hihihi !

Avec reticence, j'observai alors la seconde option : ils savaient que j'étais une Vengeance.

Si c'était le cas, je donnais pas cher de ma peau ! Nous étions parmi les Créatures les moins aimées. En fait, pour être franche, nous étions détestées. On nous jugeait "trop dangereuses". À chaques fois que nous entendions des remarques de ce genre, nous riioons bien.

S'ils savaient que nous cachions la majorité de notre puissance !

Mais cela m'étonnerait. Même lorsque l'on était bannies, comme moi, on ne nous dénonçait jamais. Et Tatyanna n'aurait pas osé. Faisant toujours semblant d'être dans les vapes, j'essayai de déterminer où je me trouvais. J'ouvris prudemment mes sens.

J'inspirai... Et retins difficilement une exclamation de dégoût. Cet endroit puait ! Je pouvais encore sentir la peur de l'ancien détenu, mélangée à une odeur de viande avariée et de transpiration.
Quelle horreur !

J'entrouvis les yeux. Ma cellule était plutôt grande, un avantage pour moi. Les murs étaient creusés à même la roche, j'étais en sous-sol. On m'avait attaché les pieds avec de lourdes chaînes, et j'étais assise sur un lit de paille plus fraîche depuis longtemps.

J'entendis des pas se rapprocher. Aussitôt, je repris ma pause je-suis-toujours-évanouie.

Plusieurs voix se disputaient.

Deux étaient indubitablement féminines, et je reconnu parmi elles la femme que j'avais voulu aider. La troisième, masculine, était basse et rauque. Quand à la quatrième... Masculine et assurée, elle semblait la plus furieuse. On déverrouilla la porte. Ils continuaient de parler. Parfait, ils me sous-estimaient complètement. Il y eu un grincement métallique, et je reçu un grand jet d'eau gelée. Incapable de me contrôler, j'ouvris les yeux et poussai un cri -quelle honte pour la grande Aurore !- Une des filles se mit à rire méchamment.

Sale peste, quand je t'attraperais, je te mangerais, pensai-je.

Ma Vengeance approuva totalement la dernière phrase.

Furieuse, je fixai les quatre personnes devant moi. La peste était brune. Les yeux verts, grande et élancée, sa chevelure descendait jusqu'au milieu de son dos et elle portait un pantalon taille basse noir et un haut d'un ridicule rouge pétant. L'autre, la petite blonde rondouillette, eu le mérite de paraître un peu gênée lorsque je la fixai. L'homme à la voix grave était tel que je me l'étais imaginé : grand et large, musclé avec une mine patibulaire. La seule chose que je n'aurais pas pu deviner était sa nature : j'avais devant moi un ours-garou !

Enfin mes yeux se posèrent sur le furieux et j'eus un hoquet. Aucun doute : des traits fins et ciselés, de hautes pommettes, des cheveux beaucoup trop noirs et brillants, des yeux bleu océan, une beauté bien trop parfaite pour être l'œuvre de notre Dame Nature terrienne.

J'avais devant moi l'équivalent du diable chez les Vengeances. C'était lui qui venait de me lancer un seau d'eau en pleine figure. Ayant rempli le seau, il s'apprêtait à réitérer son geste.

— Approche encore, sale Fae, et je t'arrache les tripes !

PARANORMAL   - 1-     VengeanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant