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On arrive dans la chambre d'hôtel et je pose mes bagages. Je m'écrase sur le lit tel qu'une étoile de mer en moins gracieux avant d'ajouter comme si de rien n'était.
- Ah, tu dors par terre ?
En réalité, je bouillonnais à l'intérieur.
Alors qu'il deballait ses affaires, il se retourne vers moi avant de me lancer.
- Absolument pas.
- Je compte pas partager ce lit avec un pur inconnu ! m'exclamé-je.
- Et bien de un, nous sommes amis et de deux, ce sera non car je suis celui qui a organisé le rendez-vous et toi tu es le soumis point, ordonne-t-il.

Ai-je mal entendu ? Il me force à dormir avec lui ?
Je me relève et je pose une main sur le côté de ma tête .
- Je ne suis pas d'accord. Tu me mens puis tu veux partager ce putain de lit de merde ! T'as de la chance que je ne t'en ai pas voulu ! Tu ne t'es même pas excusé ! C'est injuste ! J'ai peut-être perdu mais tu n'as pas le droit ! On s'est tous ce qui va se passer dans ce lit bordel ! Je veux juste éviter une catastrophe qui me ferait regretter !
Je manque tellement d'air que ça ne m'étonnerai même pas si on  me dit que je suis violet.
Je souffle un bon coup avant d'ajouter :
- Mais tu sais quoi Ten ? Je m'en contrefiche de partager un lit avec un homme ! Qu'il se passe un truc, je m'en fous. Au moins j'ai la dignité de rester honnête avec mes amis, n'est-ce pas ?
Je suis essoufflé. J'en ai ras le cul de rester coincé dans cette chambre avec ce salaud !
Je sors en trombe de la pièce pensant bien à claquer la porte pour bien faire comprendre qu'il me fait chier.

Quel enfoiré !

Et maintenant, je fais quoi ? Je suis dans un pays inconnu, je n'ai ni Internet, ni même une seule pièce ! Et puis zut, je sors de l'hôtel et je longe les grands trottoirs de Tokyo, à la recherche, espérons, d'un parc où me poser. C'est le printemps et le temps des cerises ce serait dommage de ne pas en profiter tout de même.

Il est bientôt 19h, et mon ventre commence à crier famine, qu'est-ce que j'ai la dalle bordel ! Après de longues minutes à marcher sans bien grand intérêt, j'aperçois enfin un petit parc tranquille, sans enfant qui sont sans doute rentrer chez eux à l'heure qu'il est.
Les cerisiers robustes sont impressionnants à voir de près, ces pétales roses, flottants à l'air forment une harmonie de couleur rosé.
À peine arrivé à l'entrée que j'entends un mélodieux sifflement, léger mais mélancolique. Je me laisse porter par ce bruitage et je vais m'asseoir sur un des bancs. Je suppose qu'on est deux.
Le soleil commence à se faire invisible à nos yeux et il me tarde de rentrer malheureusement. J'ai la boule au ventre à l'idée de le recroiser. Il faut avouer que notre dernière interaction n'était pas très joyeuse.
Je me lève alors et rejoins la sortie du parc cependant une voix m'interpelle. Une voix grave et sensuelle. Exactement que celle de mon souvenir. Exactement la même.
Et pour une raison connue, je m'enfuis.
Je cours le plus vite possible. Le plus loin possible.
Oui je suis faible et peureux. Dites-le. Criez-le. Hurlez-le.
Rien ne me fera changer d'avis.
Je ne veux pas le croiser, lui parler, lui pardonner.
Car c'est ce qui va se passer s'il me rattrape.

hongdae - taetenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant