Le printemps efface l'hiver {TERMINÉE}

XII

Chapitre XII
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Il y avait beaucoup de fleurs. Des rouges, des roses, de l'orange, du jaune. Ça lui éclatait la rétine toute ces couleurs, ça s'emprisonnait sous ses yeux. Ça vibrait. C'était beau et triste à pleurer. C'était le septième enterrement auquel June se rendait depuis qu'elle était pompier. Sept personnes perdues au cours d'une intervention, c'était peu pour un pompier de son envergure pourtant c'était énorme à la fois. Après tout, elle était un des rares pompiers à se rendre aux funérailles des victimes secourues. Mais elle y tenait. Voilà tout. Penny dirait encore qu'il s'agissait là de son syndrome du héros. Elle ne voyait là que son envie d'être présente jusqu'au bout, comme un hommage.

Donald Brun avait émis le souhait d'être enterré dans le cimetière de Green-Wood et June fut surprise de voir le nombre de personnes qui s'y pressaient. Le soleil était d'un bleu magnifique, amplifiant l'ironie de la journée. Le marbre blanc ressortait à merveille sur les rayons du soleil et June sentit les sanglots la guetter alors qu'elle remontait l'allée gravillonnée en direction de la cérémonie. Elle avait revêtu son uniforme officiel, veste noire à gros boutons, pantalon noir, képi et gants blancs. Elle regardait le sol, regrettant d'avoir congédié Penny alors que celle-ci lui demandait si elle voulait qu'elle l'accompagne. La foule était pressée autour de la tombe creusée et le cercueil, reposait là, prêt à être mis en terre. La boule qui obstruait la gorge de June enfla à une vitesse folle quand elle croisa la silhouette voûtée de Paul. Trois hommes et une femme le maintenaient serré contre eux et cette vision l'ébranla douloureusement. Peut-être qu'elle n'y arriverait pas finalement, avec tout ce qu'elle venait de vivre elle n'était peut-être pas assez forte. Son regard gagna la foule et la gratitude qu'elle ressentit brutalement l'engloutit comme un raz de marée. Ils étaient trois, en rang d'oignon, le regard porté dans sa direction. Ils avaient revêtus leurs uniformes eux aussi. Charlie, Randall et Peter. Les trois pompiers présents avec elle sur l'intervention. Elle les trouva si beaux en cet instant qu'elle eut envie de fendre la foule en courant pour les rejoindre. Au lieu de ça, elle se contenta de leur envoyer un regard qui, elle l'espérait leur renvoyait toute la gratitude qu'elle ressentait et les rejoignit. Elle se positionna à leur côté alors que Charlie posait une main douce sur son épaule. Elle formula un « merci » silencieux à leur encontre et chacun d'eux lui fit un sourire personnel. Le maître de cérémonie prit la parole et ses mots bouleversèrent la jeune femme au point qu'il fut difficile pour elle de retenir ses larmes, elle regardait Paul, ses larmes, son dos penché, ses mains convulsivement accroché à celles de la femme à ses côtés. Elle le regarda enterrer son unique fils aux côtés de la femme qu'il avait aimé, elle se demanda comment il pourrait bien se relever, comment il aurait même la possibilité d'avancer. On lui proposa de prendre la parole, il s'avança, il essaya mais les mots butèrent contre ses lèvres, il secoua la tête, retourna dans les rangs. La vision de June se brouilla et durant un moment infime elle ne comprit pas d'où venait ce brusque voile opaque devant ses yeux. Elle n'avait pas vu qu'elle pleurait, que des larmes se déversaient littéralement de ses yeux. Charlie glissa une main dans la sienne, alors que Peter se resserrait doucement contre elle. Elle essuya une larme, peine perdue, d'autres se pressaient si fort qu'elle ne parvenait pas à les arrêter, alors elle releva les yeux et c'est là qu'elle l'aperçut. La respiration se bloqua dans sa gorge et son corps se figea. Il portait un costume trois pièces noir qui lui allait à merveille et son regard était planté droit sur elle. Il se tenait un peu à l'écart, pourtant ce n'était pas la peine, on ne voyait que lui.