Would you run ?

Chapitre 7.

Lundi.
Un week-end incroyablement long. Dobby a doucement arrêté de me faire la gueule, je crois que dormir dans mon lit lui manquait. Je me traîne au travail avec des cernes qui peuvent probablement faire cinq fois le tour de la Terre. Le sommeil m'a lâchement abandonné. Tant et si bien qu'en tout et pour tout j'ai dû dormir cinq heures en trois jours. J'ai clairement plus envie de mourir que de travailler, et même le café ne peut rien pour moi. L'odeur me file toujours la gerbe, c'est merveilleux, je suis ravi. Tout marche au ralenti aujourd'hui. J'arrive à me concentrer sur rien, c'est affreux. En plus, Harry m'a ignoré toute la journée. Comme au début.
Je m'étais dit que, peut-être, avec ce qu'il s'était passé, il arrêterait d'être si distant. J'ai visiblement eu tort. A quoi est-ce que je m'attendais de toute façon ? J'en avais presque oublié que, s'il était le mec snobé, c'était pas pour rien. Comme si le fait que j'le ramène chez lui, en un seul morceau, allait changer ça. Les séries américaines me sont montées au cerveau, j'en ai trop regardé. J'ai rien d'un héros. Rien n'a changé, je ne suis que Louis Tomlinson, après tout. Je n'ai jamais eu d'impact sur la vie de quiconque, et je n'en aurai jamais. Pendant un instant, je me suis demandé si je regrettais d'avoir aidé Harry ce soir-là. La réponse est non. Ok, il est peut-être redevenu le gars chelou du service, au moins il est présent. Je n'ai rien d'un héros, mais je n'ai rien d'un connard non plus ; je n'aurais jamais pu le laisser crever sur le carrelage de l'open space en sirotant tranquillement mon jus de fruits. En soi, je ne sais pas à quoi je m'attendais. A rien en particulier. Peut-être juste à ce qu'il ne me rejette pas aussi fort à chaque "bonjour" que je prononce. Enfin, bref. La vie reprend son cours.

[...]

-Ça t'va de travailler ça avec lui ? Une voix me dit.

Mise en commun du vendredi soir. Fin de semaine, je suis au bout de ma vie. C'est plus des cernes que j'ai, c'est une horreur. Depuis le début de la mise en commun je prie intérieurement pour que ça se finisse vite et que je puisse rentrer chez moi pour enfin me vautrer comme il se doit sur mon canapé.

-Louis ?
-Hein ? Je dis en me revenant à moi.

Mes rêves de me transformer en otarie sur mon canapé partent en fumée quand je réalise que c'est à moi que Liam parlait. Problème, je n'ai foutre rien écouté à ce qu'il a dit et je ne sais pas de quoi il me parle. Ça va, je suis pas du tout dans la merde.

-Ça te va ? Il répète.
-Oh, euh, oui oui, pas de soucis, j'suis partant ! Je réponds sans réfléchir.

Partant pour quoi, j'en ai aucune idée, mais aux regards surpris et désolés que tout le monde me lance, j'ai l'impression d'avoir dit une connerie. Il est trop tard pour demander de quoi il parlait là, pas vrai ? Je suis foutu. Au pire, j'attends la fin de la mise en commun et je saute sur Liam pour lui demander ce que je dois faire. Ouais, voilà c'est une bonne idée ça ! Dès qu'il annonce la fin de la séance, je bondis sur mes pieds et le rejoins en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.

-Oh et, Liam ?
-Désolé, Louis, j'ai pas le temps. J'ai un rendez-vous, je dois y aller. Il dit en rangeant ses affaires.

Avant même que je n'aie le temps de prononcer un autre mot, il sort de la pièce presque en courant et lorsque je retourne dans l'open space, il n'est déjà plus là. Je râle et retourne à mon bureau en trainant des pieds comme un gamin de cinq ans avant de me laisser retomber sur mon fauteuil. Flemme de rentrer tout de suite, je vais sûrement rester un peu ici, histoire d'avancer dans mon travail. Tout le monde quitte peu à peu son poste, et rapidement je me retrouve seul. J'attrape mon dossier et l'ouvre pour continuer à bosser.

-Par quoi est-ce que tu veux qu'on commence ?

Je sursaute si fort que j'en manque de faire tomber toutes mes feuilles par terre, et moi avec. Paniqué, je pose une main sur mon torse pour reprendre une respiration normale en me retournant vers l'intervenant. Harry. CE MEC EST UN PUTAIN DE NINJA, BORDEL. Il est arrivé quand ?! Je ne l'ai ni vu, ni entendu !