Chapitre 19.

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-T'es sûr que ça va marcher ?
-Par pitié, ne commence pas avec ça. C'est notre meilleure option.
-Je veux bien qu'ils nous fassent gagner du temps, mais en quoi ça attirera Rowena hors du château ? Tu l'as dit toi-même quand on est arrivés ici. Tu as dit qu'elle ne s'embêterait pas à envoyer ses sbires dans les basses sphères du royaume, alors qu'est-ce qui te fait croire qu'elle en enverra cette fois-ci et qu'en plus elle se rendra sur place ?
-Tu vois la personne qui parle avec Lara ? Il habite dans la haute sphère. Si j'en crois ce que Kaïs m'a dit, les personnes que nous avons rejointes n'étaient qu'une partie du groupe de... partisans. Cette personne peut créer de fausses émeutes dans la haute sphère pendant que Kaïs s'occupe de la basse sphère. S'il y a plusieurs grosses émeutes, dispersées sur le territoire du royaume, Rowena se déplacera forcément.
-Je ne sais pas...
-Louis, s'il te plaît. J'ai besoin de toi. J'ai besoin de ton soutien. Tout le monde attend de moi que je sois inébranlable. Je ne suis pas aussi fort que ce qu'ils pensent. T'es le seul qui peut me permettre de ne pas mourir de peur dans la seconde, je t'en prie.

Je soupire et il prend mes mains dans les siennes pour me regarder droit dans les yeux. Oh non, non, non, non, je vois très bien ce que tu fais, et c'est non. Tu ne m'auras pas comme ça. J'en ai marre de devenir faible devant ces foutus yeux verts. C'est dingue ce qu'ils sont captivants. Vraiment magnifiques. Autant les yeux que... Celui qui les porte. Non mais bordel, Louis, tu t'entends ? Tu deviens une vraie gamine, ressaisis-toi. Et pourquoi Harry sourit d'abord ? C'est pas comme s'il entendait ce que j'étais en train de penser. Sinon ça serait extrêmement gênant. Puis, c'est une mauvaise combinaison. Son sourire plus ses yeux, c'est bon, c'est foutu. Il sait très bien que je vais dire oui à tout maintenant.

-Fais-moi confiance. Il souffle en serrant mes mains.

Je peux entendre la détresse dans sa voix, la voir dans son regard, même. Mais je suis terrifié moi aussi. Je ne sais pas quoi dire pour le rassurer. Je sais que si j'essaye, je vais mettre les deux pieds dans le plat. Alors pour ne pas faire d'erreur, je décide la seconde option : l'humour. Même si le mien est assez bancal.

-Je croyais que le grand Harry Styles n'avait peur de rien ?

Il pouffe doucement de rire avant de soupirer. Il baisse la tête pendant une seconde avant de la lever à nouveau vers moi. Quand ses yeux recroisent les miens, je sais qu'il s'apprête à dire quelque chose qui va avoir du sens.

-J'ai peur pour plus de raisons que tu ne le crois...

Ou pas. Ça n'a aucun sens pour moi. Ou alors je suis peut-être trop stupide pour comprendre, ou trop aveugle. Je sais qu'il a peur que cette opération foire et qu'il a aussi peur pour sa sœur, mais sinon... Je ne m'étais pas rendu compte qu'on se tenait aussi près l'un de l'autre avant que Kaïs ne nous interrompe et que nos visages se frôlent alors que nous tournons la tête d'un même mouvement vers lui. Surpris, je me recule vivement en soustrayant mes mains aux siennes. Je me lève et me dirige vers Lara. Aussitôt, l'homme avec elle se lève aussi pour se planter face à moi et baisser la tête comme une salutation révérencieuse, ou quelque chose comme ça. Je fronce les sourcils sans trop comprendre. Calme-toi, c'est pas moi le prince ici. Je me racle la gorge, mal à l'aise et il se rassoit. Ok...

-Le prince m'a autorisé à vous accompagner. Lara m'informe.
-Il a fait ça ? Je m'étonne.
-Oui, ma maman travaille au château, elle sait par où passer pour ne croiser personne pendant les rondes des gardes.
-Mais c'est...
-Dangereux, je sais.
-Oui, et tu es...
-Une enfant, je sais.
-Oui. Je ris doucement. Suis-je donc si prévisible que ça pour que tu parviennes à finir toutes mes phrases ?
-... Un peu. Elle plaisante. Mais le prince m'a déjà dit tout ça. Et il m'a demandé si j'étais sûre de mon choix.
-Et tu l'es ?
-Oui. Je sais que c'est dangereux, mais je sais que je dois le faire. Je ne peux pas laisser ma maman se mettre en danger toute seule, je dois le faire avec elle.
-C'est très courageux de dire ça pour une fille de sept ans. J'admire ça.
-Il n'y a pas de quoi être admirée, c'est normal.

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