Would you run ?

Chapitre 17.

On a passé plusieurs heures comme ça, à tirer, rater, réessayer, recommencer. Encore et encore et encore. J'ai réussi à tirer sans devoir fermer les yeux pour me concentrer sur ma respiration. J'arrive mieux à me stabiliser, mes tremblements ne sont plus un problème. Vers la fin, il a même voulu me retirer le laser pour que je ne vise plus qu'avec les réticules. J'ai galéré au début, et je tirais tellement mal que mes balles ne touchaient même plus la cible. J'ai failli abandonner parce que ça m'a déprimé de voir que j'étais retombé au point de départ. Mais finalement, il m'a convaincu que non. Ouais, alors en fait, il ne m'a carrément pas laissé le choix. Il ne m'a pas laissé de pause, et je pense qu'il a eu raison parce qu'en seulement quelques heures j'ai déjà remarqué des progrès. Rien n'est parfait mais, au moins, maintenant, mes tirs touchent presque tous la cible et je n'ai plus autant peur du semi-automatique dans mes mains. Il faut que je continue à m'entraîner mais je pense que j'ai réussi à gérer le plus dur. Enfin, en théorie.
A l'heure qu'il est -quelle heure il est, d'ailleurs ? - l'arme est sagement rangée dans mon sac avec son silencieux et la pochette de munitions. Le brun m'a même appris à recharger, et j'ai appris que la pochette en velours noir qu'il m'a donné pour les balles était ensorcelée -ou peu importe comment il appelle ça- de sorte à toujours fournir des balles, et j'ai trouvé que c'était du génie.
D'ailleurs, ça me fait penser, il ne m'a jamais expliqué comment fonctionnait l'Imperium. Pas que je veuille me prendre une énième migraine, mais ça m'intrigue.

-Au fait ?
-Hm ? Il demande en se retournant vers moi.
-Je peux savoir comment ça marche ?
-Je vais te demander d'être un peu plus précis, parce que là c'est vague. Comment quoi marche ?
-L'imperium.
-Je te l'ai dit, c'est une histoire de sang, transmis de génération en génération.
-Non, je te parle pas de ça. Je me demande comment tu...Comment ça... waw je sais pas comment dire... Ça comment ça fonctionne ? Enfin, j'veux dire, j't'ai vu dessiner tes espèces de trucs en l'air là. Et je sais que tu leur as donné un nom. Les... Euh...
-Les runes. Ce sont des runes.
-Des runes ?
-Tu sais pas ce que c'est ?
-Non, pas vraiment...
-Ce sont des symboles, créés pour désigner un langage. Les runes de l'Imperium, sont les mêmes que celles du Nihilum, en quelque sorte.
-En quelque sorte ?
-Ouais, il y a certaines runes que l'Imperium rend plus puissantes, et qui marcheront donc moins bien si Rowena l'utilise avec son Nihilum. Et inversement. De plus, des runes peuvent être créées, c'est tout un processus compliqué mais.... Ma mère était une pro là-dedans. Elle a tout consigné dans un livre. Un livre où elle a noté toutes les runes qu'elle a créé, et comment elle les a créées. C'est ce livre que j'ai besoin d'aller chercher dans la bibliothèque de mes parents. Je suis persuadé que je peux y trouver une rune qui me permettra de stopper Rowena. Ou au pire des cas, trouver comment créer une rune assez puissante pour la battre.
-Donc il y a une rune pour chaque truc que tu fais ?
-Oui.
-Et y'en a beaucoup ?
-T'as pas idée.
-T'as dû toutes les apprendre ?
-Il y en a tellement qu'on ne finit jamais d'en apprendre des nouvelles, mais sinon : oui. J'ai dû apprendre les principales. C'est un des cours principaux qu'on nous enseigne. En tant qu'héritiers au trône, ma sœur et moi devons maîtriser parfaitement nos capacités. Comme nos parents. Nos instructeurs étaient absolument psychorigides à ce sujet. C'était le truc principal à apprendre. On devait essayer, et réussir, on n'avait pas le droit à l'échec. Ça nous faisait tellement flipper avec Gemma qu'on passait des nuits blanches à apprendre les runes dans les livres, pour exceller. On a commencé à nous bourrer le crâne avec les runes depuis qu'on est tout gamins. Avec des jeux éducatifs, des cartes, des cubes avec des runes sur les côtés. Je crois que c'était la partie la plus stressante de notre entraînement royal.
-Est-ce qu'il y avait des moments marrants dans votre entraînement même ? Je demande sarcastiquement.
-Je te jure que oui !
-Sérieux ?
-Ouais ! Les entraînements de combats étaient géniaux. On passait plus de temps à rire qu'à se battre.
-Parle-moi un peu de toi, avant.
-Avant ?
-Avant que vous n'ayez à fuir.