Après ça, j'ai décidé de rentrer chez moi. Je pense qu'autant lui que moi, avons traversé assez d'émotions pour la semaine entière. En rentrant, j'ai été incapable de dormir pour le reste de la nuit, j'étais trop occupé à me refaire la scène dans la tête. "Parce que si je te le dis tu vas te barrer comme les autres." Ce sont ses mots. Et je ne sais franchement pas trop quoi en penser.
Premièrement, il a un secret et il ne peut même plus essayer de le nier. Deuxièmement, Lexan et Stefen ont été assez proches de lui pour le découvrir. Puis, troisièmement, ils ont été assez stupides, ou effrayés, pour fuir.
J'ai beaucoup trop de questions pour réussir à les ordonner correctement, il me file un mal de crâne pas possible. Je suis à deux doigts de me taper la tête contre les murs jusqu'à ce que mon cerveau refasse la peinture. Mon dimanche n'a été que questions sur questions, alternant entre faire les cent pas au milieu du salon et les faire au milieu de la cuisine. J'en ai oublié de manger, et je n'ai même pas pris la peine d'essayer de travailler. A minuit et demi, assis au bord de mon lit, pesant le pour et le contre de ma journée, j'en arrive à une seule conclusion : Harry fait partie de la mafia. Y'a que ça qui relie toutes les informations que j'ai pu collecter sur lui. C'est un dangereux mafieux, voilà. J'ai réussi à tout relier ensemble. Tout sauf son truc avec ses yeux, mais je suis beaucoup trop proche d'une réponse plausible pour tout foutre en l'air avec un truc qui n'a pas de sens et dont je n'ai aucune preuve. Donc c'est un dangereux parrain de la mafia, point à la ligne.
Enfin, au moins, j'ai un semblant de réponse. J'aurais pas été capable d'aller me coucher si je n'avais pas trouvé une réponse, ou du moins ce qui s'en rapproche le plus. Je doute que je réussisse à dormir, mais au moins j'ai une petite chance.
Et c'est là que je me rappelle ce qu'Harry m'a donné. Non mais, je viens d'en arriver à la conclusion que ce gars est un mafieux et je veux boire un truc qu'il m'a donné sans savoir ce qu'il y a dedans ? Je suis totalement inconscient. Mais surtout absolument désespéré et en manque de sommeil.
Je me lève et pars récupérer la bouteille dans mon sac. Je la considère pendant un instant et décide que, quitte à mourir, autant le faire en dormant. C'est pourquoi je pars chercher un verre à shot dans la cuisine, souvenir sombre de mes années de fac, et verse le liquide noir à l'intérieur. J'ai peut-être dû en mettre un peu trop pour un shot, mais ça fera l'affaire. J'ai peur d'en foutre partout si j'essaie d'en remettre dans la bouteille.
Après être retourné m'assoir sur le bord du lit, je passe mon nez au-dessus de ma boisson. C'est une odeur indescriptible. J'ai l'impression de sentir des effluves fruités, sans pour autant connaître le fruit dont ça pourrait provenir. Je soupire et avale ça d'une traite.
J'ai à peine le temps de reposer le verre sur ma table de nuit avant que ma tête ne se mette à tourner violemment. J'ai l'impression de tomber dans les pommes. La dernière chose dont je me rappelle avant de sombrer, c'est le goût agréable sur ma langue. Puis, plus rien. Le néant.[...]
Lorsque je reviens doucement à moi, c'est une sensation horrible qui s'empare de mon corps. Je me sens cotonneux, dans les vapes. Presque comme si j'avais été gazé à l'anesthésiant pour une opération et que je venais de me réveiller. Lorsque mes yeux s'ouvrent, je vois flou. Ma vision n'arrive pas à faire la mise au point. Mes bras n'ont pas la force de bouger, mes doigts le peuvent à peine. Impossible de savoir combien de temps je reste là, en position mi-allongée mi-assise au bord du lit, je n'ai pas bougé depuis hier. Tel que je suis tombé, je suis resté. J'ai l'impression d'être dans un état pourri entre la conscience et l'inconscience. Quelle heure il est même ? J'ai l'impression d'avoir dormi un siècle.
Après un soupir, j'essaie de me concentrer pour rassembler mes esprits. J'ai l'impression que c'est peine perdue, que je ne vais jamais sortir de cet état. Pourtant, tout d'un coup, c'est comme si la réalité me claquait en pleine face.
La lucidité me fouette comme jamais auparavant et c'est une sensation, ma foi, très étrange. Une seconde je suis au bord de la mort, la seconde d'après je suis prêt à courir un marathon. Mon cerveau me fait des feintes. Je me redresse et m'étire, ça me fait un bien fou. Mes yeux se posent sur mon réveil et retourne se perdre dans le vide.
ATTENDS. QUOI ? QU'EST-CE QUE JE VIENS DE VOIR ? 21 HEURES 47 ? VOUS ETES EN TRAIN DE ME DIRE QUE J'AI DORMI 22 HEURES ? ON EST QUEL JOUR ? TANT J'AI HIBERNE ET JE SUIS MÊME PAS AU COURANT. C'EST QUOI CETTE MERDE ?
Je me jette sur mon portable et le déverrouille. Horrifié, je découvre que nous sommes bien lundi, et qu'il est bel et bien 21 heures 40 passées. ET JE SUIS PAS ALLE BOSSER ! C'EST UNE BLAGUE ! J'VAIS EXPLIQUER ÇA COMMENT DEMAIN ? C'est à cause de ce qu'Harry m'a filé à boire ! C'est pas possible autrement ! J'attrape la bouteille et la scrute dans tous les sens comme si une explication rationnelle et une liste d'ingrédients allaient en sortir comme par magie. Il a essayé de m'empoisonner j'y crois pas !
Pris de rage, je me lève et cours presque attraper mes clefs de voiture. Je cours tellement vite que je vole quasiment jusqu'à ma voiture, et mes roues survolent le goudron quand je pars à toute allure.
La route défile vite, beaucoup trop vite pour que je sois en dessous de la limite de vitesse autorisée. Mais je m'en fiche, il est tard, il y a peu de monde sur la route. Et tant mieux, j'aurais écrasé le premier vieux qui aurait débarqué sur un passage piéton. Avant que je n'aie le temps de le réaliser, j'arrive devant l'immense maison et me gare à côté de la fontaine.
En levant la tête je remarque un énorme nuage gris au-dessus du toit. Et si j'étais assez paranoïaque, je dirais même que je n'ai vu aucun nuage en venant jusqu'ici, comme s'il n'y en avait qu'un au-dessus de leur maison.
Je saute les marches deux à deux pour atterrir sur le perron. M'attendant à ce que les portes s'ouvrent, comme d'habitude, à mon arrivée, je m'avance mais me stoppe à un centimètre des immenses panneaux en bois massif. Elles restent fermées. Surpris, je fais un pas en arrière, les sourcils froncés. Je tente de frapper à la porte. Je recommence une seconde fois car, les premiers coups étaient trop faibles. Toujours rien. Troisième essai. Seul l'écho de mes coups résonne. Je fronce les sourcils et tente une autre approche.

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Would you run ?
FanfictionIl était une fois.... Non, toutes les contes clichés commencent comme ça. Cette histoire n'est pas un conte. Elle raconte l'histoire d'un gars qui doit se battre pour survivre et récupérer quelque chose qui lui a été volé sept ans auparavant. Elle r...