Vengeance

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Le 24 septembre 1978, Domicile de Charly

Il tenait enfin sa vengeance entre ses mains. Un mois pour le faire souffrir comme il avait souffert. Un mois pour l'amener à le supplier comme il l'avait supplié en vain. Un mois pour briser son coeur et son âme comme les siens avaient été détruits par sa faute. C'était son plan depuis le début. Il ne désirait pas seulement le tuer, c'était bien trop facile et sans douleur pour cet homme. Non, il avait prévu plus, beaucoup plus. La torture psychologique était la pire des souffrances surtout lorsqu'on s'en prenait à la famille. Il ne méritait rien d'autre que de mourir à petit feu.

Pierre Cornu, ce nom l'avait hanté toute sa vie. Celui qui l'avait empêché de sauver sa famille. Celui qui était devenu sa seule raison de vivre pour assouvir sa soif de vengeance. Et l'heure était enfin arrivée.

Il avait fait aménager au sous-sol une pièce spécialement pour l'accueillir et le retenir prisonnier pendant un mois avant de le tuer. Elle était totalement insonorisée pour que personne ne puisse soupçonner sa présence. Impossible de s'en échapper, aucune fenêtre ne donnait sur l'extérieur et la seule porte d'accès était blindée et bien entendue verrouillée de l'extérieur. Tout avait été prévu dans les moindres détails.

Il avait préféré anticipé la découverte et l'intervention des gendarmes en le kidnappant plus tôt que prévu mais ce n'était pas grave. Ca ne changeait rien au programme qu'il lui avait réservé, il aurait simplement le droit à plus de torture. Plus lente serait sa mort, du moins s'il survivait jusqu'au moment fatidique. C'était là la seule crainte de Charly, que son otage meure avant le coup de grâce. Etant donné son âge, la possibilité était grande mais peu importe, il n'obtiendrait pas de pitié de sa part. Les sentiments n'avaient aucune place ici et maintenant, c'est il y a fort longtemps qu'il aurait dû y penser. Lorsqu'un gamin tout juste sorti de l'adolescence voulait rentrer mettre ses parents à l'abri. Lorsqu'un tout jeune papa avait voulu retrouver sa femme et ses enfants pour les protéger. Mais par deux fois, cet homme s'y était interposé, arquant que la défense du pays primait sur celle de sa propre famille. Pourtant, lui n'avait pas hésité à s'assurer que la sienne allait bien. Toujours le principe des riches contre les pauvres, des favorisés contre les laissés pour compte, ...

Il était grand temps de lui rendre la monnaie de sa pièce. Et il allait charger son fils de commencer afin de tester sa loyauté envers lui. Il n'était probablement pas encore prêt à tuer mais il pourrait sans doute l'y amener progressivement s'il arrivait à lui faire prendre conscience que cet homme était à l'origine de tous leurs maux.

Il demanda donc à Patrick d'amener son fils au sous-sol mais toujours les yeux bandés. Il ne prendrait aucun risque avec Paul, ne sachant toujours pas sur quel pied danser avec lui. Dès qu'il fut là dans la pièce, le spectacle pouvait commencer.

« Alors Pierre, comment te sens-tu ? »

« Mais qui êtes-vous ? Que voulez-vous ? Ma famille n'a pas d'argent. Laissez-moi partir, je ne dirais rien à la police. »

« On ne veut rien venant de toi. Sache simplement que tu ne sortiras pas vivant d'ici. Enfin de la pièce si, mais pas de nous. C'est la mort qui t'attend au bout. »

« Mais pourquoi ? Je ne vous connais même pas. »

« Oh si tu me connais, mais le temps a fait son œuvre. Et toi, tu y as participé de manière cruelle. » 

« Je ne vois vraiment pas qui vous êtes. J'ai connu tant de gens, excusez ma mémoire, mais avec l'âge les souvenirs ont tendance à s'effacer. »

« Crois-moi, les miens sont bien présents. Trêve de bavardage, je te présente mon fils Paul. Tu ne le connais pas mais lui a beaucoup entendu parler de toi et il souhaite faire ta connaissance. Le seul problème, c'est qu'il n'a pas le droit de te parler. Ici, il n'y a que moi qui t'adresserait la parole. Donc, il choisira probablement d'autres moyens pour apprendre à te connaître, du moins si c'est son envie. Il a peut-être un autre objectif te concernant, vas savoir. »

Meurtres en Terre LorraineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant