Meurtres en Terre Lorraine

Jeu de dupes

Le 08 septembre 1978 à 21h00, Bunker forêt de Spicheren

Encore une fois, ils étaient arrivés trop tard. Trop tard pour coincer ce tueur en série qui les manipulait et les faisait tourner en rond depuis tant de mois. Mais apparemment, il commence à enchaîner les erreurs puisqu'il a dû changer de fusil d'épaule et rechercher une autre cachette étant donné que des témoins l'ont reconnu sur le portrait robot. En fait, tout a débuté plus tôt dans la journée. Apparemment, des adolescents qui jouaient à proximité du bunker ont entendu des bruits comme quelqu'un qui taperait quelque chose de métallique contre les murs. En s'approchant plus près du site, ils ont aperçu le vieillard venir à leur encontre et leur dire de ne pas faire attention, qu'il s'agissait simplement de travaux dans le bunker et s'en retourna prestement à l'intérieur. Mais ces jeunes n'étaient pas nés de la dernière pluie, ils savaient pertinemment que ce n'était pas le cas. Ils avaient donc fait demi-tour afin de prévenir leurs parents et les autorités qu'il devait certainement se passer quelque chose de louche dans ce bunker.

Bien leur en avait pris. Mais le suspect s'était volatilisé bien avant l'arrivée des enquêteurs. Cependant, il y avait pas mal d'indices sur lesquels l'équipe du Lieutenant Bexto espéraient pouvoir compter afin de retrouver rapidement sa trace. Ils n'avaient jamais été aussi proches de lui mettre la main dessus. Sarah Bexto avait rapidement rejoint son équipe sur place afin d'inspecter l'endroit et y trouver la moindre raison d'y croire enfin. Elle devait toutefois avouer qu'il se faisait tard et que l'obscurité les gênerait plus qu'autre chose. Elle décida donc de faire bloquer l'accès au bunker, de le faire surveiller jusqu'au lendemain matin où son équipe pourrait réellement inspecter ce site. En attendant, inutile de perdre plus de temps sur place. Elle renvoya ses collègues à la maison en leur donnant rendez-vous dès le lendemain matin ici-même et rentra chez elle, le coeur lourd à la pensée qui ne l'avait pas quittée de la journée, celle du Commandant Martin ne se rappelant plus du tout d'elle.

Elle ne savait pas comment faire ni comment agir avec lui désormais. Devait-elle tenter de lui faire rappeler des souvenirs ? Devait-elle lui laisser du temps afin qu'il recouvre tout seul la mémoire ? Elle ne savait pas si elle aurait la patience d'attendre ce moment. Mais trop le stimuler risquait potentiellement d'avoir également des conséquences néfastes sur sa guérison. Elle devait prendre le temps de discuter avec le médecin afin de choisir la stratégie qui convenait le mieux. Seul son rétablissement total et serein lui importait, elle consentirait à patienter le temps qu'il faudrait si cela était nécessaire, même si elle savait d'avance que ça lui en coûterait. Mais il valait vraiment la peine, elle était résolue à se battre pour lui jusqu'à la fin de ses jours. Peu importe ce que les gens diront ou penseront, cela faisait très longtemps qu'elle n'y prenait plus garde.

De retour à son domicile, elle fut intriguée de trouver une lettre déposée au pied de sa porte d'entrée. Elle sut d'emblée qu'elle ne pouvait provenir que de ce détraqué. Ce n'était pas la présence de la lettre en elle-même qui la déstabilisait mais le fait qu'il sache où elle habitait. Elle ne se sentait désormais plus en sécurité nulle part. Même plus chez elle. Il avait réussi à l'atteindre jusque chez elle, c'était la limite à ne pas franchir, celle qui pourrait faire sauter tous les verrous de protection qu'elle s'obligeait à respecter depuis qu'elle exerçait ce métier. Mais en s'incrustant ainsi dans sa vie privée, il l'obligeait à se défendre en dehors de son champ habituel d'action. Et elle n'allait pas s'en priver tant sa colère, sa haine et sa frustration étaient palpables. Mais avant tout, elle devait trouver un abri pour se réfugier cette nuit en attendant de trouver une solution pérenne et sans risque. Mais chez qui débarquer en pleine nuit alors même qu'elle pourrait être sous la menace du tueur ? Il pourrait très bien être planqué dans les parages, attendant qu'elle reparte pour la suivre dans ses moindres faits et gestes, mettant ainsi toutes les personnes qu'elle pourrait approcher en danger. Il n'y avait pas cinquante alternatives. Soit dormir à la brigade, soit tenter de passer la nuit à l'hôpital, profitant ainsi de constater s'il y avait du nouveau concernant le Commandant Martin.