Meurtres en Terre Lorraine

Histoires d'adolescents

Le Lieutenant Bexto savait que le père de Bryan avait fait le bon choix. C'était maintenant au jeune homme de décider de son futur. Mais il paraissait trop perdu pour pouvoir prendre cette décision là maintenant, tout de suite. Elle savait qu'il avait été perturbé par cette gifle dont il devait certainement encore ressentir la morsure sur sa joue. Elle décida donc d'aller lui parler.

« Bryan, on peut parler cinq minutes ? Ne t'inquiète pas, ce n'est pas un interrogatoire, je ne pense pas que tu sois en état de répondre. Mais je suis persuadée que tu es quelqu'un de bien mais que tu veux paraître plus méchant que tu n'en as l'air »

« Qu'est-ce que vous en savez ? Vous ne me connaissez pas ? De quel droit pouvez-vous me juger sans rien connaître de moi ni de ma vie ? »

« Je ne te juge pas, loin de moi cette idée. C'est juste ce que je pense réellement de toi. Il m'a suffi de quelques minutes de discussion avec ton père pour percevoir la situation et comprendre un minimum ce que tu ressens. Tu sais, tu n'est pas le premier à perdre ta mère et tu ne seras pas le dernier, mais ça ne justifie pas tes actes. Tu es assez grand pour comprendre que tu ne peux pas te cacher derrière ça pour excuser ton comportement. Maintenant, tu peux te voiler la face encore longtemps et accuser ton père de tous les maux du monde ou tu peux décider d'avancer avec lui à tes côtés pour te soutenir parce que je pense qu'il a aussi compris ses erreurs. Vous êtes deux âmes en peine qui devez vous pardonner et reprendre votre vie en main. »

« Psy à deux balles. J'en ai déjà une, pas besoin d'une deuxième. Déjà que la première me prenait la tête... »

« Rectificatif : je ne suis pas ta psy, je suis Lieutenant et tu n'es pas là pour un simple délit. Maintenant, à toi de voir. Je te laisse tranquille jusqu'à demain matin pour réfléchir et décider de ce que tu veux pour ton avenir. Soit tu acceptes de collaborer et de répondre à nos questions, soit tu refuses et je peux t'assurer que tu regretteras ce qui adviendra ensuite. Crois-moi, la prison n'est pas faite pour un garçon comme toi. Et je suis persuadée que ta mère n'aurait jamais voulu t'y voir. Bonne nuit Bryan. »

« Lieutenant, attendez, juste une question. Pourquoi vous êtes venus me chercher à mon domicile ? Pour le trafic de drogue ? A cause du meurtre de Patrice ? »

« Pourquoi tu penses ça ? Il y aurait une autre raison de venir t'arrêter Bryan ? »

Le jeune homme ne répondit pas, se contentant de baisser la tête et laisser son regard se perdre dans le vide, les larmes perlant à ses yeux. Sarah partit, le laissant seul avec ses doutes et ses interrogations même si cette situation lui crevait le coeur, elle savait qu'elle n'avait pas d'autres choix. Il paraît que la nuit porte conseil. Il n'était que 17h, Bryan avait encore une petite heure pour changer d'avis, une heure avant qu'ils ne finissent leur service.

D'ailleurs, il était temps de réunir l'équipe pour voir si l'autre duo avait été plus fructueux. Yann et Carole arrivaient d'ailleurs. Dans la salle de réunion, Sarah nota au tableau les nouveaux indices récoltés par son équipe puis laissa la parole à Yann.

« Alors, nous avons pu interroger Samantha Burgo. Elle est clean, rien à redire. Limite trop parfaite même. Mais rien de suspect à priori. Elle n'a pas pu nous donner d'informations sur Bryan ni Aurélie, tout juste qu'elle ne les fréquentait pas en dehors de leurs heures de cours en commun. »

« Et Timothé Reynold ? »

« Aucune trace de lui, du moins à son domicile. Ses parents ne savent pas grand-chose de lui. A priori, ils ne s'occupent pas de lui et ne s'y intéressent pas le moins du monde. Sa sœur Katy était présente. Elle nous a parlé de lui et de ses rapports avec lui. Apparemment, c'est un jeune garçon solitaire, timide, réservé, gentil. Par contre, il serait harcelé par des camarades de classe et Katy serait souvent obligée d'intervenir pour les éloigner et y mettre fin. Quant à savoir où il aurait pu se trouver, elle m'a dit qu'il passait souvent ses fins de journées au parc du Schlossberg à jouer aux échecs avec un vieux monsieur. Il a tout l'air du jeune homme sans problème. »