Chapitre 18

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En effet Sergio était ici depuis deux semaines, et ce n'était qu'aujourd'hui qu'il avait choisi de venir voir le sultan afin de signer les dossiers pour lancement du projet. Les autres jours, il les avait passés dans l'obscurité au tréfonds de son riad, loin de la civilisation et du monde. Il s'en voulait d'avoir traumatisé Naama et il avait aussi honte de son comportement. Qu'avait-il donc faire de tous ces cours de civilisation aristocratique qu'il avait reçu pendant de longues années ? Il s'était comporté comme un goujat. Il avait transformé une journée qui se prévoyait spéciale, en un drame. Sergio avait pensé que certainement Naama n'aimerait pas le voir après son réveil alors, il avait plié bagage afin de lui donner l'espace nécessaire. Son cœur n'avait cessé de se comprimé chaque fois que l'image de Naama allongée sur le plancher par sa faute lui venait en mémoire. Tout son être se languissait de la présence de Naama, mais il s'interdisait d'imposer sa présence à la jeune femme. Toutefois, Sergio était parti non seulement en raison de leur situation, mais aussi pour en finir une fois pour toute avec les suppositions infondées de Naama. Au fond de lui, il le savait, il en était certain, son refus résultait de tous les doutes qu’elle nourrissait encore à son égard. Regardant le sultan aves ses traits tirés, Sergio se demandait comment est-ce que Naama pouvait le soupçonner d’être complice d’un homme tel que lui ? Il fallait que toutes ses suppositions prennent fin, songea-t-il.

-Monsieur le duc, appela le sultan. Signez maintenant.

Sergio quitta sa torpeur et examina le dossier. Tout semblait bien correct, alors Sergio imposa sa signature sur les papiers pour en finir. Se levant sur le coup, il ramassa sa veste pour quitter le bureau.

-Une question monsieur le duc. Pourquoi votre départ précipitée la dernière fois?

Sergio émit un rictus sur ses lèvres. Osait-il vraiment lui demander des comptes?  Sergio avait compris que le sultan lui demandait indirectement s'il avait faire sortir du pays, la femme évadée.

-J'ai bien une vie mouvementée monsieur le sultan, et grâce aux journalistes qui sont toujours à mes trousses, aucune parcelle de ma vie n'est cachée. Alors vous l'apprendriez, si jamais j'apparaissais dans les médias avec une femme orientale à mes bras, dit Sergio en claquant de la langue.

Le soleil du Marrakech était encore à son zénith, lorsque Sergio quitta le bureau du sultan Khalid. Marchant sous le soleil chaud, Sergio regardait droit devant lui, tout comme si les journalistes qui le prenaient actuellement en photo n'existaient pas.

-Tu les entends? Questionna Alfonso, qu'il avait admis en sa compagnie.

Évidemment qu’il les entendait. Les journalistes toujours à l’afflux d’un scoop spécial.  Sergio songeait à quelques choses de spéciale. Lui qui passait son temps à fuir les journalistes, aujourd’hui il songeait à les révéler lui-même, une partie de sa vie. Notamment une partie de sa vie amoureuse. N’était-il ici dans le but de mettre fin une fois pour toute aux doutes qu’avait Naama à son égard ? Il se passa une main dans les cheveux lorsqu’il se souvint que ces doutes, étaient les raisons pour lesquelles Naama le rejetait. Puisqu’il s’agit d’apporter de la clairvoyance, autant retirer le voile sur sa vie également. D’un pas délibérément décéléré, Sergio se rapprocha des journalistes.

Monsieur le duc est-ce la fin de votre séjour ici? Qu'en est-il de vôtre union avec vôtre fiancée Georgina Campbell? Quels sont à présent vos projets pour l'avenir?
Éblouit par leur flash,  Sergio les observait à tout de rôle. Quel projet avait-il encore pour l’avenir, se Questionna-t-il. La richesse, il l’avait déjà. Fait des exploits dans sa carrière, ça aussi il l’avait déjà fait. Il ne lui restait concrètement que de fonder une famille, et il était certain d’avoir trouvé la femme idéale.

-J’ai rencontré une femme. L’unique projet que je nourris pour l’avenir est celui de faire d’elle une Montefeltro. Et cette dernière n’est pas Georgina Campbell.

Un bruit immense s’éleva parmi la foule. Les journalistes, prisent de stupéfaction, se mirent à poser encore de nouvelles questions, mais Sergio ne leur répondit pas. Il prit siège dans sa voiture, et son cortège s’élança sur la poussiéreuse menant à son riad.

Allongé dans le fauteuil d’angle qui trônait au milieu de son salon, il avait les yeux en l’air. Seulement trois heures passées, que déjà le monde entier avait entendu sa confession. Sa mère n’arrêtait de le harceler sur son téléphone portable personnel. Enfin de compte, il avait fini par donner le soin à Alfonso de rejeter toutes les appels venant du manoir de l’Italie.

-J’ai dû lui mentir que vous avez quitté Marrakech il y a peu de temps, annonça Alfonso.

Sergio remua la tête pour toute réponse. Non loin de lui, son fidèle chauffeur et conseillé n’arrêtait de marteler le planché par ses va et viens incessants.

-Alfonso pour l’amour de Dieu, arrêtez ! Ordonna Sergio en se posant une paume de main sur le front.

-C’est que j’ai mes raisons monsieur Sergio, répondit-il. Je maintiens mon point de vue, vous devez-vous méfier de ce sultan.

Sergio claqua de la langue en sortant de sa torpeur. Depuis qu'il avait dit à Alfonso que le sultan Khalid le soupçonnait d'avoir aidé Naama dans sa fuite, ce dernier n'avait cessé de tourner autour de lui le visage blême. Il lisait bien de l'inquiétude dans ses yeux. Vautrer dans son fauteuil, il observait Alfonso sans rien dit.

-Monsieur Sergio, vous devrez m'écouter.

-Alfonso...

Sergio ne voyait pas l'importance de quitter d'ici, puisqu'il n'avait plus rien à faire ailleurs. Où irait-il pour fuir les problèmes? S'il lui prenait de rentrer dans son manoir en Italie, là-bas il aurait à supporter sa mère et Georgina.

-Ce sultan ne m'inspire pas confiance, croyez-moi, et cela, depuis lors de mes voyages ici avec le feu duc Alexandre.

Sergio se repositionna correctement dans son fauteuil pour mieux prêter attention à Alfonso. Bien avant le début de son voyage ici, Alfonso le suppliait de ne pas y aller en raison des problèmes qu'il y avait eût entre son père et le Sultan Khalid. Mais Sergio ne s'était réellement jamais intéressé à cette histoire.

-Pourquoi es-tu si inquiet Alfonso, ce sultan ne peut rien contre moi et tu le sais.

-J'en doute à présent. Écoutez-moi monsieur Sergio, je connais la cruauté de cet homme.

Alfonso avait l'air embarrassé. Des sueurs froides perlaient son front, ce qui attirait de plus en plus l'attention de Sergio. Ce dernier se leva en retroussant ses manches puis alla refermer la porte. C'était l'heure de vérité songea-t-il. Il revint sur ses pas, les mains dans les poches et s'arrêta en face d’Alfonso.

-Alfonso, je crois que c'est le moment, déclara Sergio avec une voix chaude.

Le vieil homme redressa la tête pour l'observer. Son visage était légèrement ridé et un rictus triste s'affichait sur ses lèvres. En effet, avant la mort de son père Alexandre, bien qu'il n'était encore qu'un petit enfant à l'époque, ce dernier ne cessait de dire à Sergio, qu'un jour Alfonso lui dirait toute les vérités dont il ne pouvait lui parler à l'époque.

Amour à Marrakech Où les histoires vivent. Découvrez maintenant