Amour à Marrakech

Chapitre 19

Sergio aimait son père, mais en ce moment, avec ses infidélités répétés et les multiples coups qu'il le voyait asséner à Carole sa mère, Sergio avait fini par le détester. Mais il n'avait jamais oublié ce fameux soir. Ses nuits où il affrontait son père afin de défendre l'honneur de sa mère. Il se rappelait que pour toute chose, son père lui répondait : " A un âge idéal, à une période idéale, tu comprendras. Alfonso te diras toutes la vérité. " Quelques mois après son père avait rendu l'âme. Sergio passa toute le reste de sa vie à supplier Alfonso de lui dire cette vérité, mais ce dernier lui répétait chaque fois la même chose: " contente toi d'être un duc, et je te le dirai lorsque tu seras près "

-En effet oui! Vous êtes bien grand à présent j'en ai bien peur, murmura Alfonso en lui faisant dos.

-Si ça a un lien avec ses infidélités répétés, merci de bien vouloir ne pas me le dis, lança Sergio en claquant de la langue.

Alfonso gloussa aussitôt.

-Figurez-vous que le duc Alexandre n'avait jamais trompé votre mère.

Sergio ria nerveusement. Il n'était pas dupe, sa mère l'avait montré tous les fax qu'il envoyait à ses maîtresses, y compris tous les sommes exorbitants qu'il les transférait.

- Tu cherches une raison pour redorer son souvenir en moi, mais figue toi que c'est trop tard. J'ai vu des preuves palpables Alfonso. Ma mère me montrait tout de ses transactions douteuses, dit Sergio d'une voix remplie de colère.

-C'est bien là, la nature de votre mère.

-Alfonso, grogna Sergio afin d'imposer le respect qui était dû à sa mère.

-Excusez-moi monsieur, peut-être serait-il favorable de reporter cette discussion pour plus tard car j'ai promis à votre père de le faire dans un moment favorable.

Sergio fut irrité face à la décision d'Alfonso de ne pas lui dire la vérité à présent. Qu'était-ce vraiment cette vérité qu'il gardait jalousement au fond de lui depuis plus de dix-huit ans déjà? Toutefois, ne pouvant le forcer, il ne pût qu'accepter son refus de continuer cette conversation. Sergio connaissait parfaitement Alfonso, c'était un homme loyal. Avant d'être son chauffeur et son conseillé, il fût d'abord le chauffeur et duc de son père, le duc Alexandre. Peut-être bien que le véritable problème venait de lui-même songea Sergio. Alfonso n'était pas un menteur, peut-être que c'était l'une des raisons pour lesquelles Sergio ne se donnait pas vraiment les moyens pour connaitre cette vérité. Pour supporter la mort tragique de son père, Sergio s'était penché sur l'image de l'homme odieux et infidèle qu'il était. Peut-être bien que Sergio craignait que, cette vérité ne vint redorer l'image de son père en le plongeant ainsi dans une dépression sans pareil. C'était cela la vérité. Sergio avait peur que par cette seule vérité, il ne finisse dans un gouffre émotionnel.

-Pourrais-je me retirer monsieur ? Questionna Alfonso en s'inclinant difficilement.

Avait-il le courage de le laisser s'en aller ? Depuis quand souhaitait-il connaitre ce secret ? De toute façon il était venu ici pour finir avec les doutes, se souvint-il. Autant en finir également avec celui-ci.

-Dit-moi tout, ordonna Sergio en l'observant droit dans les yeux.

-Monsieur Sergio, je...

-S'il te plaît Alfonso, je suis prêt.

Debout comme un piqué, le vieil observait Sergio arpenté le sol du séjour, bras croisés derrière le dos comme le faisait son père chaque fois qu'il s'agissait d'un sujet important. Il fût un bon homme, pensa Alfonso.

-Promettez-moi de quitter ce royaume aussitôt que vous connaîtrez la vérité, sans fait de dégâts.

Sergio s'arrêta un moment pour observer Alfonso avant de continuer à faire sa ronde. Était-ce si sérieux que ça se demandait-il.

-Si cela en vaut la peine, je le ferai, déclara Sergio d'une voix solennelle.

-Il a de cela des années maintenant, votre père s'était installé ici au Marrakech pour deux longs mois, afin de redorer les relations entre l'Italie et le Marrakech. Ce n'était pas vraiment une initiative qu'il avait choisi, mais c'était sur l'instance de votre mère Carole. Elle désirait absolument construit un hôtel ici à Marrakech. Le même hôtel dont vous avez signé aujourd'hui pour sa construction.

Alfonso garda le silence un instant pour montrer à Sergio, que vint bientôt le plus dur à entendre. Ce dernier lui jeta un regard lui demandant de poursuivre, ce qu'il fît.

-Votre père soupçonnait le sultan Khalid d'avoir assassiné son frère jumeau, le sultan Khamal, lui et sa femme afin de pouvoir régner. Et le sultan Khalid soupçonnait votre père de lui avoir volé des choses qui l'appartenaient. C'était cela la raison des différents conflits entre votre père et le sultan. Votre père avait décidé de choisir un médiateur entre le sultan Khalid et lui afin de ne pas avoir à se confronter de nouveau, mais votre mère s'était opposée fermement. C'était ainsi que, malgré les nombreux avertissements de votre père, votre mère allait négocier directement en tête en tête avec le sultan Khalid. Un soir tandis que le soleil s'était couché, monsieur Alexandre avait décidé d'aller chercher lui-même vôtre mère qui était encore dans le bureau du sultan Khalid. C'était alors...

C'était alors... Que...

-Que quoi? Hurla Sergio le visage déformé.

Rouge de colère, il avait attrapé Alfonso par le col de sa chemise afin de le presser à parler.

-Monsieur Alexandre fût un homme intègre qui n'avait jamais trompé vôtre mère. S'était-elle qui l'avait fait bon nombre de fois avec le sultan Khalid, avoua Alfonso la respiration haletante.

Lorsque Sergio le relâcha brutalement, tous ses sens étaient brouillés. Il pensait plus à la promesse qu'il venait de faire à Alfonso. D'un pas de lion, Sergio quitta la pièce sous les supplications de Alfonso qui lui hurlait de ne pas se confronter au sultan Khalid mais hélas, l'être humain toujours souriant qu'il était avait disparu dès le moment où il avait compris que le sultan Khalid avait posé ses mains ridées sur le corps de sa mère. C'était la bête qui s'était à présent réveillé...Et la bête avait soif de confrontation...