Chapitre 10

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Troisième semaine


C'était Mardi et ils venaient de finir de regarder la télé.

Mycroft était arrivé en retard ce soir-là et avait trouvé Molly qui l'attendait pour souper. Il se sentit étrange. Quelqu'un l'attendait à la maison.

Attendre.

Pour lui.

Une autre chose dangereuse, soigneusement emballée, fut enterrée à la hâte sur la lune.

La télé était éteinte mais aucun d'entre ne bougeait.

- Crois-tu au karma ? Demanda Molly sans crier garde.

Son premier réflexe, comme toujours, fut de détourner l'attention pour lui donner de précieuses secondes pour réfléchir à une réponse adéquate.

- Qu'est-ce qui t'a amené à ça ? Tu as parlé à... Euh... La personne qui vient d'Inde et qui travaille à la cuisine ?

- Maya. Son nom est Maya, dit Molly avec un levant un peu les yeux au ciel. Tu savais que Maya veut dire illusion ? Elle dit que les Hindous croient que l'univers entier est un rêve des Dieux et que nous devrions toujours nous souvenir de ne pas trop s'attacher à quelque chose. Tout est provisoire.

- Oui, je suis au courant de la philosophie, dit Mycroft. C'est un point de vue intéressant.

- Donc, tu crois au destin ? Que tout arrive pour une raison ? Que nous faisons tous parti d'une histoire déjà écrite ? Demanda Molly très sérieusement.

Mycroft haussa une épaule.

- Pas vraiment. Ça semble un peu fataliste pour moi. Ma vie entière a été consacrée à faire en sorte que les choses se passent comme j'en ai besoin. Comment les deux idées s'harmonisent ?

- Eh bien... Peut-être que c'est exactement ce que tu devais faire parce que les choses que tu fais arriver sont celles qui devaient arriver ?

Il la regarda attentivement et lui demanda très lentement.

- Est-ce que quelque chose te tracasse ? C'est à propos de Sherlock ? Je sais que tu es enfermée ici depuis deux semaines et que ça doit être difficile. Peut- être que tu essayes de rationaliser ce qui t'arrive ?

- Oh non, elle eut un petit rire. Tu ne le croiras peut-être pas mais il ne s'agit pas toujours de Sherlock ! Je pense comme ça tout le temps. Être entourée de personnes mortes tous les jours a tendance à rendre la vie plus philosophique. C'est juste que... Eh bien.

Elle hésita.

- Je n'ai jamais eu personne à qui parler avant qui était assez intéressé ou attentionné pour avoir cette conversation.

Elle se leva de son fauteuil.

- Eh bien, je ne vais pas te retenir avec mes divagations nihilistes existentielles. Je suis sûre que tu as dû avoir une longue journée fatigante. Bonne nuit.

Et sur ces mots elle partit, alors que Mycroft restait assis là, les doigts tapotant le bras de son fauteuil. Nihilisme existentiel. Hmmm. Ça. Ici. Aujourd'hui. Molly dans sa maison. Avoir cette conversation. Cela devait-il arriver ? Et qu'est-ce que ça voulait dire si c'était le cas ? Et qu'est-ce que ça voulait dire si leurs actions avaient permis que ça se produise ?

Et... Pourquoi est-ce que ça l'effrayait de penser que d'une façon ou d'une autre cela aurait pu ne jamais arriver parce qu'ils avaient fait ou non quelque chose ?

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