Chapitre 13

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C'était soirée télé. Après deux épisodes de Midsomer Murders, Mycroft lui avait demander de lui épargner de regarder plus de traumatismes, de trahisons et de douleurs auxquels il faisait face chaque jour. Ils avaient essayé QI et Monty Python et avaient finalement décidé de regarder Doctor Who.

Mycroft apprécia, bien que les trous de l'intrigue soient si grands qu'on pouvait y loger une galaxie entière. Mais il aimait l'idée d'un espace- temps comme terrain de jeu. Tant de connaissances, tant de pouvoir, tant de potentiel. Tellement de tout.

En fait, le dernier Doctor lui faisait penser à Sherlock, avec son visage long et fin, un choc de cheveux bouclés (bien qu'ils soient presque blanc), un comportement impulsif et imprudent et ce besoin de toujours gagner. Il entraperçut dans son œil mental, une seconde seulement, son frère alors vieux, les cheveux gris mais les yeux toujours vifs et prêt à relever un défi.

Il se vit aussi, plus vieux, avec des cheveux blancs, assis dans une chaise à lire un livre, son parapluie appuyé contre lui, un verre de vin sur la table à côté de lui.

Il aima ça.

Puis son cerveau l'effraya réellement et sincèrement en lui montrant Molly assise à côté de lui, les cheveux gris mélangés à un doux brun, pelotonnée dans le canapé, portant des lunettes, lisant un livre et lui souriant, avec une assiette de cookies à côté d'elle.

Il se leva de la chaise si brusquement, presque en panique, qu'elle fut surprise.

Il lui dit qu'il s'était souvenu de quelque chose sur laquelle il devait travailler.

- Ok, dit-elle et elle attrapa la télécommande pour éteindre la télé.

- Oh, ne t'arrête pas pour moi, continue, lui dit-il poliment alors qu'il quittait la pièce.

- Non, ça va, dit-elle. Ce n'est très pas drôle de la regarder toute seule.

Ce n'est pas drôle de la regarder sans toi, fut ce qu'il entendit, la solitude n'était plus une bonne option et il s'enfuit dans sa chambre sans un mot.

Il ne pouvait pas se concentrer sur sa lecture donc il alla se coucher.

Cette nuit-là, Mycroft rêva qu'il était le Docteur. Il ouvrit la porte du TARDIS et regarda les galaxies infinies, les potentielles vies infinies et il se retourna pour trouver son compagnon afin qu'il puisse vivre des aventures infinies ensemble.

Molly était là, debout, à le regarder avec un doux sourire. Elle lui demanda:

- Tu sais ce qui es plus gros à l'intérieur ?

Et elle posa une main sur son cœur.

Mycroft se réveilla totalement paniqué, terrifié et trempé de sueur. Qu'est-ce qui lui arrivait ? Était -ce une sorte de syndrome de Stockholm inversé ? Il avait besoin que ça s'arrête. MAINTENANT. Ou il allait devenir un gâchis inutile comme tous ces gens ordinaires. Il ne pouvait pas se permettre de s'abaisser à ce niveau. Il ne pouvait pas se permettre d'avoir des sentiments. Ugh, il frissonna à ce mot.

Il avait besoin que Moran soit retrouvé MAINTENANT et que la menace revienne à des niveaux normaux pour qu'elle puisse retourner dans son appartement.

Il passa le reste de la semaine à tout mettre derrière lui pour y arriver. Il passa ses soirées au Diogenes Club et rentrait à la maison bien après que Molly se soit retirée. Il s'assurait de partir sans la voir le matin.

Après trois jours, il reçut un texto depuis son nouveau téléphone.

« Est-ce que tout va bien ? »

« Oui », texta-t-il.

« Ne t'inquiète pas » ajouta-t-il dans le message suivant.

Son téléphone vibra à nouveau.

Seigneur Dieu, elle lui avait envoyé un emoji ?? Un smiley souriant avec les yeux ouvert le regardait.

Il éteignit son téléphone et le rangea.

Mais une part de son cerveau souriait tandis que l'autre relevait le niveau de menace à 10. Alertes rouges, klaxons, cloches et sirènes hurlaient. La cavalerie toute entière était convoquée.

La lune manqua de place pour creuser des trous

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Beaucoup plus tard cette nuit-là, alors que Mycroft était enfin au lit à 3 heures du matin, il prit un petit morceau du gâteau aux fraises dans le frigo et le mangea tout en lisant son livre :

La Légende de l'Araignée et du Fil de Soie tenu par la Main de Dieu

Il y a une vieille légende danoise avec une leçon pour nous tous

D'une araignée ambitieuse et de son ascension et de sa chute

Qui tissa sa toile avec un soin méticuleux

Puis, dans un luxe doux et oisif, il se régalait chaque jour

Des petits insectes imprudents qu'il attirait comme ses proies

Devenant de plus en plus arrogant et suffisant tout le temps

Il vivait comme un 'roi' satisfait de lui-même

Et en regardant un jour le rivage suspendu

Il dit « je n'en ai pas besoin » alors il déchira sans réfléchir

Le fil qui maintenait sa toile en place

Et avec une rapidité soudaine la toile se froissa dans l'espace.

Et ce fut la fin de l'araignée qui grandit

Si arrogamment fier qu'il ne savait pas plus

Que c'était le fil qui descendait d'en haut

Comme la corde de la grâce de Dieu et Son amour infini

Qui relie nos vies à la grande inconnue.

Car l'homme ne peut pas vivre ou exister seul.

Et cette vieille légende racontait avec simplicité

Une morale qui est aussi vraie que la légende est vieille.

Anonyme, trouvé dans Old Bible Circa 1940

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Ça se corse on dirait pour Mycroft... Des crises paniques à gogo et voilà qu'il veut maintenant mettre Molly dehors le plus vite possible. Il va être temps que Miss Molly reprenne les choses en mains.

Notes de fin de chapitre de l'auteur

Le poème a été apparemment trouvé dans une Old Bible Circa, 1940.

Petite précision de la traduction : pour le poème j'ai laissé le « Il » d'abord parce que c'est ainsi que l'a écrit l'auteur et aussi parce que j'ai trouvé que ça gardait un lien avec Mycroft.

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