Le Sorcier Vert, Tome 1

Chapitre 23 : Chaos à Somna

Loin de tout ça, en plein cœur de Somna, la grande capitale du royaume des humains, le chaos s'apprête à commencer son règne. Si durant ces deux semaines le trio a retrouvé des forces, Alexander n'a pas ménagé les siennes, rejoignant la ville et s'y cachant. Durant de longs jours, il attend, regardant le temps passer, espérant avoir des nouvelles. Jusqu'au jour où il en reçoit enfin.

Le draconnique est installé dans une auberge, ne sortant que très peu afin d'éviter tous problèmes. Il a tout de même réussi à entrer en contact avec une ancienne collègue, une sirène, qui donnerait ses écailles pour voir Lykho mort. Donc c'est une bonne alliée. C'est après plusieurs jours de silence qu'enfin elle vient à sa rencontre, apportant avec elle les nouvelles et les informations qu'il désire. La jeune femme en question a des cheveux roux et des yeux marrons, son visage est parsemé de tâches de rousseurs et elle dégage une légère odeur d'air marin. Elle est presque aussi grande qu'Alexander et ses bras nus sont recouverts de cicatrices.

- Ça fait un moment, Alex, et on dirait que tu n'as pas perdu ton temps. Mais je pense que les questions peuvent attendre. Je connais quelqu'un qui peut te faire entrer... « là-bas ». Il est du bon côté, alors tu n'as pas à t'en faire, dis-moi juste quand et je t'organise ça.

- Merci Lusin. Tu peux me préparer ça pour aujourd'hui, dans la soirée ?

- Aucun problème ! Tu es sûr que tu ne veux pas... un plus gros coup de main ?

- Certain, garde tes forces, ce n'est que le début d'une tempête bien plus grosse.

- Comme tu veux, alors. Je contacte le gars, il s'appelle Ditor, il t'accueillera par l'entrée des gardes.

L'Elfe lui offre un sourire reconnaissant alors que la sirène s'en va après lui avoir jeté un dernier regard. Une fois seul, Alexander jette un regard à sa chambre. Elle ne lui a pas coûté cher, heureusement. Le calme qu'elle lui a permis de gagner était nécessaire. Maintenant il peut y aller. Il peut aller la chercher. Ses doigts viennent toucher les pierres incrustées sur son front, la fraîcheur qu'elles dégagent ont le don de le détendre. Tous les Elfes-Dragons possèdent cette étrange particularité. Plus leur sang est similaire à celui de ces animaux géants, disparus trop tôt, plus les pierres sur leurs fronts sont nombreuses. Alexander fait parti de ceux qui en possède le plus. C'est grâce à cela qu'il peut utiliser le Draconien Pur.

L'homme quitte alors son lit, ouvrant la fenêtre afin de regarder la ville. Bientôt, l'ambiance sera complètement différente. Si l'on redonne à ces guerriers leurs êtres chers, ils ne feront pas la bêtise de les perdre une seconde fois. Devant ses yeux se dresse le palais, bien plus grand que celui d'Iluya, aux murs de pierres blanches et aux jardins immenses, où des arbres et des parterres de fleurs viennent accueillir les animaux. Pourtant, autour de cette richesse et de cette beauté, une fois les belles maisons et les beaux commerces dépassés, on ne trouve que la maladie et la douleur. Ceux qui ne parviennent pas à suivre le rythme de ces « riches », ceux qui ne le peuvent plus, sont isolés dans les recoins de la ville pendant un temps, puis ils sont jetés dehors. Avec l'impossibilité de partir de Somna quand ils le désirent, avec l'interdiction d'y revenir. Ce qui ne fait qu'enrager un peu plus les soldats encore sains d'esprits, ils n'ont pas signé pour voir les innocents qu'ils protègent être ainsi traités. Même si Alexander n'agit pas pour eux, il espère que ça leur permettra de fuir ou de retrouver un brin de vie normale.

Il lève la tête vers le ciel, où le soleil commence sa lente descente annonçant la nuit. Dans les rues, les gens accélèrent leur cadence, désirant finir ce qu'ils ont à faire avant la tombée du jour. L'Elfe finit par abandonner sa fenêtre, récupérant le peu d'affaires qu'il a, soit une bourse de pièces, avant de sortir de la chambre, utilisant les escaliers pour descendre dans la salle à manger. La femme au bar l'observe d'un mauvais œil alors qu'il finit de payer ce qu'il lui doit pour la journée.