La femme

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Inspirer, expirer, inspirer, expirer...

Répéter cette lente action est la seule chose à laquelle je me raccroche en ce moment. Focaliser mon attention sur mon souffle. Mes deux boites de porcelaine fonctionnent correctement et cette seule pensée m'arrache un sourire. Du moins je le crois. Comment savoir alors que l'unique signe provenant du monde extérieur est le bruit assourdissant résonnant dans mes oreilles. Les acouphènes brisant mes tympans me provoquent d'horribles douleurs. Suis-je allongée ? Ce pourrait-il que mon subconscient me joue un mauvais tour ? Peut-être suis-je seulement plongée dans un mauvais et douloureux rêve. Aucune crise pulmonaire à l'horizon, cela n'explique donc pas mon état.

Je tente alors vainement de remuer mes membres. Plongée dans du coton, mon cerveau est la seule chose à laquelle je décide de m'accrocher. Ce dernier semble fonctionner normalement. La preuve, me voilà perdue dans mes réflexions. Cet état second me pétrifie au fur et à mesure que le temps s'écoule. Rien ne semble s'améliorer. Tout ne fait qu'empirer. Le calme m'enveloppant jusqu'à présent montre des signes de fatigue. Est-ce la fin ? Me voilà destinée à errer dans mes pensées pour le reste de... Le reste de quoi ? Le reste de ma vie ? Mais suis-je seulement vivante ?

Me sentant couler, je veux crier, me faire entendre mais surtout comprendre. Être ainsi dans l'ignorance la plus totale est la pire chose que je puisse imaginer. Il y a de quoi sombrer dans la folie. Je dois sortir de cette transe, sauver le peu de vitalité logée au creux de mon être. Il est certain à présent que je suis en vie. Je ne peux pas concevoir la mort de cette façon, si pleine de réflexions. Cette constatation faite, je ne parviens toujours pas à retrouver mon calme. Comment reprendre son souffle alors que ma respiration semble parfaitement bien aller ? Ma gorge me démange tellement... Je voudrais utiliser mes mains, toucher ou même sentir quelque chose, tout sauf la douleur. À vrai dire je ne suis même pas sûre de souffrir. Toutes ces incertitudes m'étouffent et me compriment la poitrine.

Sans crier gare, toute la tension quitte mon cœur et m'électrocute le corps. Je sens soudainement la douleur. Ma respiration se fait erratique et je peine à laisser entrer l'air frais dans mes poumons. Étrangement, ce choc passé, je m'imagine sourire. Je ne peux pas le confirmer ne sachant toujours pas si mon cerveau est encore le chef d'orchestre de mon corps. Qui dirige cette énorme machine à cet instant ? Une chose est certaine, il ne m'a pas encore totalement abandonné et me laisse la possibilité de penser. Peut-être devrait-il cesser car la situation semble complètement déraper.

Tous mes membres anesthésiés, je ressens pourtant une douleur violente dans ma poitrine. Mon envie de sourire est loin à présent. La souffrance est insupportable et si mes cordes vocales m'empêchent de hurler, mon cerveau, lui, me permet toujours de pousser tous les cris que je souhaite dans ma tête. J'en viens même à regretter mon état végétatif précédent.
Sans aucune notion du temps, je ne peux dire si ma douleur dure depuis des heures ou des secondes mais cela m'importe peu, je veux simplement que cela cesse d'une manière ou d'une autre.

Et puis il sort, le cri de mon âme. Je sais qu'il est réellement sorti et tout se remet à fonctionner beaucoup trop rapidement. Les événements s'enchaînent à une vitesse étourdissante. Je sens des mains, j'entends des voix, je devine de la lumière à travers mes paupières clauses, j'inhale une forte odeur de désinfectant, d'iode, de la Bétadine pour être plus précise. Du mouvement m'entoure, m'englobe, beaucoup trop de mouvement pour ma pauvre personne encore étourdie. Le retour à la réalité est plus que violent.

— Mademoiselle ?

Des voix lointaines et une lumière, une source de jour qui vient brûler mes rétines à présent entres-ouvertes contre leur gré. On m'ausculte vigoureusement.

Le Réveil des ÉlémentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant