Un flocon sur une piste

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— Tu dors ?

Je rumine seule dans mon lit et ne parviens pas à trouver le sommeil. Trop de questions, pas assez de réponses, trop d'incertitudes sur le futur. Exaspérée, je pousse un râle et m'écrase la tête avec mon oreiller. Je reste ainsi, les yeux ouverts, à me poser de nombreuses questions existentielles. Il faut que mon cerveau se taise. Je retire le coussin de ma tête et me penche.

— Léon, je souffle.

Toujours pas de réponse. Il dort profondément et semble plongé dans de merveilleux songes. Endormi dans un matelas au pied de mon lit, il paraît apaisé et calme. Il est tentant de le rejoindre dans ses rêves. Je suis prête à grappiller la moindre seconde pour être à ses côtés. Il me fait du bien, c'est une certitude. Aujourd'hui, en ce beau dimanche qui signifie également la fin de notre week-end, je prévois de grandes choses. Nous avons passé notre samedi à rire et à marcher dans le petit village de Notre-Dame-de-Bellecombe. Mais aujourd'hui, j'ai besoin de plus. Il m'a promis une année haute en couleurs, alors pourquoi ne pas commencer dès ce matin ? Après tout, ce que Léon m'a dit n'est que la stricte vérité. Je n'ai plus le temps de m'apitoyer sur mon sort et de jouer la sainte-nitouche. De nombreuses idées se bousculent dans ma tête. Je ne suis pas sûre de toutes les assumer à mon réveil, mais me projeter ne pourra m'être que bénéfique.

— Léon, tu dors ?

Je n'ai plus la force d'affronter seule mon insomnie et même si le réveiller est un acte égoïste, mon cerveau est trop embrumé pour faire des choix rationnels et censés. Doucement, je repousse ma couette et m'assois sur le rebord de mon lit. J'hésite encore à le réveiller. Jetant un coup d'œil sur mon réveil, je me décide. Il est deux heures du matin, je n'ai pas le temps de réfléchir. Alors, avec la plus grande discrétion, je quitte mon lit et m'agenouille près de Léon. Je secoue légèrement son épaule tout en l'appelant.

— Humm...

— Je n'arrive pas à dormir.

Il relève la tête et tente d'ouvrir les yeux. Ces derniers fixent mon réveil.

— Tu as vu l'heure ? Ce n'est pas le moment de tergiverser dix ans, il faut dormir.

— Mais j'essaie, soufflais-je exaspérée.

Il pousse un râle puis soulève sa couette.

— Allez viens.

— Dormir avec toi ?

— Ma proposition ne va pas tenir toute la matinée. Dans deux secondes je me rendors. En plus il caille sans couette.

Sans plus réfléchir, je me faufile sous la couverture. Tendue à l'extrême, je n'ose pas bouger d'un centimètre. Soudain, la main glacée de mon ami se pose sur mon flanc droit et me colle contre lui.

— Détends-toi. Allez dors, maintenant.

Trop épuisée, je me laisse aller dans ses bras et m'endors.

❄❄❄

Je n'arrive plus à respirer. Ouvrant largement ma bouche, j'inspire une grande quantité d'air. Mes narines ne sont pas obstruées de façon naturelle. Je sens comme un pincement sur mon nez. Ce réveil, loin d'être agréable, n'aide en rien ma mauvaise humeur matinale. J'ouvre les yeux à contre cœur et le visage de Léon si près du mien me fait sursauter. Je me recule d'un bon mètre les yeux grands ouverts.

— Tu baves dès le matin, ce n'est pas très ragoûtant

— Pardon ?

— Ça va faire une heure que tu ronfles et que tu baves. Je voulais voir si te boucher le nez pourrait te faire taire mais c'était peine perdue. Mais le plus fou, c'est que même la nuit tu parles pour ne rien dire.

Le Réveil des ÉlémentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant