Un
Deux
Trois
Quatre
Et cinq...Je compte ainsi sans pouvoir m'arrêter. Scrutant chaque parcelle de son visage.
Un
Deux
Trois
Quatre
Cinq.Mes yeux survolent ses grains de beauté les uns après les autres. C'est la seule chose qui me raccroche à la réalité.
Un
Deux
Trois
Quatre
CinqIls sont les seuls choses ne recevant aucun impact. La respiration de mon ami se régule bien mais chaque changement de rythme est trop difficile à supporter. Aussi, je me suis mise à compter ses grains de beauté. Le premier se situe sur le sommet de sa pommette gauche. Un autre plus discret se positionne sur le bout de son nez. Le troisième, juste au-dessus de sa lèvre droite se fond presque avec sa peau. Enfin, les deux derniers, dessinés dans son cou, m'apparaissent comme les plus voyants. Je trace ainsi le contour de son visage du regard, m'arrêtant sur chacun de ses grains de beauté.
Voilà deux semaines que Léon est plongé dans un coma artificiel. Les médecins affirment que son corps a besoin de repos. Le choc de l'accident a endommagé certains de ses organes. Son pronostic vital n'est pas engagé mais je m'autoriserai à me réjouir seulement à son réveil. Avant cela, je continuerai à le visiter à l'hôpital à la fin de chaque journée de cours, après chaque séance de kinésithérapie. Moi qui ne supportais pas de devoir retourner à l'hôpital pour mes séances, voilà une bonne excuse pour rendre visite à Léon.
La deuxième semaine de nos vacances de février a été si terne sans mon ami pour égailler mes journées... Puis la rentrée est arrivée et l'idée de supporter les cours sans Léon me paraissait insurmontable. Mais avais-je seulement le choix ?
Depuis l'annonce des médecins en début de semaine, mes visites se sont allongées. Ils ont enfin convenu que le corps de Léon pourrait supporter son réveil. Aussi, depuis trois jours, ils lui injectent pas à pas les médicaments qui permettront à mon ami de reprendre son entière conscience.
Ma main dans la sienne, j'attends impatiemment qu'il la serre. Par moment - et surtout depuis ces trois derniers jours-, il parvient à montrer des signes de réveil. J'ai appris ce matin que ses yeux s'étaient ouverts rapidement la veille. Il parvient même à parler. Rien n'a jamais vraiment de sens pour nous mais c'est déjà une grande avancée qui présage le meilleur.
Mon impatience légendaire m'empêche de savourer ces moments à leur juste valeur, je souhaiterai que tout s'accélère, qu'il se réveille enfin. J'ai bien conscience qu'un réveil brutal pourrait lui être fatal, mais j'espère qu'il pourra enfin ouvrir les yeux et me sourire.
La sonnerie de mon portable m'oblige à lâcher la main de Léon. Un nouveau message de Sébastien. Cela fait plus d'une semaine qu'il tente de me joindre. Que ce soit à l'école ou à l'extérieur, je fais tout pour l'éviter. La seconde chance que je souhaitais lui accorder semble s'être envolée avec le sourire de Léon. Comme à mon habitude je coupe le son de mon téléphone et redonne toute mon attention à l'homme devant moi. Quelques petits poils commencent à apparaître sur sa peau. Je le pensais imberbe mais peut-être se rase-t-il pour éviter à sa barbe de se développer.
Alors que je nous croyais seuls pour la matinée, la poignée grince doucement. Je tourne la tête et qu'elle n'est pas ma surprise en découvrant Sébastien dans l'entrebâillement de la porte. Le visage crispé, il me sourit et me fais signe de le suivre. Clairement mal à l'aise de rester devant Léon, je le suis sans rechigner. Une fois à l'extérieur de la chambre, je le dévisage mécontente.
— On peut savoir ce que tu fais ici ?
— Tu m'évites alors c'est l'unique moyen que j'ai trouvé pour te parler. Et puis Léon est aussi mon ami.
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Le Réveil des Éléments
FantasyComment pouvait-elle s'imaginer, comment pouvait-elle penser que sa vie était basée sur un mensonge, sur une simple et possible erreur médicale ? Pourtant, au plus profond de son âme, quelque chose lui criait que cette vie n'était que la couverture...