Les mystères inachevés

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Les pieds enracinés dans le sol, je ne peux plus bouger. Comment le pourrais-je ?

La porte numéro 114 semble si imposante, si effrayante... Qui sait ce que je trouverai en la franchissant. Suis-je sincèrement prête à le découvrir ? Ai-je seulement envie de le voir ? Pourtant, je me dois d'entrer. Si je recule au premier obstacle de notre amitié, si je fuis, je ne me le pardonnerai jamais.

À vrai dire fuir est une compétence dans laquelle j'excelle. Peut-être est-ce dû à mon passif familial. Mon père a fui ma maison sans un regard en arrière et ma mère ignore la réalité en me confinant à l'intérieur. Pourtant, je ne pense pas être naïve et aveugle au point d'accuser mes parents. Ils n'ont pas été parfaits et ont fait de moi ce que je suis aujourd'hui, mais il serait stupide d'ignorer le fait que je me suis également construite toute seule. Tous mes défauts ne viennent pas que de ma famille, comme toutes mes qualités ne sont pas un héritage. Je suis la personne que je suis et mon histoire familiale a juste influencé certains de mes traits de caractère. Elle a été la fondation de ma vie, non pas les briques.

Si je fuis aujourd'hui, je n'aurai personne à blâmer mis à part moi-même. Je serai l'unique fautive d'une erreur qui causera la fin d'une naissante et belle relation.

Assumer, combattre, vaincre.

J'inhale une ultime fois, emplissant mes poumons d'air et pose ma main sur la poignée. Je dois me presser, si le médecin de mon ami passe par ce couloir, il m'empêchera d'entrer.

« Presse-toi ! » criais-je intérieurement. « Ouvre cette foutue porte ! »

Impossible de raisonner mon inconscient. Mon être entier refuse de donner l'ordre à ma main d'actionner la poignée.

Figée, les yeux fixés sur le blanc de la porte, je ne réponds plus de rien. Le poids sur mes épaules est beaucoup trop lourd. Et je la lâche. Je retire ma main de la poignée et cours vers les toilettes.

Le chemin séparant les deux portes semble interminable et une fois arrivé dans le petit habitacle, je vomis. Mon corps rejette toute la négativité de ces dernières douze heures, tout le stress, la tension, l'hésitation. Mais dans ces pulsions incontrôlables de mon estomac, mon corps évacue également un peu de mon courage. Je ne suis pas prête à entrer. Tout mon parcours pour accéder à cette porte est vain.

J'imagine le pire. Hormis m'interdire de le voir, personne ne m'a donné d'indications sur l'état de Léon. Peut-être est-il seulement légèrement blessé, ou peut-être est-il plongé dans un coma profond. En réalité je ne connais même pas les conditions de son accident, ma mémoire subissant un blocage.

Je m'affale contre la porte des toilettes et ferme les yeux. Je dois essayer de me rappeler ! Visualisant le visage de mon ami, ma mémoire ouvre doucement ses portes. « Souviens-toi ! »

La dernière chose dont je me souviens est de quitter Léon à mon arrêt de bus.

Il est sur la banquette arrière et me salue en grimaçant. Je ris sur le bord de la route en observant mon ami s'éloigner et disparaître au premier virage. Suite à cela, je décide d'aller acheter du pain. Nous sommes à court de provisions et un repas sans pain est un repas raté. Le boulanger me sourit et me rend la monnaie.

Mon téléphone vibre, tout se débloque et les images s'enchaînent.

—    Maman ? Que puis-je faire pour toi ?

—    Nous n'avons plus de pain à la maison.

—    Je t'ai devancé Garance Mont. Je tiens en ce moment même le Graal entre mes mains.

Le Réveil des ÉlémentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant