Je suis assis sur le siège passager, l'homme est agenouillé devant moi, à nettoyer la plaie de mon genou droit. N'ayant plus le soleil dans le visage et la tête en vrac, je peux enfin le voir clairement. Il semble d'un certain âge de part ses rides. Je le remercie lorsqu'il a terminé et m'apprête à repartir lorsqu'il m'arrête.
— Attends, tu repars ? Je hoche la tête, silencieux. Ton vélo a besoin d'une nouvelle courroie, tu ne peux pas repartir avec. Tu as l'air épuisé, depuis quand roules-tu ? Je hausse les épaules. Laisse-moi te déposer quelque part.
J'accepte après un léger temps d'hésitation, je n'ai après tout rien à perdre. Ne plus pouvoir utiliser mon vélo va en plus de cela me retarder. Il sourit, attrape mon vélo et le met dans le coffre. Je m'assois à nouveau sur le siège passager et j'ai l'impression que tout mon corps se détend d'un coup, après tous ces efforts épuisants. Sans vraiment m'en rendre compte, je finis par m'endormir, après lui avoir donné l'adresse du diner.
J'ai fait un rêve assez étrange où maman m'avait retrouvé avant que je n'arrive à la falaise. Elle pleurait beaucoup, semblait vraiment triste, elle n'arrêtait pas de s'excuser, de me prendre dans ses bras. Pourtant moi je ne pleurais pas, je ne bougeais pas non plus, les bras ballants, comme une poupée de chiffon. Puis d'un coup, tout s'est fini, le vieil homme m'a sorti de mon sommeil. Je m'étire et regarde autour de moi.
— Allons manger quelque chose et voir si on peut changer la courroie de ton vélo. Je ne réponds pas et le suit.
A l'intérieur, l'air est frais et ça sent bon. Mon ventre se met à grogner. Le vieil homme s'est éloigné, tandis que je pars rapidement aux toilettes. Je regarde mes blessures recouvertes de pansements dans le miroir abîmé. Je fais peur à voir, avec mes cheveux bouclés dans le désordre, ma peau luisante par la chaleur et blanche comme un cadavre. Je me rince le visage et remplis ma gourde.
Quand je sors des toilettes, le vieil homme est assis à une des tables et me fait signe de le rejoindre.
— J'ai commandé de quoi manger, et quelqu'un s'occupe de ton vélo !

VOUS LISEZ
la falaise de la liberté
Historia Cortalettres terminées, sac fermé, gilet et rangers enfilés. je rejoins les rayons de soleil qui font enfin leur arrivée. je grimpe sur mon vélo fatigué, lance un dernier regard à cette maison en ruine, prends une longue inspiration et me laisse enfin...