Chapitre 2

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Kadarel avait chevauché toute la nuit et atteignit enfin son village au lever du jour. Il stoppa son cheval et écarquilla les yeux : il n'y avait plus que des ruines. Il avait vu de nombreuses batailles depuis qu'il était dans l'armée, depuis son vingtième anniversaire, mais l'image de son village dévasté et des corps couverts de couvertures s'encra dans son esprit. Cela ne ressemblait pas à la barbarie des hommes ... Le jeune soldat posa pied à terre et se dirigea vers les rares personnes qui trainaient parmi les décombres, tels des âmes en peine. Kadarel reconnu immédiatement la boulangère :

- Héria, souffla-t-il en s'approchant de la femme.

- Mon petit, tu es revenu ... murmura la boulangère les yeux et la voix vides d'émotions.

- Tu sais où est ma femme ? Lui demanda immédiatement le jeune homme.

- Non ... cela faisait quelques jours qu'elle n'était pas revenu au village. Votre maison est un peu trop à l'écart et je n'ai pas eu le temps d'aller la voir ... Elle était souffrante ces derniers jours ... je ne l'ai plus revu depuis une semaine, répondit la femme.

« Il y a encore un espoir, se persuada Kadarel en remontant sur son cheval. Ils n'ont peut-être pas vue notre maison ! »

Cette dernière se trouvait à deux petits kilomètres du village. Le jeune soldat s'y précipita au galop. Il n'avait que sa femme au monde. Ses parents étaient morts pendant cette interminable guerre qui avait débuté il y a 8 ans. Erikia, sa femme, avait aussi perdu ses parents. Ils étaient des amis d'enfances et ils avaient grandi ensemble. A son passage à l'âge d'homme (17 ans), Kadarel s'était engagé dans l'armée et 2 ans après sa formation, il était revenu et avait demandé Erikia en mariage. Malheureusement, il était repartit un an plus tard pour combattre. Il avait pu revenir de temps en temps lors de ses permissions. Sa dernière venue datait de seulement trois mois ... mais il ne reconnaissait rien autour de lui. Tout était complètement dévasté. Il pressa son cheval de plus en plus en voyant de la fumée au-dessus des arbres.

Kadarel arriva enfin mais il ne put croire ce qu'il vit : sa maison n'était plus qu'un tas de ruine elle aussi. Le jeune soldat sauta de son cheval et couru vers les décombres :

- Erikia ! hurla-t-il à plein poumon en fouillant partout.

Pendant plusieurs heures, des interminables heures, le jeune homme fouilla dans les ruines. Ses mains étaient dans un sale état, son morale aussi. Il ne trouvait rien : Erikia était-elle vivante ? S'était-elle enfuie ? Comment allait-il pouvoir chercher dans toute la région ?

C'est alors qu'il trébucha sur quelque chose. Son cœur se brisa complètement : devant lui, le corps sans vie de sa femme était étendu dans une mare de sang. Il se pencha et prit le visage d'Erikia dans ses mains. Son monde venait de s'effondrer, ne laissant place qu'à la tristesse, la haine et la vengeance.

Jusqu'à la nuit tombée, Kadarel enterra dignement sa femme dans le sol de ce qui avait été leur jardin. Il s'en voulait de ne pas avoir été là ... il n'avait pas pu sauver le dernier membre de sa famille. Il n'avait plus rien à présent que sa lance et quelques pièces d'or qu'il avait pu retrouver dans les décombres. Les meurtriers d'Erikia n'étaient donc pas venu pour l'argent ... Pourquoi cette attaque alors ? Juste pour verser le sang de pauvres innocents ?

Le jeune homme s'agenouilla sur la tombe de sa femme en déposant un bouquet de fleur qu'il avait pu cueillir aux abords de son ancienne maison. Il était perdu ... il voulait se venger ... mais il ne savait même pas s'il en avait la force et la volonté ...

- Les humains sont vraiment des êtres étranges ! Annonça alors une voix faisant sursauter le soldat.

- Qui est là ? demanda Kadarel sans vraiment avoir envie de le savoir, il s'en moquait.

- Quelqu'un qui s'intéresse à toi pauvre petit humain effondré, répondit la voix envoûtante et moqueuse.

Kadarel ne répondit pas, il devait délirer. Il reporta son attention sur la tombe, replongeant dans le tourbillon noir qui l'enveloppait. Mais quelques secondes après avoir détourné son attention, le jeune soldat se sentit être empoigné et projeté à quelques mètres de là où il se trouver. Il retomba lourdement sur le sol et sentit quelqu'un lui attraper les bras et les plaquer contre le sol :

- Ne m'ignore pas misérable humain, reprit la voix inconnue.

Kadarel put enfin voir celui qui lui avait parlé. La personne qui le maintenait fermement au sol devait avoir son âge ou un peu plus. Mais ce qui frappa le plus le jeune soldat c'était que celui qui se trouvait devant lui ne ressemblait pas à un humain :

- Un démon ?!     

Le Pacte du DémonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant