Chapitre 2

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Chapitre deux



Alors qu'il faisait encore nuit, Stiles se réveilla allongé sur le dos, déboussolé. Il tourna sa tête vers la place vide à côté de lui et tout le revint en mémoire comme une vague d'eau qui frapperait son visage. Derek ne sera plus allongé à ses côtés. Sa respiration s'accéléra, son torse se souleva en suivant le rythme et sa vision se troubla à cause des larmes. Sa lèvre trembla, comme le reste de son corps. Il posa ses mains sur son visage et pleura. Longtemps. Son crâne lui faisait mal, il se sentait encore plus fatigué et ses yeux lui brûlaient. Il se rendormit en larme, replié sur lui même en serrant l'oreiller de Derek contre son torse.

*

Il se réveilla difficilement à cause d'une main sur son épaule qui le secouait doucement. Il se détacha à contre cœur du coussin et se tourna pour voir son père, assit au bord du lit. Il était en tenu de civil et avait un tendre sourire sur son visage. Stiles ne sourit pas en retour. Il se sentait vide et épuisé. Il avait envie de mourir. Il n'avait envie de rien. Son mari avait été déclaré mort. Il n'y avait pas de corps. Son mari était sans doute quelque part à attendre que quelqu'un vienne pour lui, mais personne ne viendra car l'armée avait décidé de son sort. Stiles n'avait plus que des photos, son alliance, une plaque militaire et une place vide dans son lit.

— Tu devrais aller prendre une douche et manger un peu, ça te fera du bien.

Stiles tourna le dos à son père mais sa main resta sur son épaule.

— Après le décès de ta mère, je ne voulais plus quitter la chambre mais-

— Derek n'est pas mort.

Sa voix était grave et enroué mais son ton était confiant. Il entendit Noah soupirer et sa main quitta son bras.

— Stiles-

— Il n'y a rien qui prouve qu'il est mort. Il ne l'est pas, papa. Je le sais.

Il ne fit toujours pas face à son père. À la place, son regard était rivé sur les rideaux tirés qui empêchaient la lumière extérieure d'entrée dans la chambre. La pièce n'était pas sombre mais pas complètement lumineuse non plus. On y voyait bien. Noah se leva et sortit de la pièce sans un mot. Il avait laissé la porte entrouverte. Il savait que ça ne servirait à rien de parler à son fils. Il savait qu'il allait avoir besoin de temps pour accepter et s'en remettre.

Stiles était resté encore un peu allongé dans le lit, à ne rien faire. Il avait les yeux dans le vide et il avait reprit sa prise autour de l'oreiller de Derek. Il s'était plongé dans ses souvenirs. Toutes les fois où Derek lui avait sourit, chaque baisers échangés, les câlins et les mots doux.

Au final, il se leva et alla dans la salle de bain. Il laissa son pyjama tomber à terre et il se réfugia sous l'eau chaude. Il prit tout son temps, la tête basse et les yeux fermés. Une fois fini, Stiles accrocha une serviette autour de ses hanches et retourna dans la chambre. Il resta un moment immobile devant la penderie. Il fixait les habits de Derek. Il finit par sortir de sa transe et prit un jogging et un t-shirt au hazard, de son côté. Il referma la porte coulissante tout de suite après.

Il descendit les escaliers et une fois dans le salon et cuisine, il se stoppa. Ses amis étaient là avec son père. La petite sœur de Derek, Cora était aussi présente. Ils se levèrent du canapé et des chaises puis détaillèrent Stiles avec inquiétude. Scott, son meilleur ami d'enfance, s'approcha de lui le premier. Il l'attira dans ses bras et le brun se laissa faire. Le basané ne s'attarda pas trop et s'éloigna un peu. Il posa sa main sur sa nuque et exerça une légère pression. Ils se regardaient dans les yeux.

— Comment tu te sens ?

Stiles haussa les épaules et se détacha de son meilleur ami. Il se dirigea devant l'évier et ouvrit un placard. Il prit un verre et le remplit d'eau. Lydia s'approcha de lui et posa un panier de petits gâteaux sur le plan de travail.

— Je t'ai fait tes préférés pour être sûre que tu manges un peu.

Le brun but quelques gorgés et posa le verre à côté. Il se tourna vers elle et poussa un petit soupire.

— Je te remercie Lydia mais... je n'ai pas besoin de toute cette attention. Il se tourna vers les autres. Je vais bien, d'accord ?

Tous comprirent et après quelques accolades, tous partirent à l'exception de Cora. Stiles ne pouvait pas lui dire de partir. Pas à la elle. Il n'en aurait jamais la force. Il s'approcha d'elle lorsqu'il vit les larmes au coin de ses yeux noisettes. Il l'accueillit contre lui. Elle avait le visage écrasé contre son torse mais elle s'en fichait. Les bras de Stiles autour d'elle lui fit du bien. Elle s'accrocha à lui et prit de profondes inspirations. Le brun la berçait un peu et caressait ses long cheveux chocolats.

— Pourquoi ils ne le cherchent pas ?

— Je ne sais pas.

Ils restèrent un moment ainsi, dans le silence, à se réconforter l'un l'autre. Stiles finit par préparer du café pendant que Cora s'assit sur le canapé. Depuis leur rencontre, les deux avaient eut du mal à se séparer. Ils s'étaient immédiatement sentis attiré l'un vers l'autre, une amitié s'était instantanément formée et continue de se fortifier au fil du temps. Ils s'entendaient à merveille et se faisaient pleinement confiance. Ils étaient toujours joyeux lorsqu'ils se voyaient et ils parlaient à chaque fois avec entrain et rire. Même si parfois ils n'étaient pas d'accord sur certain sujets, ils ne se disputaient pas et continuaient leur débat avec respect et écoute. Ils savaient que Derek était plus que ravi de cette bonne entente et il serait certainement ravi de savoir qu'ils se soutenaient l'un l'autre à travers cette épreuve.

Stiles s'assit à côté de Cora et posa deux tasses de café fumant sur la table basse. La jeune femme se pencha en avant et la saisie avec précaution avant de doucement souffler au dessus.

— Tu crois qu'il est mort ? Demanda le brun avec prudence.

Elle arrêta de souffler sur sa boisson chaude et tourna son visage aux traits fins vers son beau-frère. Elle le dévisagea longuement avant de répondre :

— Je n'en sais rien. Il n'y a pas de corps donc rien n'est sûr. J'aime l'idée qu'il soit en vie mais en réalité... elle prit une grande inspiration. Je ne sais pas ce qui est horrible dans tout ça. Le fait qu'il soit vraiment mort ou le fait qu'il soit en réalité vivant et sans doute tout seul au milieu de cette guerre.

— Je ne pense pas qu'il soit... mort.

Cora posa sa tasse et posa sa main sur le genou droit de Stiles. Ils se regardèrent dans les yeux.

— Stiles, il y a une difference entre 'je ne pense pas qu'il soit mort' et 'je refuse d'accepter sa mort'.

Le brun fronça les sourcils.

— Je refuse d'accepter sa mort car je sais qu'il ne l'est pas. Je le ressens au plus profond de moi. Il n'y a pas eu de corps donc il est encore quelque part là-bas.

La jeune femme se réinstalla sur le canapé afin de mieux faire face au policier.

— De toute manière, on ne peut rien faire. Il faut laisser faire l'armée, ils n'abandonnent jamais vraiment un soldat.

Stiles ne répondit rien. Que pouvait-il dire ? Il se contenta de prendre sa tasse de café et de boire une gorgée.

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