Dérathlyis, le destin d'un héros

Chapitre 8 - Acceptation

« Raconte-nous qui était ces hommes et comment tu en es arrivé là. » Demanda Karl alors que tout le monde se regroupait peu à peu dans l'auberge en début d'après-midi. Grack ne savait plus quoi ajouter, il se retrouvait dans une situation où il pensait devoir partir et la seule chose qu'on lui avait dite était qu'ils voulaient tous entendre la suite de l'histoire pour comprendre ce qui s'était passé entre l'époque et maintenant. Ils avaient de nombreuses questions, qui étaient les hommes dehors, était-il possible qu'ils reviennent ? Qui était la femme qui avait donnée naissance à sa lignée de descendants ? Etait-elle toujours en vie ? Qu'allaient-ils tous devenir ?
Les habitants du village vivaient un tournant dans leur histoire, la veille des inconnus étaient entrés pour s'attaquer a Mumei. Bien qu'ils aient été repoussés, il y avait finalement eu deux morts. Des villageois, comme eux, qu'ils connaissaient depuis la naissance, ayant toujours vécu là, tous ensemble, bien que n'étant pas lié par le sang, le village vivait comme une immense famille. La perte de ces deux jeunes parents avait laissé comme une blessure irréparable dans leurs cœurs. Glenn et Lysaria, parce que c'était leurs noms à tous les deux, avaient laissés seuls le petit Suell, qui n'avait cessé de pleuré que pour s'endormir exténué. Il n'avait pas prononcé un mot depuis le début de la journée, n'avait même pas versé une larme pendant la cérémonie de leur enterrement qui s'était déroulé le matin.

Très tôt ce jour, quelques personnes avaient entrepris les préparatifs, certains étaient allés creuser les tombes pendant que d'autres avaient confectionnés des cercueils de fortune. Après avoir lavés les corps, ils avaient été placés dans ce qui ressemblait à des longues boites rectangulaires faite de bois avec des planches trouvées ça et la. Un groupe de personnes volontaires les avaient transportés de la grange jusqu'au cimetière situé derrière l'église du village. Le long de l'allée principale qui menait à leur dernière destination était parsemée de bâtons  auxquels ,on avait fixé un drap trempé d'huile. Les torches guidaient le chemin que le cortège suivit de Suell dans les bras de Mumei et Karl avaient empruntés. De part et d'autre de ce sentier étaient disposés les gens du village, pas un seul ne manquaient  à l'appel. Tous étaient vêtus de couleurs
sombres  portant le deuil, têtes baissées et dans le silence le plus absolu. Les cercueils furent apposés dans leurs tombes disposée l'une à côté de l'autre pour symboliser leur union maintenant plus éternelle que jamais. Chacun eut un discours, un mot ou ne serait-ce qu'un geste pour les deux défunts. Tous embrassèrent chaleureusement le petit Suell et se retirèrent peu à peu afin de se recueillir dans leur coin. Pas une larme fut versée en public. C'était dans le village une marque de respect pour les morts. Cependant il n'est pas dit qu'aucune larme n'avait coulé ce matin-là.

Les interrogations fusaient et notre conteur du se concentrer pour ne pas en oublier une. Karl demanda le silence et Grack garda une minute de silence pour pouvoir se ressaisir.
Il se leva, se dirigea vers la place qui lui était attribuée lors de ses récits, s'installa et commença par répondre aux questions :
« Premièrement ces hommes dehors étaient ce qu'on appelle des guerriers sans âmes. Ces hommes sont déjà morts mais les démons ont quitté leur enveloppe charnelle pour pouvoir en prendre le contrôle, ils peuvent de ce fait mieux se fondre dans la masse. Tout en gardant une grande puissance en eux. Secondement, des ennemis reviendront, mais ce n'est pas avant plusieurs semaines. Nous avons tué des éclaireurs donc il va leur falloir le temps de comprendre où et quand ils ont été tués. D'ici là, je serai prêt à les accueillir. Troisièmement, oui, Suell est le dernier de mes descendants. Mais pas que, vous êtes tous concernés par cette histoire, aussi directement qu'indirectement. Pour le reste des questions, vous en apprendrez peut-être plus dans la suite du récit que j'ai à vous faire, ou plutôt que je dois vous faire. si cela vous convient restez, je n'obligerai personne à prendre des responsabilités comme celles-ci contre sa volonté. Etes-vous prêts à m'écouter ? » Leur avait-il demandé avec un léger sourire. L'ambiance était redevenue détendue sur ses dernières paroles. Les villageois n'étaient pas encore tout à fait sereins dans cette situation qui perturbait au plus au point leur petite vie habituelle, et pourtant tout ceci ne les dérangeait pas tant que ça, l'homme qui se tenait face à eux dégageait une aura bienfaitrice mais puissante, il avait fait en sorte de les rallier à sa cause et il avait vraisemblablement réussi, comme un appel intérieur, indescriptible et presque invisible. Pourtant dans leurs regards, brillait  la flamme de leur curiosité, si ardente qu'elle aurai pu brûler quiconque aurait souhaiter les empêcher de poursuivre l'écoute. N'était-ce que de la curiosité ?

« Bon ! c'est parfait. Alors allons-y. »  Avait-il ajouté avec le sourire au coin et le regard rivé sur Karl qui l'observait avec sérénités.