Chapitre 9 - Séparation

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Grack menait la course depuis bien plus d'une heure, il se déplaçait avec une agilité et une vitesse peu commune aux humains, se glissant entre les arbres aux troncs imposants et les différents branchages que composaient la forêt sans jamais ralentir. Sélénia était quelques mettre en arrière et décalée de lui. Le jeune homme lui jetais des regards fréquents, veillant à sa sécurité peut être plus qu'à la sienne. Tout en se dirigeant vers le nord à toute allure afin de semer leurs poursuivants, il ne la quittait jamais des yeux, jamais. A force d'observations, il fit un constat.
Il ne menait pas la course.
Sélénia le suivait.
Ce pourrait être qu'un détail, pourtant la regarder se déplacer avec une grâce presque féline, lui avait confirmé que dans cette forêt, la plus rapide c'était bien elle. Et personne d'autre. Son corps élancé jonglait entre sauts et ramassements pour éviter les troncs qui leur barraient la route. S'aidant parfois de branches en hauteur comme levier pour passer les obstacles, elle ne semblait pas gênée par ces derniers qui étaient pourtant nombreux. Grâce, finesse, énergie. Si la situation n'avait pas été critique pour ces deux-là, il aurait été certain que Grack se serait mis en retrait pour la suivre.
Et si l'un tentait de ne pas perdre sa poursuivante de vue, l'autre quant à elle ne le lâchait pas d'un pouce. Elle fut surprise lorsqu'ils étaient rentrés dans la forêt, malgré sa certitude que l'homme devant elle disposait de capacités extraordinaires, ce fut avec étonnement qu'elle le regardait se déplacer aussi facilement dans cette partie de la forêt qu'elle connaissait comme étant l'une des plus ardue tant elle était sauvage. Si elle avait décidé de rester derrière, c'était pour voir où s'arrêterai le talent de Grack. Seulement pour ça ? Il l'avait sauvé d'une horde de chiens démoniaques avec une telle aisance. Elle ne remarquait pas la petite flamme qui brûlait dans son regard quand elle le regardait. De la crainte face à ce pouvoir ? Non, impossible, par deux fois il avait fait usage de sa force, par deux fois un sentiment de douce chaleur l'avait parcourue lorsque l'aura bleutée l'avait traversée. Un profond respect, et une confiance infaillible, voilà ce qui naissait dans ce regard. Il avait promis, de ne plus la laisser seule. Elle qui avait vécu plusieurs années de solitude, Sélénia avait pourtant croisé bon nombre de voyageurs, mais ils étaient d'avantage intéressé par le physique avantageux de la jeune femme plutôt qu'à ce qu'elle aurait bien pu dire, penser ou encore faire. Les loubards du voyage ne sont pas la plus belle des compagnies. Alors qu'elle avait décidé de ne plus vivre en groupe, dans la tristesse d'une solitude des plus totale, il était apparu, la protégeant alors qu'elle avait cherché à le tuer, une fois, deux fois, trois fois. La rassurant quand elle doutait, une fois ? deux fois ? trois fois ? Peut être même d'avantage, la chaleur de son regard bleuté bien que d'apparence et d'ordinaire froid, signe d'un vécu de souffrances et de drames, allumait une chaleur indescriptible au fond de son être. Une certitude. Elle qui vivait après avoir tout abandonné, n'avait de crainte que de perdre ce qu'elle venait de trouver. Et chaque fois que cette crainte lui brûlait la gorge, il l'effaçait d'un geste, d'un sourire, d'un regard.

Une fois, emportée par la situation, un baisé qu'elle avait déposé sur sa joue, et une phrase :
« Je me vengerai plus tard »
Faussement menaçante, comme un pacte scellé de la résolution qu'elle avait prise ce jour-là. Elle le suivrait, en tant que chasseresse mais aussi en tant que femme, bien qu'à cet instant précis elle ne s'en rendait pas encore compte, ou alors elle ne pensait pas le mériter. Quelqu'un qui abandonne son clan pour sa survie ne mérite pas de vivre sa vie pleinement. C'est ce qu'elle semblait croire, comme des chaînes qui entravaient la volonté pure de son cœur. Elle le suivrait donc. Peut importe la destination. Peut importe l'endroit. Elle suivrait cette lumière qui avait éclairci son obscurité.

Devant elle, Grack ralenti l'allure, d'abord elle avait pensé que c'était pour reprendre son souffle, puis arrivant à son niveau, voyant qu'il n'était même pas érinté par la course d'environ deux heures, Sélénia du se rendre compte que les quelques chiens qui les avaient suivit sur la majeure partie de leur fuite avaient rebroussés chemin. En arrivant à son niveau, elle voulu parler. A peine eu-t-elle ouvert la bouche que Grack lui fit signe de ne plus faire un bruit. Il n'était pas coutume pour les chiens démoniaque d'abandonner. Et le jeune homme le savait pertinemment. Il y avait plusieurs raison à un tel acte. La demande forcée par Abaddon ou la présence d'un démon plus puissant qu'eux. C'est cette dernière option que cherchait à confirmer Grack. Alors qu'il ne faisait pas un bruit, ils s'étaient réfugiés au creux d'un arbre, concentrant la majeure partie de son attention sur l'écoute. L'autre partie sur la recherche d'un éventuel ennemis qu'il aurai pu lire dans une des nombreuses encyclopédie de la bibliothèque du manoir. Nombreux bestiaires démoniaques y étaient référencés. C'est dedans qu'il appris que les chiens démoniaques avaient un autre nom :
« Silvs ».
Le nom sonnait bien, sa signification aussi. Quoi de mieux pour ces énormes chiens qui devaient bien peser un quintal et dont la fourrure cramoisie offraient à leur victime une promesse funeste qu'un nom qui se traduisait par « bain de sang ». C'est dans ce livre qu'il avait appris ou plutôt confirmé la pugnacité de ces monstres sanguinaire. Il n'eu pas le temps de se rappeler plus de choses, un bruit inquiétant d'écorce brisée s'était fait entendre à une centaine de mètre de là. Ensuite, le calme. Puis un autre bruit d'écorce brisée, plus proche cette fois. Quelque chose se déplaçait vers eux et ce quelque chose était capable de détruire des arbres sur son passage.
« Oh non. »
Elle l'avait lâché comme un soupir, mais il trahissait grandement son inquiétude, Grack se tourna vers Sélénia qui était accroupie  proche de lui, regardant le sol à ses pieds, ses mains entourant ses genoux recroquevillés sur sa poitrine. Grack posa sa main doucement sur bras, pour lui rappeler qu'elle n'était pas seule. Sélénia tourna la tête vers lui, son visage plein de désespoir. Ses lèvres tentant de dire quelque chose :
« Un ours-mante »
Grack connaissait ces monstres. Cela devait être un mythe, et pourtant, la peur sur le visage de Sélénia ne pouvait pas être issu d'un mythe inexistant. Au vu de sa réaction, le souvenir de cette bête lui rappelait des choses qui la tourmentait, comme un cauchemar qui continue de vous effrayer même une fois réveillé. Il n'avait pas le temps de lui demander, il le ferai plus tard. Les craquements se rapprochaient. Plus qu'une dizaine de mètres, plus que quelques arbres avant de pouvoir l'apercevoir, il n'avait pas réussi à soutirer la moindre information de Sélénia, chose compréhensible compte tenu de son état.
« Si ce monstre est aussi effrayant que ton visage le laisse supposer il faut partir d'ici ! Et vite ! » Lui dit-il. Pas de réaction.
« Sélénia ! Vite ! » Dit-il d'une voix plus insistante. A nouveau, aucune réaction. Il se mit face à elle. Mais elle ne l'avait pas suivi du regard. Accroupis à quelques centimètres d'elle, les deux mains sur ses bras il lui cria à nouveau :
« Sélénia ! Si tu ne bouges pas, on est mort ! » Elle tourna son visage vers lui. Il avait réussi à la faire réagir, mais ce n'était pas ce qu'il espérait. Le regard embué par les larmes, elle cria de désespoir. La détresse sur son visage le décontenança quelques seconde, l'archère puissante et sûre d'elle, celle qui avait vécu seule pendant plusieurs années, qui avait combattu des démons seule sans jamais abandonner, qui leur avait tenu tête le jour de leur rencontre alors qu'elle savait très bien qu'elle ne faisait pas le poids. Sélénia qu'il trouvait si puissante et sereine lui apparaissait maintenant si frêle et fragile. La peur à l'état pur se lisait sur son visage. Il la prit simplement dans ses bras. Et alors son cri s'arrêta, ne laissant que des sanglots silencieux.

Dérathlyis, le destin d'un hérosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant