Dérathlyis, le destin d'un héros

Chapitre 10 - Soin

Sélénia se réveilla brusquement. La jeune femme chercha rapidement des repères autour d'elle. Elle était installée dans un renfoncement entre racines et rochers, un coin dissimulé qu'il fallait chercher pour pouvoir trouver. Une énorme pierre surplombait le renfoncement, un arbre tenait le coin de ce dernier, un saule pleureur.
« Un saule pleureur ? »
Il devait n'y en avoir qu'une dizaine dans toute la forêt et celui là était disposé à cacher leur camp de fortune ? La probabilité de tomber dessus était infime voir inexistante. Comment Grack avait-il trouvé cet endroit ?
« Grack ? »
Le souvenir du combat la frappa de plein fouet, elle le chercha des yeux, il était assis près d'elle, il avait dû monter la garde, mais maintenant il semblait dormir. Il ne dormait pas, elle le compris tout de suite. Quel inconscient ! Avec toutes ses blessures, il devait déjà être en peine rien qu'en restant debout, et il l'avait portée jusqu'à cette cachette, pendant combien de temps ? Sa témérité n'avait-elle aucune limite ?
« Quel idiot tu fais. »
Une nouvelle fois, alors qu'il aurait dû se sauver quand elle était incapable de bouger, il chargea au devant d'un ennemi encore trop fort pour lui. Du moins pour le moment, Sélénia était certaine qu'un jour, même les Ours-mantes ne seraient plus un problème pour le jeune homme. Puis quand elle tomba inanimée, il la porta alors qu'il n'avait plus la force de se porter lui-même. Sa volonté dépassant de loin celle d'un humain normal. Jusqu'ici, même si ici ne voulait pas dire grand-chose pour elle, elle ne savait absolument pas où elle se trouvait. Mais l'important n'était pas là où elle se trouvait. Mais ce qu'elle devait faire. Alors que la nuit était tombée, elle se concentra. A peine commença-t-elle à sonder son esprit qu'un loup pointa le bout de son nez entre les racines, il plongea son regard dans le sien, comme pour dire : « Nous t'écoutons. ».
L'animal n'aurait pas dû se trouver aussi proche, quelque chose lui échappait. Mais c'était une chance qu'elle ne pouvait pas laisser passer. Alors qu'elle indiquait ses ordres, elle retira le haut de Grack, sa blessure à l'épaule était la plus urgente. Alors qu'elle faisait ça, un hibou, deux chouettes et une biche se joignirent à eux. Chacun reçu ses ordres et les trois oiseaux nocturnes partirent de leur côté, la biche attendit alors que le loup resta là, entra dans le renfoncement et s'allongea avec grâce contre le jeune homme qui était maintenant allongé à moitié nu et toujours inconscient. L'endroit ne permettait pas un feu mais lui avait besoin d'être réchauffé. Sélénia était occupée avec la tunique de Grack, après inspection elle la donna à la biche en donnant comme consigne de la nettoyer. Le hibou devait ramener de l'eau dans la gourde, il devrait surement le faire plusieurs fois d'ici l'aube. Tandis que les deux chouettes devaient ramener des plantes. Millepertuis où souci. L'une comme l'autre avaient des propriétés médicinales adéquates aux blessures de Grack, le miel aurait été de meilleur facture mais Sélénia ne savait pas maitriser les abeilles et quant bien même elle saurait, elle n'avait pas le temps de le leur faire produire. Elle se jura tout de même d'y penser un jour.
Il ne lui restait plus qu'à attendre, après une petite demi-heure, la biche fut la première à arriver. Elle rendit le morceau de tunique déchirée à Sélénia, il était imbibé d'eau. Le seul moyen de fortune pour nettoyer le vêtement qui servirait à panser les plaies. Elle la renvoya avec cette fois la veste en cuir. Bien que déchirée, il faudrait un vêtement relativement propre à Grack.
La jeune femme s'affaira, elle fit des lambeaux avec la tunique, fini de les nettoyer avec l'eau de la gourde avant de la redonner au hibou. Commença à préparer la décoction de dernière minute, écrasant les feuilles de Millepertuis avant de les faire macérer dans un bol d'huile d'olive. La mixture prenant en consistance après plusieurs minutes de mélange, Sélénia l'appliqua délicatement sur les plaies ouvertes de Grack. Plus elle soignait de blessures, plus elle était surprise de voir que les entailles sur tout le corps du jeune homme étaient minime, il avait pas réussi à éviter les coups mais il avait réussi à réduire leur impact au maximum. Bien que saignant abondamment pour certaines, aucune n'aurait été mortelle habituellement, dans le cas où il n'en aurai pas eu plus d'une quinzaine. Seule celle à l'épaule était assez grave, profonde de plusieurs centimètres, à première vue elle aurait du saigner énormément mais ce n'était pas le cas, un fin trait de sang coulait sans s'arrêter mais il était ridicule à l'image de la blessure d'où il s'échappait.
Après les soins, bandages posés, elle déposa sa veste par-dessus son torse. Elle se surpris à le regarder, il était beau. Dans son sommeil, il paraissait si doux, si calme, bien loin de toute la pression qu'il avait continuellement sur les épaules. C'était le milieu de la nuit, elle tentait de le veiller le plus possible, faire attention à ce que ses blessures ne se rouvrent pas mais elle était exténuée. Bien malgré elle, elle s'endormi contre lui, l'épaisse fourrure du loup collé contre eux , leurs gardant un maximum de chaleur. L'animal montant la garde jusqu'à ce que l'un d'eux se réveille. Il valait peut être mieux que Sélénia se réveille avant Grack, la présence imprévue du loup contre lui pourrai assurément mouvementer la matinée.
Mumei, comme à son habitude avait pris le premier tour de garde à quelques pas du campement improvisé dédié aux soins et au rétablissement du Général de la Coalition. Le maitre d'armes guettait les possibles tentatives d'intrusions de Silvs, du moins il espérait que si une attaque avait lieu, ce ne serait que ces chiens monstrueux et puants. Une escouade composée d'ombre les terrasseraient sans aucun mal, aucun d'eux ne disposant des pouvoirs nécessaires  pour leur faire face. Pourtant leur coin de forêt était étrangement calme, pas un bruit d'animal à l'horizon, au lieu de le rassurer, ce constat fit naitre en lui un mauvais pressentiment.
Les animaux se sont retirés d'ici, comme si ils avaient été appelés à vider la zone. Grack, j'espère que tout vas bien.