1. Pasta alla contadina

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Je lui demandai quels seraient éventuellement ses projets immédiats de déplacement. Il me répondit : retourner à nouveau à la mer, sa vocation première. Sur ce, je lui déclarai que moi-même je souhaitais m'embarquer pour la pêche à la baleine, l'informai de mon intention de faire voile depuis Nantucket car c'était le port offrant le plus de ressources pour le départ d'un baleinier aventureux.

Merle laissa échapper malgré lui une sorte de sifflement de douleur

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Merle laissa échapper malgré lui une sorte de sifflement de douleur.


« Désolée, fit Vi. J'ai presque fini, encore un petit effort. »


Il grommela un vague truc et résista à la tentation de regarder ce qu'elle faisait.
 Il savait que c'était uniquement psychologique, mais ça lui faisait moins mal s'il ne regardait pas. 
Ça et aussi le fait que toutes les fois qu'il voyait son moignon à nu, ça lui provoquait un mélange de rage et de peine dont il avait du mal à se débarrasser ensuite. Ça lui donnait envie à la fois de pleurer et de tout casser.

Pour ces deux raisons, il prenait soin de ne surtout rien regarder toutes les fois que Vi devait lui refaire son pansement, comme maintenant. 
Mais il y avait aussi une troisième raison que le poussait à lui confier entièrement cette tâche plutôt que de le faire par lui-même. 
C'était qu'elle le faisait bien.

Vi était une des filles les plus bourrines qu'il avait eu l'occasion de croiser. 
Elle se battait comme une sauvage, elle parlait fort, était bruyante et brusque, elle claquait les portières et le coffre de la voiture comme si elle voulait les briser. C'était typiquement le genre de personne qui appuyait plus fort sur les boutons de la télécommande quand les piles commençaient à être à plat et qui donnait des coups dans les objets quand ces derniers refusaient de fonctionner correctement.


Pour l'instant, il n'avait vu que trois exceptions à cette énergie démesurée qu'elle mettait en toutes choses : sa pipe, qu'elle traitait avec la délicatesse réservée aux objets précieux, la cuisine, où elle déployait une finesse qui confinait à la maniaquerie... et quand elle le soignait lui.


À chaque fois qu'elle lui refaisait son pansement, elle mettait dans ses gestes une grande douceur et maniait sa blessure avec des précautions infinies. 
C'était surprenant de sa part mais, surtout, c'était plus que bienvenu, parce que, même refermée, la plaie continuait à lui faire vraiment mal dès qu'elle entrait en contact avec quoi que ce soit.

Vi prenait toujours soin de faire des bandages épais, et de mettre beaucoup de coton entre le moignon et le pansement, pour amortir les chocs au maximum. Mais dès que quelque chose touchait l'extrémité de son bras, c'était le bond de douleur assuré. 
Il faisait attention à ce que ça ne se produise pas, et gardait la plupart du temps son bras contre sa poitrine, mais parfois, il avait la tête ailleurs et cédait à des réflexes stupides instinctivement.

C'était dur, après toute une vie passée à être droitier, de se couper d'un seul coup de ses habitudes (sans mauvais jeu de mots). C'était si naturel pour lui d'utiliser sa main qu'il la tendait parfois sans même y penser. 
Il ne s'en était pas tellement rendu compte dans la maison, vu que tout ce qu'il avait à faire, c'était manger et se reposer. Mais maintenant qu'il était dans l'espace réduit d'une voiture, avec ses anciens réflexes de conducteur droitier qui prenaient le dessus, c'était devenu plus flagrant.

La tempête qui vient - Tome Deux - The Walking DeadOù les histoires vivent. Découvrez maintenant