« Si seulement ils avaient eu plus de temps... pas beaucoup, juste un petit peu. Un peu de temps supplémentaire. » Merle/OC, Saison 2 revisitée. (Suite de "La morte joyeuse")
Vraisemblablement le monde n'est qu'une boule, à ce que disent les savants, alors autant en faire une salle de danse.
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Le tourne-disque et le repas de fête étaient une idée de Vi. Officiellement, pour remercier Susan de son hospitalité et de ses soins médicaux, mais aussi, avait-elle déclaré, pour donner l'occasion à la petite vieille solitaire d'écouter à nouveau de la musique et de passer une soirée joyeuse en bonne compagnie.
Elle avait tirée une longue rallonge depuis la voiture et branché l'appareil sur son système de prise électrique. Elle avait aussi retiré sa guirlande lumineuse du plafond de la Dodge et l'avait réinstallée dans le salon de Susan. Pour faire plus festif, selon ses propres termes.
Elle avait passé un long moment en cuisine, préparant ce qui, en pleine fin du monde, était un véritable menu princier – gnocchis maison au ragoût de lapin, pain aux noix et miel cuit au four et tarte aux pommes en dessert – et ouvert plusieurs bouteilles de vin. Elle avait dressée la table comme pour un vrai repas de Noël, avec une nappe d'un blanc immaculé, un chandelier au milieu, plusieurs assiettes superposées et des couverts d'argent alignés comme au restaurant – la vaisselle la plus chic de chez Fourrure. Elle avait même plié les serviettes, en forme de cocottes, parce que c'était le seul origami qu'elle connaissait, et ajouté ici et là des espèces de compositions végétales de son cru en guise de décoration, à base de pommes de pin et de fleurs sauvages.
La table de fête de Vi était à la fois excentrique, candide et touchante.
La robe, par contre, était une idée de Susan. Une de ses voisines était grande et relativement mince, et elle était allé piller son dressing dans le seul but d'habiller Faye pour l'occasion. Sans lui demander son avis, bien évidemment. Elle en était revenue avec une robe d'un rouge vif, laquelle avait dû être parfaitement à la mode dans les années soixante et était visiblement taillée pour être portée par une femme aux attributs généreux. Portée par Vi, elle avait le chic et l'élégance d'un vieux peignoir informe suspendu à un cintre. Mais Sue ne s'était pas laissée abattre et avait dégainée la machine à coudre. Elle avait tout redimensionné sur mesure. Ainsi, désormais, la robe allait à Vi comme un gant. Ce qui ne voulait hélas pas dire qu'elle lui allait bien.
Les habits que la jeune fille portait en général n'étaient pas à sa taille, mais sa chemise trop grande et ses teeshirts dans lesquels elle flottait, s'ils ne la rendaient pas attrayante, avaient au moins la possibilité de faire office de cache-misère en empêchant le premier venu de pouvoir affirmer dès le premier coup d'œil le nombre exact de ses côtes. À la base, recouper la robe pour qu'elle épouse parfaitement la silhouette de Vi partait d'une bonne intention, mais ce que Susan aurait dû savoir, c'est que les vêtements moulants sont sexy lorsqu'il y a quelque chose d'attirant en dessous à mouler. La robe rouge de Vi mettait donc fabuleusement en valeur... tout ce qu'elle n'avait pas. Heureusement, la jupe, évasée et longue, venait donner un peu de volume à l'ensemble.
