Les cris de la foule en ébullition. La vitesse, le vent glacial à contre sens qui glissait sur ses plumes sombres mais qui s'infiltrait également sous sa peau. La hauteur vertigineuse, le sifflement de l'air, les vivats par dizaine à chaque étape franchie...
L'adrénaline fusait dans les veines d'Obsis. Grisée par ce sentiment d'importance et de toute puissance, la jeune Piaf s'efforçait néanmoins de rester la plus imperturbable possible et concentrait son flot d'énergie dans sa tâche plutôt que dans son exaltation. A la vue de la suite du parcours, la guerrière projeta aussitôt vers l'avant l'arc qu'elle maintenait dans ses pattes et le saisit habilement au vol de ses larges ailes noires. Avec une agilité qui traduisait une expérience impressionnante, elle dégaina une flèche du carquois situé dans son dos et banda d'un coup sec son arc de bois orné de larges ailes dorées aux niveaux des extrémités. Après un court instant en suspension dans les airs, visant sans bouger un point fixe, l'hyrulienne lâcha la corde et son projectile fusa...
Pile au centre de la cible située à une dizaine de mètres.
"Prodigieux !!! s'exclama une voix qui recouvrait de peu les acclamations multiples des spectateurs dispersés à tous les étages de la tour Piaf. Obsis vient d'égaliser son score de tir avec celui de Babil !!!"
Le commentateur, placé en vol stationnaire bien au-dessus des participants, approcha à nouveau le porte-voix à son bec.
"A présent, reprit-il avec entrain, tout va se jouer sur la course et sur la dernière cible du parcours !!!"
Loin de se laisser aller à la célébration, Obsis s'empressa de lâcher son arc - qu'elle rattrapa aussitôt avec ses serres - et reprit sa course à grands coups d'ailes assoiffés de victoire. L'archère baissa le regard : un Piaf blanc, plus grand et de quelques années son aîné, fendait lui aussi l'air en direction de la dernière ligne droite. La Piaf noire ne perdit pas de temps à regarder en arrière : elle avait réussi à semer les autres participants il y a longtemps déjà. Maintenant, il n'y avait plus qu'elle et le fils du chef.
Déterminée à remporter cette confrontation, Obsis puisa dans sa réserve d'énergie et plongea pour rejoindre son adversaire en aval. Elle arriva rapidement à son niveau et tout deux se frôlèrent lorsqu'ils prirent le virage du parcours le plus serré possible, toujours sous les cris maintenant déchaînés de la foule.
Flanc contre flanc, les deux guerriers ne prenaient pas le peine de s'accorder un regard, qu'il soit haineux ou narquois. Concentrés sur leur course, ils s'ignoraient mutuellement et regardaient fixement devant eux tandis que leurs mouvements optimisés étaient d'une parfaite synchronicité.
Le commentateur criait toujours plus fort dans son haut-parleur au fur et à mesure que la fin du tournoi approchait, mais Obsis à ce moment-là n'entendait plus rien. Elle percevait la présence de Babil sur à sa gauche, si proche qu'elle pouvait sentir la caresse de ses plumes pâles sur son propre plumage obscur et entendre sa respiration saccadée mais maîtrisée et calculée.
Après un énième tournant à raser de près la tour Piaf, Obsis repéra la ligne d'arrivée devant elle. De part et d'autre, une multitude de cibles éparpillées pour le tir final. Celui qui départagerait les finalistes.
La jeune Piaf calma sa respiration, se définit une cible en fonction de sa trajectoire puis fusa sur cette dernière. Babil fit de même dans une direction opposée, brisant brutalement leur osmose presque chorégraphique.
Tandis que des hurlements survoltés s'élevèrent des étages du village, l'archère lança un bref coup d'œil à son adversaire : le blanc avait jeté son dévolu sur une cible tout proche de la ligne d'arrivée, afin d'optimiser son parcours et ainsi tirer sa flèche juste avant de terminer sa course. Obsis s'amusa de constater qu'ils avaient opté tout deux pour la même stratégie, probablement la plus ingénieuse. Départager ces deux compétiteurs d'exception serait serré, et la foule en ébullition semblait l'avoir compris.
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Aventures de Zelda Raphaëlle Hyrule : 4.Obsis
Fanfiction"C'est au moment où l'on baisse sa garde que les plus grands dangers refonds surface." Hyrule perd de sa quiétude... La malveillance et le chaos se penchent de nouveau sur le royaume... Mais la menace reste invisible. Se pourrait-il qu'elle se cache...