Après lui avoir dit ce que je ressentais on est resté quelques heures ensemble, on ne voyait pas le temps passer quand l'on était l'un avec l'autre. J'avais l'impression de tout redécouvrir avec un nouveau regard. C'est comme si j'avais été aveugle durant toutes ces années et qu'aujourd'hui je recouvrais la vue. Tout me paraissait plus beau que ce que j'avais connu. Les couleurs me semblaient plus intenses, le soleil m'avait l'air plus chaleureux, le chant des oiseaux plus mélodieux... Tout était différent de ce que j'avais connu. Azzam était entré dans ma vie à un moment où jamais je n'aurais pu réussir à sortir de ma déprime. Mais j'avais appris à ses côtés que rien n'était jamais impossible. Avec lui, j'avais réussi à apprendre à revivre. Je ne sais pas si j'étais réellement amoureuse, mais je ressentais des choses pour lui, des choses dépassant tout ce que j'avais pu connaitre jusqu'à maintenant. Il avait fini par me déposer chez moi. En me faisant promettre une chose : renouer avec ma famille. J'en avais de toute façon l'intention...
Mais après être descendue de sa voiture, j'ai voulu rester encore un peu dehors. Je regardais ces tours de bétons. Ces tours qui m'avaient vu grandir, tomber, me relever mais surtout ces tours qui avaient assisté à ma dégringolade vertigineuse. « L'important c'est pas la chute, c'est l'atterrissage » (La Haine). J'avais, malheureusement pour moi, très mal atterrit. Mais grâce à une seule et unique personne j'avais réussi à me relever. J'étais mon propre démon. Et grâce à lui, je réussissais à me battre contre moi-même... Assise sur mon banc, je me surprenais à admirer ces tours. Malgré la misère qui y résidait, la solidarité prenait toujours le dessus. Combien de « Grands » de ce quartier avaient voulu me tendre la main quand ça n'allait pas ? Quand ils me voyaient couler ? Je ne sais pas... Mais c'était un nombre incalculable ! Combien d'entre eux j'avais envoyé balader en disant que je ne voulais pas de leur pitié ? Tout autant. Pourtant, ils n'avaient jamais eu un mot au-dessus de l'autre, ils ne s'étaient jamais énervés contre moi. Et pour cela je ne les en remercierais jamais assez. C'était des gars relativement nerveux, ils auraient pu m'envoyer sur la lune d'une simple gifle et ils étaient plus vieux que moi, je leur devais le respect mais je ne l'appliquais pas. Pourtant, avec moi, ils avaient été patient. Et puis au fil des années ils avaient fini par se lasser. Ils n'allaient pas non plus me courir après toutes leurs vies. Il n'y avait que « lui » qui n'avait pas abandonné. Mais sa réputation le précédait et je ne voulais rien avoir à faire avec lui. Je le fuyais comme la peste. Je le haïssais alors qu'il ne m'avait rien fait véritablement. Mais il dégageait trop d'assurance. Il se croyait irrésistible. Et je crois qu'il avait décrété que je serais sa cible. Pendant toutes ces années, il n'avait pas réellement essayé de me relever, il avait plutôt tenté de me draguer lourdement encore et encore, sans véritablement se soucier de si j'allais bien ou non. Ce « lui », c'est Yassine. Une espèce d'énergumène que je ne supportais pas. Juste parler de lui m'énerve. Et quand on parle du loup...
- Eh bah alors princesse, t'as décidé de sortir de ton trou pour te mêler à la foule ? Fallait m'appeler je serais venu te tenir compagnie.
J'avais tout essayé pour le faire fuir, de l'ignorance aux insultes en passant par une tentative de discussion entre adulte... Mais il n'a d'adulte que son année de naissance.
- Vas te faire foutre Yassine.
On me disait souvent qu'en lui parlant de cette façon, il finirait par s'en prendre à moi. Il avait la réputation d'être un homme dangereux, n'ayant peur de rien. Je le voyais souvent bouillonner de rage. Mais il ne faisait jamais rien. Même si je n'avais pas accepté l'aide des Grands du quartier, chacun tenait à me protéger et Yassine le savait.
- Parle meilleur Zu'. Parle meilleur. Tu vas pas assumer. Un jour, on va se croiser et on sera pas en bas de ces putains de tours et la tu vas sentir passer ta douleur...
VOUS LISEZ
Quand le cœur est mis à prix...
Roman d'amourLa vie devient difficile lorsqu'on perd quelqu'un pour qui on aurait donné sa vie. Ça l'est encore plus quand on apprend que la douleur psychologique déteint sur le physique... C'est ce qu'a cru vivre Zunaira. Fragilisée, elle a dû se battre pour s'...