Chapitre 16.

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*** DANS LA PEAU DE ZUNAIRA ***

Malgré l'amour inconditionnel que je lui porte, je ne veux pas le voir, je ne peux pas assumer son regard sur moi. Je ne supporte pas le mensonge. Son comportement ne lui ressemble pas d'ailleurs. J'aimerais comprendre pourquoi il ne m'a pas dit la vérité. Est-il réellement coupable ? Quel a réellement été son rôle dans cette histoire ? Je ne sais pas quoi penser, je ne sais plus sur quel pied danser avec lui. Je me voyais faire ma vie avec lui mais qui me dit qu'il ne me cache pas plus de chose ? Il a trahi ma confiance, comment ne pas être sûr qu'il recommencera ? Les doutes m'assaillent. J'ai peur de ce qui adviendra par la suite... Est-ce qu'il saurait prendre soin de moi ? J'ai cru en lui et il n'a pas su me le rendre. Je lui ai laissé sa chance, il n'a pas su la saisir. Je ne pourrais pas réitérer cet « exploit ». Je lui ai confié mon cœur, je lui ai confié mon amour, je lui ai confié ma vie mais il n'a pas su être à la hauteur...

Je l'aime à en mourir mais je suis pleine de doute. Dois-je écouter mon cœur ? Ou suivre ma raison ? Mon cœur est mis à prix...

J'enchaine les fausses joies et les déceptions... C'est comme si je n'avais pas le droit au bonheur... C'est comme si la chance me fuyait comme la peste. Je n'ai pas de chance, je n'en ai jamais eu et je n'en aurais certainement jamais. Je ne me suis jamais plaint de cette situation mais aujourd'hui c'est comme si tout s'acharnait contre moi... El Hamdoulillah, je suis guérie de ma maladie, mais qu'est ce qui me dit qu'elle ne reviendra pas ? Elle s'est peut-être tout simplement cachée pour mieux me détruire par la suite ! Nul ne peut réellement le savoir. Et puis, ma guérison a été trop subite, je me méfie. Pour la première fois, je me surprends à avoir peur de cette maladie.

J'avais décidé de tirer un trait définitif sur Azzam en le virant de ma chambre lorsqu'il était venu me voir après l'annonce de ma guérison. Au fond de moi je voulais lui pardonner mais il était encore trop tôt pour que j'y parvienne. La blessure était trop fraiche, l'entaille trop profonde, la trahison trop violente. Je ne suis pas rancunière et je savais que je finirais par lui pardonner, cependant, je ne savais pas si notre relation resterait la même.

*****

Cela fait une semaine que je suis sortie de l'hôpital, une semaine que je n'ai pas vu Azzam. Une semaine que je ne lui ai pas parlé. Le manque se fait ressentir. Mais je ne dis rien. Je tente de ne rien montrer, c'est plus difficile que ce que je pensais. Je crois que la rupture a été trop brutale mais je ne ferais pas le premier pas vers lui. Je ne peux pas. Et puis, s'il tenait réellement à moi il serait venu me voir, me parler, il aurait au moins tenté de m'appeler, de m'envoyer un message. Mais rien. Lui aussi, il a disparu. Il n'a pas cherché après moi, il n'a pas cherché à avoir de mes nouvelles alors qu'il avait tissé un certain lien avec ma mère durant mon coma. Elle m'avait raconté les heures qu'elle avait passé à discuter avec lui. Elle l'appréciait et j'en étais heureuse. Plus ou moins. Lui, il ne s'en souciait pas.

Thaqib quant à lui, continuait à venir me voir chez moi. Ma mère l'avait toujours appréciée. Elle était, pour Bayinah et lui, comme une seconde mère, tout comme leur mère était pour mon frère et moi une seconde mère aussi.

*****

Mon frère, il m'a déçu. Plus d'une fois malheureusement. On s'ignorait totalement l'un l'autre. Il avait détruit et brisé les rêves de Bayinah quelques années auparavant. Entre-autre.

Quand nous étions plus jeunes, Thaqib, Bayinah, mon frère Islam et moi-même, étions soudé. Islam et Thaqib étaient inséparables, Bayinah et moi de même. Et puis, en grandissant, chacune est tombée amoureuse du frère de l'autre. Quand l'innocence disparait, les sentiments apparaissent... Malheureusement, mon frère changeait. Il entrait dans l'adolescence, il parlait mal, répondait à nos parents... Un jour je l'avais surpris en train de fumer, il m'avait défiguré. C'était la première fois qu'il levait la main sur moi et malheureusement ce n'était pas la dernière. Pourtant, Bayinah restait aveuglée par ses sentiments et rêvait d'amour à ses côtés. Je voyais en lui un monstre alors qu'elle lui trouvait presque toutes les excuses du monde ! J'étais accablée par l'amour qu'elle lui portait mais je me mettais à sa place et je savais que dans le cas contraire, mes sentiments pour son frère ne m'auraient pas non plus permis de prendre du recul.

Quand le cœur est mis à prix...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant