Chapitre 11.

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***DANS LA PEAU D'AZZAM***

Ce matin je me réveille doucement mais sûrement... Je me décide d'aller rejoindre ma femme à l'hôpital, lui rendre une petite visite... Elle a besoin de moi ma princesse. Je n'aurais jamais imaginé parler comme ça d'une femme, mais elle, c'est Zunaïra. C'est une perle, un diamant brut, c'est la femme que tout homme rêve de posséder. C'est la pureté incarnée... Elle est douce comme une rose sans aucune épine, elle est fragile comme de la porcelaine, on dirait un enfant qui découvre la vie... Depuis que je la connais, je l'ai vue s'émerveiller de tout... Oui, cette femme, ce trésor, je l'aime. Cette femme c'est MA femme. Hier en allant lui rendre visite, j'ai croisé une personne que je n'aurais jamais souhaité revoir. Ce n'est pas que j'ai de la haine envers lui, c'est plutôt lui qui en a pour moi. Mais je culpabilise et je sais que sa haine est fondée... Je m'en veux tellement de ne pas avoir réagi à l'époque... Mais j'étais encore qu'un gamin... Mon frère faisait 3 têtes de plus que moi et j'avais peur de lui...

J'ai un grand frère, il était marié à une femme, une perle elle aussi... Elle était totalement dévouée à sa famille. Elle ne vivait que pour mon frère et leur fils. Mais quand mon frère a perdu son travail, il a par la même occasion perdu les pédales et il s'est mis d'abord aux jeux d'argent puis à boire et enfin à frapper sa femme. Un jour je voulais aller leur rendre visite et j'ai entendu ce qu'il se passait je suis entré dans leur appartement comme un fou mais quand mon frère m'a vu, il s'en est pris à moi, je n'ai pas réussi à me défendre, il était le triple de moi : trois fois ma taille, trois fois mon poids. A la fin il m'avait dit "Frère ou pas frère si tu ouvres ta bouche et que tu dis quoi que ce soit, je te tue. Au sens propre." Et puis, il a fini par tuer sa femme un soir, elle est tombée dans les escaliers et elle est morte sur le coup. Mon frère avait pris la fuite. Une fois à l'hôpital, les médecins nous avaient appris qu'elle était battue. Personne ne savait. Sauf moi. Et j'ai décidé de l'avouer. Ma propre mère était déçue. Elle ne voulait plus entendre parler de moi. C'est vrai que ma mère aimait énormément Soundouss, mais jamais personne n'avait cherché à comprendre le pourquoi du comment...

*****

Ce matin, je vais retourner voir ma femme. J'ai dû partir de chez moi jeune, mais j'ai su rebondir, trouver un vrai métier pour éviter d'augmenter la déception de mes parents. Je ne voulais pas finir en prison, ce n'est pas une vie ça... La cavale, la prison, la mort... Tout ça ce n'est pas pour moi. J'avais dit a Zunaïra que j'étais seul, que j'étais abandonné et ce n'est pas totalement faux puisque plus personne ne veut me voir. Mais je sais que si elle apprenait la vérité elle tomberait de haut... Je viens d'arriver à l'hôpital, j'entre dans sa chambre et je vois Bayinah. C'est la petite sœur de Soundouss. Je me demande comment Zu' connait cette famille... Dès qu'elle me voit elle me reconnait tout de suite son visage se décompose. Elle raconte toute l'histoire a Zunaïra... Je ne voulais pas qu'elle apprenne la vérité comme ça. Et encore moins sur un lit d'hôpital, mais c'est ainsi qu'est fait le destin...

J'ai l'impression que son cœur commence à lâcher et c'est moi qui panique. Putain c'est entièrement ma faute. Si elle meurt je ne m'en remettrais jamais. Si elle quitte ce monde, je la suivrais c'est certain. Il me reste plus qu'elle ! Ma famille m'a abandonné... Mon avenir c'est elle. Elle est ma bouée, son seul repère, mon seul soutien... J'ai tant besoin d'elle... Elle ne peut pas m'abandonner... Pas maintenant... Pas si tôt...

Je la vois convulser, je la vois partir... Je ne sais pas quoi faire, je ne peux plus bouger. Je suis totalement paralysé. Je vois Bayinah totalement paniquée. Je ne sais pas comment lui dire de se calmer, je n'ai pas la force de l'éloigner. Je suis sous le choc. Je crois que j'ai peur. Je vois tous les moments passés avec elle défiler devant mes yeux. Ce n'est pas possible elle ne peut pas me laisser en plan comme ça. Je l'aime trop et elle aussi, je suis sûr qu'elle m'aime... Elle ne peut pas m'abandonner à son tour. La scène qui se déroule devant mes yeux passe au ralenti. Des médecins et des infirmières me bousculent. Moi je reste face à ce lit, les bras ballants. C'est ma faute. Une fois de plus. Je ne pourrais jamais vivre avec deux morts sur la conscience. D'abord le décès de ma belle-sœur, maintenant le décès de la femme de ma vie. Je comprends enfin ce que ressentais Zu' après la mort de sa cousine. J'ai l'impression d'être comme elle, dans le même état qu'elle quand on s'est rencontré... J'ai tellement peur pour elle... J'ai peur de la perdre. Un infirmier me demande de sortir de la pièce. Bayinah est toujours là, mais je ne l'entends plus. Je la vois gesticuler, ses larmes coulent et ses cris ont l'air de redoubler. Mais moi, je n'entends plus rien. Je me sens comme dans une autre dimension. Comme si toute cette histoire n'était qu'un mauvais rêve. Alors que ça n'a rien à voir. C'est bel et bien réel.

Quand le cœur est mis à prix...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant