Source : Histoire de Sindbad de la mer
Environ deux heures avant l'aube, Sheherazade fut tiré de son sommeil par une main posée sur son épaule. Il se demanda un instant où il se trouvait et qui était le très bel homme penché sur lui, puis il se souvint et rougit vivement en comprenant qu'il avait dormi si profondément que le sultan avait dû le réveiller.
- Veuillez me pardonner, Votre Majesté, bafouilla-t-il. Je ne voulais pas vous manquer de respect en m'endormant si cavalièrement.
- Il n'y a rien à pardonner, rétorqua Schahriar. Après tout, nous sommes mariés, bien que cela paraisse très étonnant. Ce lit est aussi le vôtre et je vous ai fait parler jusque tard. Cependant, l'aube approche et avec elle la fatale conclusion de cette aventure. Aussi, avant que le soleil ne signe votre arrêt de mort, je voudrais connaître l'histoire dont vous me parliez hier au soir.
- Bien entendu, Sire. Laissez-moivous raconter l'histoire de Sindbad leMarin, qui vous prouvera, je l'espère, qu'il est tout à fait possible que l'amour vienne à bout de toutes les épreuves que vous puissiez imaginer.
A peine effrayé par la mention de son exécution à venir, le jeune conteur s'assit plus confortablement, rassembla ses pensées, et commença son récit avec ce ton merveilleux qui charmait tout à fait le sultan. Sa tresse défaite luiombrageait le visage, déconcertant un peu Schahriar qui avait étonnamment enviede replacer les mèches emmêlées et qui finit par s'asseoir sur ses mains pour s'enempêcher.
- Il était une fois, commença Sheherazade, dans la capitale de l'Île d'Albahr, un homme qui s'appelait Sindbad et que tout le monde surnommait "le Marin" car il avait vécu de très nombreuses aventures en mer. Malgré sa vie mouvementée, il était encore loin de la vieillesse et il était sans aucun doute l'homme le plus riche de la ville alors même qu'il ne semblait n'avoir traversé que quatre décennies. Tout le monde le connaissait, tant pour son extrême richesse que pour sa générosité sans pareille et les vastes connaissances dont il disposait, dans des domaines très variés. Il était aussi très apprécié et les gens venaient de loin pour avoir l'honneur de le rencontrer et échanger quelques mots avec lui, obtenir quelques miettes de ses richesses ou de ses connaissances dont il n'était pas avare.
Cet homme avait tout pour être le plus heureux mortel que l'on puisse voir, et pourtant il ne l'était pas. Derrière ses sourires et sa bonté se cachait un grand chagrin dont tous ignoraient la présence et la cause. Comment un homme tel que lui aurait-il pu être malheureux ? Personne ne l'imaginait et il était donc seul avec sa peine, jour après jour.
Dans cette grande ville arriva un jour un homme quiparaissait être d'une extrême pauvreté. Il avait sans doute un nom mais tout le monde dans ce pays-là le désignait comme étant "le Voyageur" parce qu'il avait marché longtemps, très longtemps, avant d'arriver dans cette capitale. Il avait traversé tous les royaumes que l'on connaissait, et même d'autres dont on ignorait l'existence. Sous les habits usés etpoussiéreux, au lieu d'un vieillard se cachait pourtant un homme plutôt jeune, du même âge semblait-il que Sindbad. Mais le Voyageur paraissait aussi démuni que le Marin était riche. Ce jour-là, épuisé par sa longue marche, il s'assit au pied du mur qui bordait les jardins de Sindbad le Marin. Il y avait là une flaque d'ombre qui l'abritait du soleil de plomb et il put y reposer ses pieds en profitant du chant mélodieux des oiseaux et du frémissement d'une fontaine. Une douce odeur de rose lui parvint, ravivant de précieux souvenirs, et le Voyageur s'accorda un instant à rêver.
Les yeux fermés sous son large turban, il oublia un instant les jours, les semaines et les mois passés à voyager, emplissant ses sens du doux parfum de rose et du son de cithare qu'il entendait depuis le palais de Sindbad le Marin. Il n'entendit pas l'homme qui s'approchait de lui et sursauta lorsqu'une main se posa sur son épaule. Un esclave se tenait devant lui et s'inclina.
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Contes des Mille et Une Nuits [BxB]
Lãng mạnIMPORTANT : Il s'agit d'une RÉECRITURE d'une sélection des célèbres contes arabo-persans, dans laquelle Sheherazade est un HOMME. Je précise, parce que le résumé n'est peut-être pas assez clair, et j'en ai assez des commentaires outrés de personnes...