Il y avait autrefois, dans l'archipel Abn Almuhit, un roi qui était le plus excellent prince de son temps, aimé de ses sujets et en paix avec ses voisins. Ce souverain avait deux fils qu'il aimait autant l'un que l'autre, Schahriar et Schahzenan. Lorsque ce roi mourut, Schahriar, qui était l'aîné, monta sur le trône et, comme il aimait son frère plus que toute autre personne dans le monde, il lui donna la moitié de son empire afin qu'ils puissent régner ensemble. Ainsi, le vaste royaume de Shams-Alsahra devintles sultanats de Shams, gouverné par Schahriar et d'Alsahra, où régnaitSchahzenan.
Dans l'année, les deux jeunes rois se marièrent chacun avec une princesse de très noble lignée, toutes deux célèbres pourleur beauté, et ils gouvernèrent dans la paix et l'abondance. Deux années passèrent ainsi, paisiblement. Un jour, cependant, Schahriar souhaita revoir son frère car il y avait bien longtemps qu'ils n'avaient eu la joie de passer quelques jours ensemble. Il envoya donc une ambassade magnifique à la cour de Schahzenan afin de le prier de venir le visiter en son propre palais. L'ambassadeur qu'il choisit pour cela était son vizir, l'homme qui avait déjà servi leur père avant eux et qui était aussi cher aux deux rois que s'il avait été leur oncle. Le fidèle vizir partit donc en grand train, escorté de milles cadeaux merveilleux envoyés par Schahriar à son frère bien-aimé. Celui-ci en fut très touché et il reçut l'ambassade avec joie.
- Sage vizir, dit-il, le sultan mon frère me fait trop d'honneur et il ne pouvait rien me proposer qui me fût plus agréable. Il ne me faudra que quelques jours pour me mettre en état de partir avec vous !
Il fit immédiatement préparer son voyage pour aller visiter son frère, il régla les affaires les plus pressantes, établit un conseil pour gouverner son royaume pendant son absence avec à sa tête son vizir qui lui était tout à fait fidèle. Au bout de dix jours, ses équipages étaient prêts et il fit ses adieux à son épouse. Puis il se rendit avec son escorte auprès de l'ambassadeur de son frère pour lui signifier qu'il était prêt à partir. Cependant, prit de tendresse, il voulut une dernière fois saluer sa reine.
- Permettez-moi de l'embrasser encore une fois avant de partir, dit-il au vizir. Car elle m'est très chère et sa présence à mes côtés me manquera durant ce long voyage.
Il s'en retourna donc seul dans son palais et alla droit à l'appartement de son épouse. Cette dernière, ne s'attendant pas à déjà le revoir, avait reçu son amant et se trouvait endormie avec lui. Le roi entra sans bruit, se faisant un plaisir de surprendre son épouse dont il se croyait tendrement aimé, et son coeur se brisa sous la douloureuse surprise de découvrir qu'elle le trompait si impunément. Fou de rage et de chagrin, il céda à son malheur, tira son sabre et d'un seul coup fit passer les coupables du sommeil à la mort. Puis il s'enfuit de cette funeste chambre pour regagner l'ambassade et presser tout le monde de quitter au plus vite cette ville dont la seule vue augmentait son désespoir.
***
Son chagrin ne le quitta pas du voyage, malgré le soin que son équipage eut à le divertir, et seule la vue de son frère bien-aimé parvint à lui rendre un semblant de sourire lorsqu'ils mirent tous les deux pied à terre pour se jeter dans les bras l'un de l'autre. Puis, remontant à cheval, ils entrèrent dans la capitale en chevauchant botte à botte sous les acclamations de la foule. Schahriar ne quitta son frère que pour lui laisse le loisir d'entrer au bain et de changer d'habits, mais sitôt que Schahzenan en fut sortit, il vint le retrouver. Ensemble ils s'assirent sur un sofa et le sultan demanda à ce qu'on les laisse seuls. Ainsi ils commencèrent à s'entretenir de tout ce que deux frères, encore plus unis par l'amitié que par le sang, ont à se dire après une si longue séparation. A l'heure du souper, ils dînèrent de bonne compagnie et reprirent leur entretien après le repas jusqu'à ce que Schahriar remarque que son frère était épuisé. Alors il se retira pour le laisser se reposer sur la promesse de se retrouver dès le lendemain matin.
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Contes des Mille et Une Nuits [BxB]
Roman d'amourIMPORTANT : Il s'agit d'une RÉECRITURE d'une sélection des célèbres contes arabo-persans, dans laquelle Sheherazade est un HOMME. Je précise, parce que le résumé n'est peut-être pas assez clair, et j'en ai assez des commentaires outrés de personnes...