Fiction OrelxGringe - Le médaillon.

Le naufrage.

Guillaume se réveilla de nouveau quelques instants plus tard. Ou peut-être des heures s'étaient-elles écoulées ? Il n'en savait rien, il avait perdu la notion du temps. Il sentit quelque chose, comme un tissu, enserrer sa taille et en baissant les yeux il s'aperçut en effet que celle-ci était bandée. Il se redressa en étouffant un grognement de douleur et son dos trouva appuie contre un mur inconfortable. Il cligna plusieurs fois des yeux, comme pour sortir tout à fait du sommeil et se rassurer sur le fait qu'il était bel et bien réveillé, avant de faire un tour d'horizon de la pièce dans laquelle il se trouvait. Celle-ci était d'apparence plutôt modeste, pas si différente de celles qu'il avait toujours connues dans sa vie, et il se demanda comment il avait pu atterrir ici. Il ferma les yeux, dans l'espoir de se rappeler ce qu'il s'était passé et de comprendre où c'est qu'il pouvait bien se trouver. Il vit en une seconde sous ses paupières closes la mer déchaînée sur laquelle naviguait le bateau sur lequel il était. Il entendit les cris qui lui avaient vriller le cerveau un peu plus tôt, le bruit du tonnerre et la lumière des éclairs qui l'avaient terrifié, jusqu'au point qu'il en était devenu impuissant contre la tempête qui faisait rage. Il se rappela les appels à l'aide des personnes à ses côtés qui tombaient par-dessus bord et la peur qui l'avait paralysé sur le pont. Jusqu'à ce qu'il entende un craquement sinistre et qu'il aperçoive le mât du bateau chuter dans sa direction, le forçant à réagir et à sauter sur le côté. Apparemment, il n'avait pas réussit à lui échapper, si l'on en croyait le sang qui semblait traverser son flanc bandé, ainsi que la trop grande douleur dans tout son corps. Et puis, prit d'une réalisation soudaine, il porta une main à son cou. Celui-ci était désespéramment nu. Sa médaille, celle qui faisait officiellement de lui un membre de la confrérie des pirates, avait disparue.

***

« Où est-elle ? »

Il avait posé cette question à la seconde même où la porte de la pièce s'était ouverte. Le vieil homme qui était entré se tourna vers lui, un air grandement surpris sur la figure.

« Oh, vous êtes réveillé ? » dit seulement le vieil homme, lui adressant alors un fin sourire.

Guillaume le regarda s'approcher de lui d'un œil méfiant et resserra son bras par-dessus le bandage soigneusement fait par-dessus son ventre, en se redressant encore plus sur le lit d'appoint.

« Où est-elle ? répéta-t-il, serrant la mâchoire pour se retenir de grogner de douleur.

- Qui ça ? demanda simplement le vieil homme qui enleva son chapeau usé par la mer.

- Ne vous moquez pas de moi, vous savez très bien de quoi je veux parler.

- Je n'en ai pas la moindre idée, rit doucement le vieil homme en approchant une chaise de lui et en s'asseyant dessus. Donc si tu veux que je t'aide, il va falloir m'expliquer un peu mieux mon garçon. »

Guillaume serra la mâchoire à nouveau, se demandant si cet homme se moquait de lui ou s'il ne savait vraiment pas de quoi il parlait. Après tout, s'il était au courant, il ne paraîtrait pas si paisible, non ? S'il avait vu sa médaille, il aurait comprit qu'il était un pirate. Il aurait prévenu le royaume et Guillaume serait probablement sur le chemin pour se faire exécuter. Et cet homme, il n'avait pas l'air de lui vouloir du mal.

« Ma médaille...? tenta-t-il, en se forçant à se calmer. Vous n'avez pas vu ma médaille ?

- Une médaille...? répéta le vieil homme en passant une main dans sa barbe blanche. Non, je ne l'ai pas vu. Peut-être que... la personne qui vous a trouvé... dit-il en hésitant, paraissant réfléchir, peut-être que c'est elle qui l'a gardé ? Ou peut-être que la mer l'a emportée ?

- Attendez, l'interrompit Guillaume, en fronçant les sourcils. Ce n'est pas vous qui m'avez trouvé sur la plage ?

- Ah non... dit le vieil homme en souriant. Cette personne... m'a seulement chargé de prendre soin de vous. Elle vous a soigné ici et m'a littéralement supplié de veiller sur vous à sa place. »

Guillaume dévisagea d'un air confus le vieil homme. Pourquoi parlait-il d'une personne au lieu de lui dire de qui il s'agissait ? Son nom ? Est-ce que son identité était un secret ?

« De qui s'agit-il ? demanda-t-il, curieux.

- Ah ça...! sourit le vieillard. Je ne peux pas vous le dire.

- Je dois remercier cette personne. Je lui dois ma vie, dit Guillaume. Et peut-être, a-t-elle ma médaille. Je dois la récupérer. C'est un objet très important à mon cœur. »

Et qui pourrait m'amener droit à la mort si certaines personnes haut placées la trouvait, pensa-t-il en son fort intérieur.

« Tout ce que je peux vous dire, sourit le vieux pécheur, c'est que c'est une personne très douce. Et très délicate. Il n'y a qu'à voir comment elle vous a soigné... et bandé pour arrêter votre sang de couler. Je ne la pensais pas comme ça...

- Qui est-ce ?

- Je suis désolé, soupira le vieillard. Je ne pense pas que vous pourriez la revoir un jour. Elle habite... dans les hautes sphères...

- Qu'est-ce que c'est censé dire, ça ? souffla Guillaume qui commençait à être à bout.

- C'est une personne de sang noble.

- Est-ce qu'elle habite au château ? » demanda Guillaume, qui n'était pas sûr de vouloir savoir la réponse.

Le vieillard posa son index sur ses lèvres et haussa les épaules.

« Je n'ai rien dit.

- C'est une... princesse ? tenta Guillaume.

- Peut-être bien. » rit l'autre homme.

Guillaume soupira et leva les yeux au ciel. Super, il détestait les princesses. Mais s'il voulait revoir sa chaîne et être sûr que la princesse s'était tut par rapport à son identité, il devait y aller. Et puis, une pointe de curiosité lui chatouillait l'estomac en repensant à sa silhouette floue penchée au-dessus de lui.