Une lettre d'adieu

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Au moment où je vous écris, à vous destinataires de cette lettre, je suis sur le toit de mon collège. Sachez avant tout qu'à ce moment précis, je suis heureux. Je n'ose même pas imaginer l'état psychologique des personnes aillant retrouvé mon corps sans vie. Veuillez accepter mes plus sincères excuses. Avant de justifier mon acte, je tenais à présenter mes excuses à ma mère. Tu devais vraiment être dévasté quand tu as appris la nouvelle. Tu ne dois plus sortir, plus te nourrir et même dormir. S'il te plaît, ne m'en veux pas. Je comprends que cela est dure pour toi, mais continue à vivre, pour nous deux, pour toi.
Je ne t'ai rien dit, pour ne pas t'accabler avec mes problèmes personnels, tu étais déjà assez acculée de soucis comme cela. Quand tu sauras le nom du deuxième destinataire, s'il te plaît, ne lui en veux pas.

La raison de mon acte est peut-être puéril maintenant, et j'aurais dû y réfléchir plus mûrement au lieu de me poignarder le ventre pour ensuite me jeter du haut de ce toit sur laquelle je suis assis une dernière fois. Mais c'est ainsi.

Katchan... Je veux dire Katsuki, je suis navré. Sincèrement. Nous nous connaissions depuis notre plus tendre enfance. Nous avons passé notre début de vie ensemble, mais aujourd'hui, tu devras vivre la fin sans moi.
Notre relation s'est désagrégé depuis l'annonce de mon état de santé. Je n'avais pas d'alter aussi génial que le tien, car je n'avais tout bonnement pas d'alter. J'étais ainsi devenu aux yeux du monde, Deku le sans-alter. Deku... Tu m'avais donné ce surnom pour l'humilier. Malheureusement pour moi, ce n'était que le début d'un long calvaire. Tu as continué à me rabaisser verbalement, puis au collège, c'est physiquement que tu me rabaissais. Au début ce n'était qu'un coup de poing dans le ventre, ou même un croche pied quand tu passais devant moi. Ce n'était rien, facilement dissimulable aux yeux des autres. Comme tu t'étais fait de nombreuses amis, la situation a empiré. Tu me frappais sur chaque partie de mon corps, me couvrant ainsi de divers bleus et égratignures. Cela devait de plus en plus difficile de cacher ce que je vivais aux yeux du monde extérieur. Je justifiais mes blessures par des excuses de moins en moins plausibles,«ce n'est rien, je suis tombé»,«c'est pendant le cours de sport, cela arrive». La peur d'aller au collège est apparue, mais je n'avais guère le choix, je devais garder la tête haute. Que voulais tu que je fasse ? Que je dise ce que tu me faisais subir ? Hélas, j'en étais incapable. Je ne voulais pas te porter préjudice, je tenais beaucoup trop à toi malgré tes coups et tes insultes. C'est étrange, non ? Porter de l'affection pour son bourreau. Je ne devrai pas, mais pourtant c'était le cas. Puisque j'étais différent parce que je n'avais pas d'individualité, autant être différent jusqu'au bout, non ?
Alors, oui, Katchan, je t'aimais. Je t'aimais d'un amour des plus sincères, crois moi. Tu avais beau me porter plusieurs coups, chaque jour, je t'aimais. Te voir chaque jour sourire, me rendais heureux. Te voir vivre ta vie comme tu le souhaites, me faisais  me sentir épanouis. Rien que le fait de la vue de ton visage, qu'importe l'expression, me remplissait d'amour pour toi.
Tu dois trouver cela écoeurant, qu'un Deku comme moi, puisse être tombé amoureux d'un garçon comme toi. Je ne l'ai pas choisi. C'est tombé sur moi, comme une goutte de pluie éclatant sur un rocher.
Je n'avais pas vraiment réfléchis à mon orientation, mais je pense que j'aimais les filles. C'est assez contradictoire, compte tenu que je t'aime toi, un garçon. C'est hélas la vérité.

Je ne vais pas épiloguer sur mes sentiments pour toi, ce serait inutile et ennuyant.

Maman, pardonne moi de t'avoir quitté brutalement, avec un simple «à ce soir» donné le matin de mon départ. Maman, même si je ne suis plus là, s'il te plaît, n'en veux pas à Katchan, je t'en supplie. Ce sera difficile, mais ne lui en veux pas.

Katchan, veux tu bien accepter mes excuses pour t'avoir encombré toutes ses années ? Peut-être trouveras tu cela arrogant de ma part, mais jamais je ne t'en ai voulu de m'avoir persécuté. Jamais je ne t'en voudrais. Comment le pourrais je ?
Pardonne mon arrogance encore une fois, mais si tu venais à t'en vouloir, à ressentir de la culpabilité, efface ces sentiments immédiatement. Je refuse de te savoir ainsi. Sois le Katsuki que tout le monde connais, fier et fort. Un vrai héro.
J'ai commis cette acte par épuisement physique et émotionnel. Je ne pouvais plus continuer. J'étais vidé de toute envie de vivre. Pardon.
Il est temps pour moi de partir malgré mes maigres explications.

Je t'aime maman.

Je t'aime Katchan.





Midoriya Izuku.

Recueil D'OS Katsudeku.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant